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La culture urbigène cherche un second souffle
© Michel Duperrex

La culture urbigène cherche un second souffle

22 octobre 2020

Le rapport tant attendu sur la culture de la Cité aux deux poissons a été révélé, mercredi. Ce dernier ne fait toutefois pas l’unanimité auprès des acteurs du milieu.

En acceptant de dresser le portrait de la culture urbigène, Violaine Contreras de Haro s’est engagée sur un terrain miné, tant les rapports entre la Commune et certains acteurs locaux sont tendus. Après environ six mois d’étude, le résultat largement attendu a enfin été présenté, hier.

Le point principal du rapport consiste en la proposition de deux modèles de fonctionnement pour l’actuel dicastère de Luiz De Souza. Malgré son caractère «fourre-tout» (on y retrouve le sport, la culture, le tourisme, entre autres), le Service de la cohésion sociale n’a pas véritablement de structure à Orbe. Autrement dit, le Municipal est seul pour gérer les affaires courantes. Les deux modèles proposent donc l’engagement d’un chef de service entre 80 et 100%, ainsi que d’un responsable administratif à un plus petit pourcentage. Une mesure «historique» pour le municipal en charge.

Seule différence entre les deux modèles, l’un d’eux imagine une «Commission culturelle et événementielle consultative» composée d’une dizaine de personnes pas uniquement actives dans le milieu de la culture, mais aussi dans l’économie et l’aménagement du territoire. Ce modèle a été rejeté par l’Exécutif. «Il était primordial de créer une vraie structure pour le dicastère de la cohésion sociale, indique Luiz De Souza. Avant de se lancer dans un modèle plus complexe, il est déjà bien de construire de solides fondations. Mais rien ne nous empêchera de développer le dicastère dans le futur, peut-être avec cette commission.» Une décision qui sera rapidement mise en œuvre, puisque l’engagement du nouveau personnel communal est prévu dans le budget 2021, qui sera soumis cet hiver au Conseil communal.

Pas de quoi convaincre Alexandre Baudraz et le Hessel espace culturel: «Si nous sommes en accord avec le constat fait par le rapport, nous n’approuvons pas les conclusions qu’il tire, précise le gérant. Le rapport veut créer des nouvelles structures, alors que Orbe n’en a pas besoin, des lieux existent déjà. La Ville n’en a pas les moyens.» Pour le municipal chargé de la culture, cette organisation est loin d’être un luxe. «C’est le strict minimum pour le fonctionnement», estime Luiz De Souza.

Autre point soulevé par le Hessel, l’absence dans le rapport d’une société de développement qui engloberait des acteurs de nombreux domaines et dont le périmètre d’action ne se cantonnerait pas à la culture. «La commission ferait partie du dicastère de la cohésion sociale, développe Alexandre Baudraz. Or la société de développement doit justement dépasser le cadre d’un dicastère.»

 

Comment seront attribuées les subventions?

 

Malgré tous les changements que le rapport souhaite apporter à la culture urbigène, le nerf de la guerre, lui, reste le même: l’argent. Or, dans le domaine de la culture, qui dit argent dit souvent subvention. Un sujet qui fait débat à Orbe, le rapport lui-même notant que la politique dans le domaine doit être clarifiée. «Cela fait longtemps que l’on attendait ce rapport, nous sommes très contentes, s’exclame Isabelle Cuche-Monnier, directrice du Théâtre de la Tournelle, qui quittera son poste en janvier prochain.

La Municipalité doit faire un choix: veut-elle soutenir un système professionnel, ou pas? Une structure professionnelle implique un fonctionnement avec des subventions.» Mais il est encore difficile d’y voir clair en se basant uniquement sur le rapport. En effet, celui-ci est passablement abstrait sur les manières concrètes de rendre l’attribution des subventions plus transparentes. Une marche à suivre sera créée à destination des demandeurs potentiels et le municipal de la culture devra «évaluer l’impact» des subventions accordées, afin de les pérenniser ou non.

Se dirige-t-on vers une attribution à la tête du client? «Au contraire, estime Luiz De Souza. En établissant un règlement, cela évite de telles dérives. Et pour la première fois, les acteurs disposeront d’un répondant. Quant aux mesures concrètes, nous mènerons très prochainement une nouvelle étude pour les définir.»

 

Quel futur pour la Commission culturelle?

 

Le rapport consacre un chapitre entier à l’avenir de la Commission culturelle et des Loisirs d’Orbe (CCLO). «Son rôle n’est actuellement pas celui d’une commission. Un nouveau cadre doit être posé, mais cela n’implique pas une dissolution», assure Luiz De Souza. «Personnellement, je me plais dans mon rôle actuel, note Stefanie Luginbühl, présidente de la CCLO. On n’a pas d’objectif financier et on est donc assez libres.»

À noter que le rapport proposait un modèle de gestion du dicastère impliquant une «Commission culturelle et événementielle consultative», dans laquelle auraient été intégrés plusieurs membres de la CCLO. Si cette option a été écartée par la Muni pour l’instant, il n’est pas exclu d’y avoir recours dans le futur. «On n’aurait plus du tout la même fonction, fait remarquer Stefanie Luginbühl. Il faudrait discuter avec le municipal et voir si c’est toujours intéressant.»

 

Quid des Moulins Rod?

 

Drôle de rapport pour le musée Patrimoine au fil de l’eau, logé dans les anciens Moulins Rod, qui est à la fois le grand absent de l’étude et une de ses vedettes… En effet, parmi les propositions majeures du document, on trouve la création d’un espace socio-culturel imaginé dans le bas de la ville. Et les Moulins – qui n’accueilleront bientôt plus le musée, celui-ci étant en grande partie remplacé par des appartements – sont envisagés pour accueillir ce centre.

Dans le même temps, lorsqu’on parcourt la liste des intervenants, aucune mention de Pierre-André Vuitel, maître du lieu. «Je ne suis pas surpris, fait remarquer l’intéressé. On n’a jamais été considérés à Orbe. Est-ce qu’on veut vraiment faire un espace socio-culturel dans un bâtiment considéré d’importance nationale? Pour moi, ce sont des phrases creuses, pour faire semblant d’agir. Un vrai gâchis pour cette ville si importante.»

Le municipal chargé de la culture, Luiz De Souza conteste cette critique. «Le rapport est un premier pas important, qui permettra d’apporter par la suite des mesures concrètes. Concernant l’espace socio-culturel, rien n’est encore prévu, il s’agit d’un projet. Personnellement, je le défends et je sens Orllati ouvert sur la question. Mais le problème est financier: je ne sais pas si la Commune pourra réaliser cet investissement, que j’imagine d’ailleurs sur la rive droite, côté Gruvatiez, plutôt que dans les anciens Moulins.»

Massimo Greco