Jeux olympiques de la Jeunesse : un tremplin pour la vallée de Joux
1 novembre 2017Edition N°2114
Lausanne 2020 – La Vallée recevra les épreuves de ski de fond. Mais le projet combier va au-delà et prévoit, dans sa version ambitieuse, des élançoirs pour le saut à ski. Les prochains mois seront cruciaux.
Les premiers flocons sont tombés en altitude, la saison des sports d’hiver vient de commencer ou va s’ouvrir dans les semaines à venir. Un événement cristallise toute l’attention : en février, le monde aura les yeux rivés sur la Corée du Sud et les Jeux olympiques de PyeongChang. Le grand moment de l’hiver. Et, pendant ce temps-là, dans le canton de Vaud, on prépare d’autres Jeux, ceux de Lausanne 2020, ceux de la Jeunesse.
A deux ans et deux mois de l’échéance, à la vallée de Joux, où se dérouleront les épreuves de ski de fond, les organisateurs locaux retroussent leurs manches. «Le comité central se trouve à Lausanne, mais c’est aussi aux sites d’accueil des compétitions de s’approprier un peu les Jeux, affirme Dominique Rochat, responsable du secteur combier des JOJ. On approche de mois cruciaux pour notre projet. D’ici la fin du printemps, on saura ce qu’on va pouvoir réaliser en ce qui concerne les infrastructures.»
Le coordinateur et son équipe -il est entouré de quatre responsables, en charge des domaines des transports, des événements, des compétitions et de la sécurité- ont imaginé un projet ambitieux, splendide, aux Grandes-Roches. Un projet sur le long terme, «qui doit rester» comme héritage, avec un centre nordique et, si tout va au bout, des tremplins de saut à ski (lire ci-dessous).
Dans le respect de la nature
«On propose quelque chose de cohérent, pour tous les Combiers, dans le respect de la nature, et à l’échelle de la vallée de Joux», martèle Dominique Rochat, qui croit à son bébé : «Je vois la Municipalité du Chenit une fois par semaine. Les élus s’investissent beaucoup, ils sont à fond derrière nous.» L’homme, par ailleurs informaticien et président du Ski-Club Vallée de Joux, a été engagé à 20% par la Commune pour faire des JOJ 2020 un événement inoubliable à la Vallée.
«On peut arriver à tout faire. Je suis optimiste, même s’il y a encore beaucoup d’incertitudes, d’écueils à passer», poursuit Dominique Rochat. Le plan partiel d’affectation est entre les mains du Canton. La mise à l’enquête devrait intervenir en début d’année 2018. Puis, si tout va bien, ce sera au Conseil communal du Chenit de statuer sur le dossier au printemps. Les travaux, eux, pourraient commencer l’été prochain, selon le planning idéal.
Dans tous les cas, le temps est compté. Il va falloir aller vite et convaincre. Le coût du projet dans son ensemble est encore en cours d’évaluation. «L’organisation des JOJ prend en charge l’aspect compétitions. La Commune devra investir dans la partie infrastructures, et on aura besoin du soutien du Canton. Pour les événements, il faudra trouver des fonds», détaille Dominique Rochat.
Le montant total dépendra de la dimension du projet arrêté. Celui, ambitieux, qui restera ou, à défaut, celui qui disparaîtra après les Jeux. Mais ce serait trop bête…
Infrastructures
Un centre nordique comme héritage pour les Combiers et d’autres enjeux
«On n’investirait pas autant de temps s’il ne restait rien après les Jeux, lance Dominique Rochat. On veut qu’il demeure quelque chose pour les Combiers.» C’est avec cette idée en tête que les organisateurs des JOJ à la Vallée ont étudié les besoins pour le futur du sport nordique dans la région et ont adapté leur projet aux Jeux. Et non l’inverse.
Il faudra, au moins, ériger un bâtiment -un centre nordique- avec des locaux, des vestiaires et une salle de pique-nique qui puissent servir à l’avenir, tant pour le sport populaire que pour la formation. Par ailleurs, de nouvelles pistes homologuées, en partie éclairées, sont en cours de préparation sur une boucle de 5 km, divisible, ainsi qu’une piste destinée au ski-roues.
Si le site des Grandes-Roches a été désigné, c’est que les conditions y sont idéales. Les organisateurs prévoient tout de même un enneigement mécanique -avec des canons démontables en été pour réduire l’impact sur le paysage-, ainsi que le stockage de neige (sous des copeaux) pour assurer le minimum. Un bassin de rétention est également envisagé, en hiver pour les canons, en été pour le bétail. «On travaille avec les propriétaires des terrains. Le but est de pérenniser un projet pour l’ensemble, et pas uniquement pour les JOJ.»
