La boucle enfin bouclée

Amoureux du club, Anthony Ciavardini a mis un terme à sa carrière avec les 30+ d’Yverdon Sport, son bébé qu’il a fait grandir durant trois ans.

Anthony Ciavardini et Yverdon Sport, c’est une sacrée histoire. L’Yverdonnois formé au club en a longtemps gardé de nombreuses cicatrices, sur lesquelles il a pu mettre un peu de pommade ces dernières saisons, avec les seniors 30+, dont il a été le créateur et l’entraîneur-joueur.

A 36 ans, deux promotions avec ses «vétés» et un maintien au plus haut validé plus tard, l’ancien latéral de Challenge League peut ranger les crampons l’esprit léger.

«La création de ces seniors part d’un traumatisme que j’ai avec YS. Ce sentiment de n’avoir rien réussi à achever avec le club de mon cœur, moi qui suis un des joueurs qui aimaient le plus Yverdon. Gamin, je n’avais qu’un seul rêve: celui de porter le maillot de la première équipe», raconte-t-il, ému.

Si, sur le terrain, il a su livrer la marchandise au Stade municipal, le côté extrasportif a souvent été compliqué avec le club auquel il avait tant à donner. «En tant qu’enfant du club, je vivais mal le fait de n’avoir pas connu de beaux moments avec lui.»

C’est désormais chose faite. «Ciava» est à l’origine de la création de l’équipe seniors. Une formation qu’il a fondée en 2022 et qui a immédiatement célébré deux ascensions pour s’établir au plus haut niveau de la catégorie, en «champion», depuis l’été 2024. Une aventure qui lui a permis de réunir des joueurs comme Matar Coly, Mustafa Sejmenovic et Edin Becirovic, d’anciens coéquipiers en M15, mais aussi, tout simplement, des amoureux d’YS, comme lui. «Cela a permis de donner l’opportunité à des gens qui rêvaient de porter le maillot d’Yverdon Sport de le faire, lance-t-il, fier de cela. Je pense, par exemple, à Kevin Jordan. Quelqu’un qui a commencé le foot très tard, et qui est tellement heureux de se retrouver avec nous. Il s’agit d’un beau mélange entre anciens et supporters du club.»

Anthony Ciavardini évoque aussi ceux qu’il appelle «les légendes du club», Mustafa Sejmenovic et Audrey Riat, qui ont tapé le ballon en 30+. «Elle est la première femme à avoir joué et marqué à ce niveau, ça a été génial qu’elle évolue avec nous.»

Sa thérapie

Il a entraîné les M10, les M11 du club, ainsi qu’été assistant des féminines en Super League, avant de diriger les filles M17, heureux de s’impliquer pour son club.

Pour sa dernière saison, il s’est remis en pleine forme au fitness Espace Equilibre de Chavornay. Il fallait finir en beauté. Jeudi dernier, lors de la victoire 2-1 contre Yvorne, le coach-joueur a même marqué. «Ces seniors, ça a été ma thérapie entre le foot, YS et moi. J’avais besoin de boucler cette histoire.» Il l’a fait, ravi d’avoir trouvé le chemin de la réconciliation avec son club et lui-même, mû par cette passion intense, qu’il désire transmettre. «En marquant en 30+, j’ai ressenti les mêmes émotions qu’en le faisant en Challenge League. Je souhaite que mes enfants aient la même passion de ce qu’ils font.»

Des moments qui ont marqué l’homme

Anthony Ciavardini a vécu des moments forts sur le terrain, que ce soit à Yverdon ou ailleurs.

Son dernier match avec les seniors 30+, jeudi dernier, avec ses enfants et ses proches venus le soutenir au bord du terrain (photo), en est un merveilleux.

Il y en a eu de plus durs aussi, comme la relégation d’YS en 1re ligue. Un événement traumatisant dont il s’est servi, ces dernières semaines, pour obtenir le maintien dans le groupe champion avec les seniors 30+, évoquant son expérience à son équipe. «Je n’ai jamais retrouvé le haut niveau après cette relégation de 2011. Elle avait fait mal, et je refusais de revivre cela pour ma dernière saison, je ne voulais pas finir là-dessus, la boucle n’aurait pas été bouclée.» Son message est passé, et Yverdon 30+ a sauvé sa place dans l’élite des vétérans.

En 2010 il avait réussi, avec Baulmes, un fantastique printemps, qui avait permis au club de se sauver en 1re ligue. Une remontée d’anthologie conclue par un succès à Bavois, lors duquel il avait inscrit l’unique but du match, précipitant la relégation des Bavoisans.