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L’Indépendance vaudoise en question

19 janvier 2011

Le 24 janvier, jour de l’Indépendance vaudoise, est une date à part dans le Canton de Vaud, et les partis, principalement à droite, maintiennent la tradition. Celle-ci a-t-elle réellement encore un avenir?

L’Indépendance vaudoise, symbolisée par les fameuses Milices, a-t-elle encore un avenir dans la mémoire collective du canton?

L’Indépendance vaudoise, symbolisée par les fameuses Milices, a-t-elle encore un avenir dans la mémoire collective du canton?

L’Etat de Vaud est libéré de l’emprise de Berne le 24 janvier 1798 grâce au soutien de Napoléon. Un événement d’une importance capitale à l’époque, mais que signifie-t-il aujourd’hui pour les politiciens d’une Suisse confédérée? Liberté, indépendance et patriotisme, des mots qui font le fond de commerce de l’UDC. Logique donc que le parti le plus à droite du pays ne rate pas l’occasion de fêter cette date. Cette année, la section du Jura Nord vaudois se rassemblera à Cronay samedi avec comme hôte d’honneur Oskar Freysinger (voir encadré).
Pour le jeune libéral Barry Lopez, ce n’est pas tant l’indépendance que la route qui y a mené qui importe: «C’est l’occasion de se souvenir qu’il y a toujours des valeurs à défendre et des combats, certes moins guerriers, que l’on peut mener avec succès.» Gloria Capt, présidente du Parti libéral-radical yverdonnois, se réjouit de vendredi, même si l’aspect historique semble aussi secondaire aux yeux de la candidate à la Municipalité d’Yverdon: «L’Indépendance vaudoise, est avant tout une tradition qui permet de regrouper les sympathisants et les membres, l’occasion d’être ensemble. Peu importe ce que l’on fête, finalement, mais le 24 janvier, c’est important pour nous!»

L’événement n’est pas célébré avec le même entrain du côté de la gauche, comme le confirme Marianne Savary, députée Verte et candidate à la Municipalité d’Yverdon: «Rien n’est prévu au niveau cantonal, mais deux sections organisent quand même un papet vaudois, à Echallens et dans le Lavaux. Il ne s’agit en aucun cas de mépris, mais nous ne montrons clairement pas un intérêt particulier pour cette fête, c’est vrai. A Yverdon, il ne se passera rien, c’est sûr. Nous nous engageons concrètement sur le terrain, pour préparer l’avenir, et laissons la commémoration des grands événements à d’autres que nous.»

Cesla Amarelle, présidente des Socialistes vaudois, est un peu plus mesurée: «Cette année, la commémoration coïncide avec le dépôt des listes, il s’agit donc pour nous d’une occasion idéale d’aller à la rencontre des électeurs. Nous organisons une Fête de la rose samedi matin, et un papet sera servi le soir. Les frontières cantonales veulent encore dire quelque chose, mais nous insisterons sur des thèmes qui nous sont chers, comme l’émancipation.»

Côté UDF, enfin, aucun rassemblement, papet ou invité n’est prévu. «Ce n’est pas pour autant que la date du 24 janvier 1798 ne représente rien pour nous. Elle est souvent évoquée dans nos discours», précise Maximilien Bernhard. Et d’expliquer: «Pour moi cette fête a avant tout un aspect symbolique. Bien sûr il s’agit d’une date déterminante pour ce qui est devenu le pays de Vaud. Et l’indépendance a été obtenue non sans sacrifices.» Pour rappel, déjà en 1723, le major Davel demandait l’indépendance, ce qui lui a valu d’être condamné à mort. D’un point de vue politique, Maximilien Bernhard retire une leçon de cet événement: «En cas de succès mieux vaut attendre avant de crier victoire.» Les troupes françaises se sont en effet par la suite installées en Suisse et Napoléon a réussi à imposer son modèle politique. Pour Maximilien Bernhard, aujourd’hui, un politicien dans son travail est d’abord Suisse et son action est orientée vers une collaboration entre cantons. «Même avec Berne», plaisante-t-il. Ce qui n’empêche évidemment pas d’être fier de ses origines vaudoises.

C’est bien là, finalement, l’une des leçons à tirer de l’Indépendance vaudoise: chaque parti et, par définition, chaque citoyen, trouve dans la révolte des Vaudois, il y a 213 ans, les valeurs qui lui sont propres: indifférence, émancipation, fierté ou esprit de clocher. A l’image du Canton, somme toute.

Sonia Délèze et Timothée Guillemin