L’avenir du saut à ski
Et puis, il y a le projet de réalisation de trois tremplins, de 10, 30 et 50 mètres, utilisables été comme hiver et adaptés aux besoins identifiés. «L’idée est de créer un centre de performance pour les sauteurs, les fondeurs et le combiné, qui soit complémentaire à ce qui existe déjà, souligne Dominique Rochat. Pour cela, on est en phase avec Swiss Olympic -qui a aussi soutenu les JOJ pour cela, c’est-à-dire afin de développer un héritage-, ainsi qu’avec Swiss-Ski.»
Le destin d’une discipline est en jeu : «Si on ne construit pas de tremplin, il n’y aura plus de saut à ski à moyen terme en Suisse romande», lâche, sans mettre de gants, Dominique Rochat.
Compétitions
Classiques et originales
Le site de la vallée de Joux accueillera les compétitions de ski de fond dans deux ans. «Les Jeux se dérouleront en deux vagues, une nouveauté qui permet d’augmenter le nombre de participants, sans faire grimper les nuitées et, donc, les coûts», explique Dominique Rochat. Les fondeurs seront en lice durant la deuxième semaine des JOJ (ceux-ci auront lieu du 10 au 22 janvier 2020).
Les pistes des Grandes-Roches seront le théâtre d’épreuves de sprint, de distance (5 km pour les filles, 10 km pour les garçons), de skicross (du ski de fond avec des obstacles, tels que des virages relevés, des bosses, des slaloms, mais aussi des parties traditionnelles), ainsi que d’un relais mélangeant les athlètes et les disciplines, sorte de combiné nommé «nordic mixed team», avec le saut aux Tuffes (F).
Le programme précis n’est pas encore défini. Dominique Rochat aimerait, néanmoins, pouvoir mettre sur pied une compétition le soir. A priori le sprint, qui s’y prête le mieux. «Cela pour faire participer les Combiers, et même les gens au-delà, qui pourront venir assister aux courses en-dehors des heures de travail.»
Course préolympique
Par ailleurs, les pistes et un maximum de choses devront être opérationnelles une année avant les Jeux. Une compétition préolympique est prévue du 7 au 10 mars 2019. «Ce n’est pas une exigence, mais cela nous permettra de valider nos tracés et infrastructures.» Ainsi, quelque 400 fondeurs devraient alors prendre le départ d’une manche de la Coupe des Alpes (OPA Cup) à la Vallée.
Evénements
Insuffler l’esprit olympique
Les JOJ ne devront pas se résumer qu’à quelques jours de compétition pure et dure, et rien de plus.
La préparation de divers événements devra permettre «d’insuffler l’esprit olympique à la Vallée», comme le rêvent les organisateurs : «On a contacté tout le monde, tous les milieux, afin de récolter les idées et d’en créer un catalogue, résume le coordinateur. On a commencé à en sélectionner.»
Délégation de Mongolie
Ainsi, la premier event lié aux Jeux se concrétisera dès janvier prochain, avec l’accueil d’une quinzaine de jeunes sportifs de Mongolie, qui viendront en camp d’entraînement à la vallée de Joux, avec pour projet de monter une délégation du pays pour participer aux JOJ de 2020. «Lors de leur passage dans la région, ils partageront des activités avec les écoliers combiers», précise Dominique Rochat. Par ailleurs, une exposition de photos sur la Mongolie sera programmée à la galerie L’Essor, au Sentier.
Les écoles, pour leur part, prévoient de créer une chaîne Youtube consacrée aux JOJ à la vallée de Joux. Les reportages seront réalisés par les élèves.
«On prévoit également des activités sur le site des compétitions durant l’événement, avec des ateliers, par exemple de ski de fond, pour les écoliers de la Vallée et de l’extérieur, ainsi que pour les spectateurs », ajoute le coordinateur, qui désire que la population contribue, avec des décors et autres initiatives, à créer une atmosphère : «Les visiteurs doivent sentir, en arrivant dans la région, qu’ici, on accueille les Jeux.»
Les trois tremplins envisagés suivent la courbe naturelle du relief, tandis que le bâtiment du centre nordique se situe en-dessous de la zone d’arrivée. Les pistes de ski de fond emprunteront les prés alentours. Images fournies par l’organisateur.