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La collaboration franco-suisse mise à l’épreuve lors d’un accident de train

2 décembre 2013

La simulation d’une catastrophe ferroviaire dans le tunnel du Mont-d’Or, qui relie Vallorbe à Longevilles, a mobilisé près de 800 intervenants dans la nuit de samedi à dimanche.

Vallorbe, aux alentours de 20h30. Une étrange procession traverse à pied les rues de la localité séparant les Usines métallurgiques de la gare. Presque tous portent déjà le casque orange distribué en vue de l’incursion dans le tunnel à bord du TGV Lyria destiné, en cette nuit de samedi à dimanche, à être victime d’un accident.

Dans cette colonne, on retrouve plusieurs dizaines de personnalités suisses et françaises venues assister à l’exercice TRANO13. Fruit d’une étroite collaboration entre l’Etat major cantonal de conduite vaudois (EMCC) et la Préfecture du Doubs, celuici consistait à simuler le déraillement d’un train, avec un wagon en feu, dans le tunnel du Montd’Or, à environ 900 mètres de profondeur, à cheval sur la frontière franco-suisse.

Plus de 140 figurants

A l’intérieur du TGV Lyria, les figurants, placés sous la conduite de Marc Dumartheray, commandant de la Protection civile du Gros-de-Vaud, procèdent aux dernières retouches : «Il n’a pas de sang ?» «Non, c’est interne.» Outre une pancarte de renseignements sur leur état de santé, ils portent un accessoire leur permettant de signaler, le cas échéant, un problème réel.

Dans la froideur du tunnel du Mont-d’Or, du haut de son marchepied, Denis Froidevaux, le chef de l’Etat-major cantonal de conduite (EMCC), l’entité en charge des événements particuliers et des catastrophes, interpelle : «Imaginez que vous soyez le premier à arriver sur les lieux. Par où commencer ? »

Depuis les années 60, le tunnel du Mont-d’or n’a plus qu’une voie dévolue au transport ferroviaire, la seconde ayant été aménagée en chemin d’accès. Cette configuration permet aux véhicules de secours d’accéder sur les lieux mais «comment tourner et ressortir», demande Denis Froidevaux ? Autre particularité de l’infrastructure, l’absence de ventilation, qui pourrait sérieusement mettre en péril la simulation. «Des instruments de mesure vont vérifier la teneur en CO2 de l’endroit. En cas de saturation, l’exercice sera arrêté», avait signalé le chef de l’EMCC plus tôt dans la soirée.

Une année de préparation

Pour les besoins de l’opération, le collège de Vallorbe a été transformé en Q.G. De la direction de l’exercice. A l’intérieur d’une des salles de classe, la chef de projet Béatrice Schiffer, enceinte de huit mois, qui a tenu à être présente pour voir la matérialisation de son autre bébé, TRANO13.

«Cela représente plus d’un an de travail sous forme de collaboration transfrontalière», précise-t-elle. Hormis l’équipe aux manettes pour la gestion globale de la simulation, l’établissement vallorbier accueille les responsables de la sécurité et de l’évaluation de l’exercice, qui coordonnent chacun une quarantaine de personnes sur le terrain.

«L’alarme a été déclenchée il y a huit minutes», indique soudain Béatrice Schiffer. Il est 23h40 lorsque l’accident est annoncé sur les téléphones de permanence. Les ambulances se succèdent à la gare de Vallorbe, où les différentes unités de secours s’affairent pour accueillir les blessés. Lors d’un point presse mis sur pied à minuit et quart, Jean-Christophe Sauterel, le porte-parole de la Police cantonale, donne les premiers renseignements sur la catastrophe ferroviaire. Le plan ORCA a été déployé. La nuit promet d’être longue pour les intervenants de l’exercice, qui ne se terminera qu’au petit matin.

 

Un bilan satisfaisant pour les deux pays

Dans un communiqué publié hier matin par la Police cantonale vaudoise, les différents acteurs impliqués dans la réalisation de l’exercice TRANO13 se déclarent satisfaites de son déroulement.

«Les objectifs globaux ont été atteints et l’engagement a démontré qu’il était nécessaire de tester de manière régulière la coordination entre les services d’urgence et les autorités des deux pays», peut-on y lire. Au total, près de 800 intervenants ont été impliqués dans cette simulation qui a nécessité une mobilisation d’environ douze heures de leur part. En termes de communication, cet exercice a permis de tester l’utilisation des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook

 

Ludovic Pillonel