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«Justice doit  être faite»
© Michel Duperrex

«Justice doit être faite»

5 janvier 2022

Le procès du principal auteur du crime commis il y a trois ans dans le parc des Quatre-Marronniers, qui avait coûté la vie à un jeune Nord-Vaudois, débute aujourd’hui. Une proche de la victime témoigne.

Le souvenir de cette tragique nuit de novembre est encore là. Le 17 novembre 2018, un Nord-Vaudois de 21 ans est tué par balle, en plein cœur d’Yverdon (lire encadré). Plus de trois ans après les faits, il est toujours difficile d’en parler pour certains amis de la victime. À cause de la douleur, évidemment. Mais aussi en raison du traitement médiatique de l’affaire. Le drame s’est produit dans le cadre d’un deal et certains clichés pointent rapidement. Des poncifs qui, pour les proches, ne collent pas avec la personne qu’était le gymnasien qui a perdu la vie ce soir de novembre.

Alors que le procès du Combier qui a ouvert le feu s’ouvre aujourd’hui, c’est notamment pour mettre en avant les valeurs positives que portait le Nord-Vaudois qu’une proche a accepté de témoigner. Et parce que, forcément, «lui n’a pas pu se défendre».

Trois ans après les faits, la personne qui a ôté la vie à votre ami se retrouve aujourd’hui devant le tribunal pour répondre de ses actes. Comment le vivez-vous?

Je pensais que le procès avait déjà eu lieu. Le fait que ça se passe cette semaine, ça ravive des sentiments, c’est sûr. Personnellement, je suis heureuse que justice soit faite. Je n’encourage pas la haine envers les personnes responsables de la mort de mon ami, lui aurait voulu qu’on avance et qu’on leur pardonne. Mais il est juste que les meurtriers paient pour ce qu’ils ont fait.

Votre posture face aux responsables a-t-elle changé?

À l’époque, il était très important pour moi de les voir, de pouvoir mettre un visage sur les coupables. Aujourd’hui, j’ai surtout envie de connaître la sentence, les voir ne m’intéresse plus. Je pense que j’en avais besoin pour faire mon deuil.

Justement, avez-vous l’impression d’avoir pu faire ce deuil?

Oui, aujourd’hui je crois avoir accepté sa mort. Surtout, je veux garder une image positive de lui. C’était vraiment quelqu’un qui proclamait la paix et l’amour autour de lui. Si j’accepte de m’exprimer aujourd’hui, c’est vraiment pour mettre en avant la bonne personne qu’il était. Beaucoup de choses négatives ont été dites sur lui, des amalgames ont été faits. Mais il n’a pas pu se défendre de ces accusations médiatiques, alors je veux mettre en avant le grand cœur qu’il avait.

La mort de ce jeune gymnasien avait provoqué un choc dans la région. Des manifestations pour la paix ont eu lieu. Avez-vous gardé un contact avec les autres proches de la victime?

Durant les semaines qui ont suivi le drame, nous nous sommes beaucoup rassemblés et avons discuté avec les autres personnes qui étaient proches de lui. Par la suite, nous avons fait notre deuil chacun dans nos groupes respectifs.

Estimez-vous que ce drame a eu un effet sur la violence à Yverdon?

Je pense que ça a eu un impact les mois qui ont suivi. Un jeune, très connu dans la région d’Yverdon, qui meurt d’un coup de feu, c’est une grosse tragédie pour la ville. Peut-être que certains ont été calmés par ce drame, mais il ne faut pas se faire d’illusion, ce n’est pas le cas de tout le monde. La violence reste un problème à Yverdon.

Un drame qui avait choqué la région

 

Le 17 novembre 2018, à 22h30, le corps d’un jeune Nord-Vaudois de 21 ans était retrouvé sans vie au parc des Quatre-Marronniers. Le choc est alors total: un gymnasien a été abattu par balle au milieu d’un quartier résidentiel d’Yverdon. Très vite, les enquêteurs ont compris que le drame était le fruit d’un deal qui avait mal tourné.

Le jeune qui a tiré ce soir-là, un Combier alors âgé de 19 ans, aurait tenté de voler la marchandise en menaçant l’Yverdonnois avec une arme. Une «technique» dont il était coutumier, selon les résultats de l’enquête. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu ce 17 novembre. La victime refusant de se laisser faire, le ton est monté et un coup de feu est parti. Le corps de l’Yverdonnois sera retrouvé quelques dizaines de minutes plus tard. Il mourra dans la nuit, au Chuv. Face à cet acte de violence inouï, la population de la région s’était mobilisée, organisant notamment une marche blanche.

Le procès du principal auteur du crime, ainsi que de deux de ses complices – l’homme qui lui a donné l’arme et son chauffeur – débute aujourd’hui, à Renens. Il devrait durer quatre jours. Ils devront notamment répondre d’assassinat ou de complicité d’assassinat. Pour l’heure, la présomption d’innocence prévaut toujours pour les prévenus.

Massimo Greco