Concise – La Municipalité devra revoir sa copie pour permettre au groupe Marti d’excaver de la roche sur les flancs du Mont-Aubert. Car l’organe délibérant n’a accepté qu’une partie du projet, lundi.
Le débat devait être simple, pour Patrick Jaggi, syndic de Concise: «Il y a l’option A, où on initie le projet de carrière sur le Mont-Aubert qui va durer encore cinq, huit ou dix ans avant d’aboutir. Et l’option B, où on l’arrête là, et il y aura un passage obligé par une hausse du point d’impôt dans trois, cinq ou dix ans.»
Pourtant, le Conseil communal, lui, a vu une option C. Lundi dernier, il a dit «oui», à 17 voix contre 12 et 1 abstention, à la création d’une servitude en faveur du groupe Marti, potentiel futur exploitant du site. Mais il a refusé, avec 16 «non» et 14 «oui», d’autoriser l’Exécutif à signer une convention visant à cadrer ce projet. «Moi, les variantes je ne sais pas faire. Je suis arrivé à mes limites, je vais demander à la commission de gestion de m’expliquer en quoi cette convention ne vous va pas, car il faut être honnête, moi tout seul, je ne sais plus que faire», a répondu l’édile.
Il faut dire que cela fait depuis 2010 que la Municipalité de Concise planche sur cette possibilité et près de trois ans que Patrick Jaggi négocie avec le promoteur pour trouver la meilleure solution pour son village. «Cela fait cinq ans que je suis municipal des finances et cela fait cinq ans que je vois nos dettes s’accumuler, a-t-il confié. Ce projet, c’est un moyen d’éviter de compenser par une hausse du point d’impôt.»
Entre pérennité et sérénité
L’Exécutif n’a d’ailleurs jamais caché le but de la création de cette carrière: «Il n’y pas d’autre enjeu que l’axe économique», a-t-il noté noir sur blanc dans son préavis. En autorisant le groupe Marti à excaver quelque six millions de mètres cubes de roche sur une surface de 23 hectares et échelonné sur une durée de trente ans, la Commune pourrait ainsi encaisser entre 300 000 et 600 0000 francs par an, soit 13,5 millions de francs en moyenne.
Mais durant les débats, l’argument pécuniaire n’a pas semblé convaincre tous les conseillers communaux. «On parle de pérennité financière, mais il ne faut pas oublier le terme sérénité», a rétorqué David Romero. «L’option A, c’est plutôt de se livrer pieds et poings liés à une entreprise qui ne répond pas à nos questions», a commenté Sonia Bühler-Zeltner. En effet, une commission ad hoc a étudié le projet tout en relevant plusieurs interrogations laissées en suspens. Elle s’inquiétait notamment du type d’explosif qui serait employé, du risque de voir des résidus arriver dans le lac et de l’éventualité de devoir payer des indemnités pour tort moral aux communes voisines. «Toutes vos questions sont légitimes, mais personne ne pourra y répondre aujourd’hui, car c’est seulement l’étude qui permettra d’avoir ces informations. Mais on n’en est pas là. Il y a juste une pré-étude qui a été lancée par le groupe Marti pour savoir si le projet était viable», a expliqué le syndic. Avant d’affirmer: «Il n’y a aucune base légale sur laquelle les communes voisines pourraient nous demander des royalties ou des compensations.»
«C’est un sujet très émotionnel car moi, je vois trois générations qui vont subir cette déforestation et ceci non pas sur trente ans mais sur cent, parce que c’est le temps qu’il faudra pour reboiser le site», a réagi la conseillère communale Raymonde Delacrétaz Perrin. Et le municipal des Forêts Pierre Marro de répondre: «Sur les 400 hectares de forêts que compte la Commune, 20 seront impactés par la carrière. Un chiffre qu’il faudra encore couper en cinq tranches car tout ne sera pas exploité en même temps. Et chaque partie sera reboisée avec des essences qui supportent mieux le réchauffement climatique. Tout n’est pas négatif.»
Quoiqu’il en soit, l’Exécutif devra revoir sa copie s’il entend maintenir son projet de carrière sur le Mont-Aubert.