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«La compétition manque énormément aux jeunes»
© Champi

«La compétition manque énormément aux jeunes»

21 janvier 2021 | Edition N°2876

La relève ne reprendra pas les championnats cet hiver, contrainte de se contenter d’entraînements (pour les moins de 16 ans). Une situation qui engendre divers problèmes, relève Jiri Rambousek, directeur technique et chef de la formation du HC Yverdon.

Le couperet est tombé moins d’une semaine après l’annulation des compétitions des adultes au niveau amateur: les jeunes non plus ne reprendront pas les championnats (hormis les M17 et M20 élite), sans promus ni relégués. Au HC Yverdon, les onze équipes du mouvement juniors sont impactées.

 

Jiri Rambousek, quelle est votre réaction à l’annonce de Swiss Ice Hockey d’annuler les championnats de la relève?

C’est triste, car on espérait encore pouvoir reprendre les championnats arrêtés fin octobre. Cela signifie que l’on va poursuivre selon le même fonctionnement que depuis lors, avec des entraînements uniquement, en espérant que la patinoire reste ouverte. Cette annulation constitue une grosse perte pour les joueurs, surtout pour les 12-18 ans, qui se trouvent dans des années cruciales pour leur carrière, leur développement.

 

Les plus âgés des espoirs, jusqu’à 20 ans, ne peuvent même pas s’entraîner…

Ce sont les plus touchés par la situation. Ils n’ont disputé que trois ou quatre matches en début de championnat et ne peuvent pas s’entraîner. Pour eux, la saison est perdue.

 

Dans ce contexte, craignez-vous de voir des jeunes ranger définitivement leurs patins?

Le danger existe, même si on a tout mis en œuvre pour les conserver, en travaillant fort, en s’adaptant aux restrictions et aux changements pour offrir les meilleures conditions possibles. On espère récupérer tout le monde pour la saison prochaine.

 

Sans compétitions, la situation est compliquée…

Il ne s’agit là que de mon point de vue, mais je trouve dommage de ne pas pouvoir jouer des matches alors que tous les enfants passent huit heures par jour ensemble à l’école. La compétition manque énormément aux jeunes évoluant en élite (ndlr: en M13 et en M15 à Yverdon), et aux autres aussi, car les enfants aiment se confronter, ils en ont besoin. La situation va forcément influer sur leur futur, même s’ils sont privilégiés de pouvoir encore s’entraîner.

 

Leur avenir est-il compromis?

Les enfants nés en 2008 seront les plus pénalisés, je pense. Il s’agit des M13 de deuxième année. L’hiver dernier, ils n’ont pu disputer qu’une poignée de matches sur toute la surface et quelques tournois. Et cette fois, la saison durant laquelle ils devaient avoir 25 matches, ils n’ont presque pas pu jouer. Ils vont commencer l’exercice prochain en M15 sans être prêts, car ils n’auront qu’une dizaine de rencontres sur une grande glace dans les jambes à la place de quarante. Le pas entre les deux catégories, habituellement grand, sera énorme pour eux.

 

Et qu’en est-il de l’école de hockey?

On a pu continuer, mais pas avec le même succès que d’habitude: on n’a pas pu organiser de recrutement et les parents n’ont pas accès à la patinoire. C’est compliqué pour certains parents d’envoyer leurs enfants, de 3 ou 4 ans pour les plus jeunes, sans pouvoir s’installer dans les gradins.  On a du coup eu un peu moins de monde que les années précédentes.

 

À quel point?

On a pu compter sur 35 à 40 jeunes en moyenne, ce qui n’est pas si mal, mais les années précédentes, on avait entre 50 et 60 jeunes sur la glace lors des mois de décembre et janvier. Sans parler du sport scolaire facultatif, qu’on n’a pas pu faire.

 

Combien y a-t-il de jeunes au club?

Environ 200 en comprenant l’école de hockey. Une trentaine d’entre eux, les M20 et les M17 de deuxième année, ne peuvent plus s’entraîner en ce moment.

 

Jusqu’à quand aurez-vous la glace?

On  espère jusqu’à fin mars, mais ça peut changer à tout moment. Comme toute la saison, on s’adaptera.

 

Et quelle est la suite?

On a encore l’espoir d’organiser des tournois ou matches amicaux en mars, si la situation se détend et que la Confédération réautorise les compétitions. Pour le reste, on prépare déjà la saison suivante. Le contexte nous donne un peu plus de souplesse dans l’organisation. À partir de février on va réorganiser les groupes d’entraînement sur le modèle des équipes de l’exercice suivant et ainsi prendre un peu d’avance.

 

 

Un effectif à bâtir

La première équipe du HC Yverdon, qui évolue en 1re ligue, a officiellement terminé sa saison la semaine passée. Là aussi, alors que les hockeyeurs n’ont plus touché la glace depuis la fin octobre, le club prépare l’hiver prochain en espérant que la motivation sera intacte. La direction technique tâte le terrain afin de connaître au plus vite les projets des joueurs, afin de s’organiser pour la suite en fonction des besoins.

«Je connais déjà le budget à disposition. On est prêts à construire, en fonction du marché, une équipe de 1re ligue qui tiendra la route et sera capable de jouer un rôle intéressant», assure Jiri Rambousek. Le directeur révèle que le championnat va probablement compter moins de matches que par le passé pour offrir plus de flexibilité.

Manuel Gremion