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Financement contre « D’Artagnan » contesté

14 août 2009

Yverdon tournera-t-elle le dos à sa Police municipale?

Yverdon tournera-t-elle le dos à sa Police municipale?

« Il s’agit d’un objet cantonal, je ne vois pas en quoi les communes seraient habilitées à prendre position et, surtout, à utiliser l’argent du contribuable pour ce faire!» Samuel Gurtner, ancien municipal d’Yverdon-les-Bains (en charge du dicastère de la Police de 1994 à 2002), s’est joint à la procédure juridique initiée par ses camarades Pierre Zwahlen, Patrick de Preux et Claude-Alain Voiblet. Les motivations de leur lutte? L’usage de fonds publics pour financer la campagne du non à l’initiative «pour une police unifiée et plus efficace», soumise à votation populaire le 27 septembre prochain.

«Je me suis joint à ce combat, parce que je suis convaincu que la sécurité du citoyen doit être prioritaire. Les problèmes à résoudre sont nombreux, mais ils sont sur le terrain. Je suis convaincu qu’une police unifiée est la seule réponse possible à apporter à la question, essentielle je le répète, de la sécurité. Quelques missions pourraient rester dans les mains des communes, comme par exemple la tranquillité et l’ordre publics, les amendes de stationnement ou l’horaire de fermeture des bistrots, mais pour tout ce qui relève de la sécurité, une police unique est indispensable.» Une tête, un chef, une sécurité, tel pourrait être le credo de Samuel Gurtner, scandalisé par le fait que plusieurs communes vaudoises, dont celle d’Yverdon dont il est citoyen et président de la section de l’UDC locale, soutiennent financièrement le non à l’initiative. «Pour la votation concernant les caméras, je peux encore comprendre, il s’agit d’un objet communal. Pour ce qui est de cette votation, j’appelle cela un usage disproportionné des fonds publics.»

Investir pour économiser

Daniel von Siebenthal, syndic d’Yverdon-les-Bains, n’est bien évidemment pas d’accord: «Un franc par habitant ne nous semble pas une somme déraisonnable. Nous sommes très satisfaits de notre Police municipale et de son excellent travail. Nous souhaitons la conserver et nous estimons qu’investir 25 000 francs pour en économiser des centaines de milliers va dans l’intérêt de tous les citoyens.» Le fait que chaque citoyen, opposant ou non à la police unique, verse un franc contre l’initiative pose-t-il un problème au syndic? «Non, cela arrive toujours que des citoyens ne soient pas d’accord avec des dépenes publiques, je n’y vois rien d’anormal. En ce qui concerne le recours éventuellement déposé, les autorités compétentes statueront.»

Yvan Tardy, président de l’Union des communes vausoises, est un peu plus virulent: «850 policiers municipaux devraient être transférés à l’Etat. Qui paie, et comment? L’Etat a-t-il les fonds? C’est une vraie question, qui mérite d’être posée. J’estime tout à fait légitime de demander aux communes vaudoises de verser un franc par habitant au maximum pour économiser énormément d’argent. Les communes ont versé en moyenne cinquante centimes par habitant, si l’on divise le nombre de citoyens par l’argent récolté aujourd’hui. L’UCV estime qu’il est raisonnable d’investir 200 000 francs pour en économiser au bas mot 200 millions, le coût d’un transfert éventuel vers la police unique. Au delà de l’aspect sécuritaire, l’enjeu financier est tout simplement énorme.»

Le conseiller d’Etat Philippe Leuba ne se prononce pas pour l’instant: «S’il y a un recours, ce sera au Conseil d’Etat de statuer. J’attends de voir.» Samuel Gurtner ne se démonte pas: «Nous irons jusqu’au bout!» Personne n’en doute.

Timothée Guillemin