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La culture digitale dévoile sa pluralité lors du Numerik Games Festival
Le projet VR_I, orchestré par l’artiste Gilles Jobin, était sans doute l’expérience numérique la plus innovante. Elle a rencontré un fort succès. © Carole Alkabes

La culture digitale dévoile sa pluralité lors du Numerik Games Festival

27 août 2018 | Edition N°2318

La manifestation a tenu compte des retours des participants, à la suite de l’édition 2017 et a entièrement migré à Y-Parc, ce week-end. Le public y a découvert un festival plus diversifié, qui permettait à des créateurs de tous horizons de présenter leurs projets aux curieux, férus de technologie ou profanes en quête de découvertes.

Pour sa troisième édition, le Numerik Games Festival a quitté les pierres du XIIIe siècle de la place Pestalozzi pour se nicher exclusivement entre les bâtiments modernes du parc technologique et scientifique d’Yverdon-les-Bains, ce week-end. Pendant trois jours, la manifestation, organisée par la Maison d’Ailleurs et dirigée par son propre comité, s’est attelée à tisser un lien étroit entre les technologies du numérique et le monde de la culture. Bien souvent réduit à un rendez-vous de geeks, le festival a cherché à diversifier son offre, tout en invitant toujours les spectateurs à participer aux différentes expériences proposées, au gré de leur promenade sur le site.

Du jeu vidéo, mais pas que

Si la réalité virtuelle était à l’honneur, une place de choix était aussi réservée aux jeux vidéo, aux concerts, aux conférences et aux prestations artistiques. Ainsi, la manifestation a tenu à mettre en lumière le talent des créateurs suisses dans le domaine du numérique. C’était l’occasion de présenter la valeur et la variété du patrimoine numérique. Désormais ancré dans la culture populaire et non plus réservé à un public de niche, il constitue un formidable vecteur de création artistique.

Cette pluralité des expériences offertes répondait sans doute à la variété recherchée par les festivaliers. En effet, les familles étaient nombreuses à flâner entre les différents stands, et il n’était pas rare de voir une mère de famille s’essayer à Mario Odyssey (2017), dans la zone Nintendo, alors que son enfant s’essayait aux flippers ou aux jeux historiques de la Commodore 64 (1982). De même, le concert Space symphony, dirigé par Thierry Besançon, a attiré beaucoup de monde avec sa relecture des thèmes classiques de soap opera. «C’est la troisième fois que je viens, j’apprécie beaucoup de tester les jeux vidéo proposés, mais je suis aussi venu pour les concerts», détaille Tristan Bolognini, au détour d’une partie sur l’Atari ST (1985). «Je suis principalement venu pour le concert, explique Nicolas Maniri, un autre spectateur. J’ai aussi vu le retro-gaming, qui m’intéresse.»

Multitude de talents suisses

De nombreuses expositions permettaient de mettre en valeur des projets helvétiques. Des étudiants de l’Ecole cantonale d’arts de Lausanne (ECAL) en media&interaction design ont  ainsi pu présenter leur projet de bachelor, à l’image de l’expérience en réalité virtuelle de Vidal Mateos, adaptée spécialement pour le Numerik Games Festival. On pourrait également citer le stand de la Swiss made game league, qui faisait étape à Yverdon-les-Bains pour présenter les jeux vidéo nationaux, tout en permettant aux festivaliers de tout le pays de tenter de réaliser le meilleur score.

Un «salon» du numérique?

L’organisation de la manifestation semblait moins vouloir offrir un programme déterminé que de proposer pléthore d’animations. Cependant, la mise en scène des espaces, qui manquait parfois de clarté, et la nature des projets proposés pouvaient laisser un arrière-goût de tribune publicitaire. «C’est bien, il y a de la diversité, des choses plus intellectuelles, d’autres plus interactives. Il y a aussi beaucoup d’infrastructures de confort», soulignait Tanguy Degen, au sortir de la zone Nintendo, mentionnant notamment les foodtrucks. «En revanche, je ne vois aucun stand qui ne soit pas lié à une marque ou à un projet», déplore-t-il.

Guillaume Guenat