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La force du viking, l’élégance de l’esthète
© Zsolt SARKOZI

La force du viking, l’élégance de l’esthète

23 octobre 2020

Au-delà des clichés, le lancer de hache est un sport tout en finesse. La preuve avec Olivier Chabloz, un maître de la discipline.

Geste précis, regard incisif, presque aussi affûté que la lame de la hache qu’il s’apprête à planter dans sa cible. Olivier Chabloz a tout d’un personnage de contes celtiques évadé d’un autre temps. D’ailleurs, avant de s’essayer au lancer de hache il y a trois ans, il a pratiqué d’autres sports tout aussi ancestraux: le tir à la corde et la lutte. «Ce sont des disciplines qui ont en effet une certaine noblesse», reconnaît-il avec un grand sourire. «J’éprouve un respect par rapport au sport. On se bat contre soi-même.»

Le lancer de haches requiert en effet une certaine persévérance. Olivier Chabloz reconnaît d’ailleurs en riant : « Je suis un sale gamin! Je recommence mes lancers jusqu’à ce que je réussisse».

Il faut dire que le pisciniste de métier s’entraîne tous les jours depuis deux ans dans son jardin, en plus de ses entraînements au Club Axe Throwing Riviera deux fois par semaine. «Durant le semi-confinement en avril, j’ai eu quatre jours d’arrêt de travail. Quatre jours pendant lesquels je n’ai pas arrêté de lancer, cela m’a soulagé». C’est vrai qu’on rêverait tous de pouvoir se défouler sur une bûche en sortant d’une mauvaise journée de travail…

Mais attention. «Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le lancer de haches n’est pas du tout un sport de bourrins», prévient le lanceur aguerri. «Au contraire, c’est un sport élégant, qui demande beaucoup de précision et de discipline.» Ainsi qu’une bonne dose de technique: tenue du poignet, dosage de la force, synchronisation afin de lâcher la hache pour que sa lame vienne se ficher correctement dans le bois… Bref, tout un art.

C’est d’ailleurs cela qui en fait la beauté selon Olivier Chabloz: «Ce que j’adore dans ce sport, c’est qu’il faut reproduire chaque fois le mouvement parfait pour arriver au centre de la cible. Comme nous sommes humains et faillibles, c’est difficile d’approcher la perfection. Nous ne sommes pas des robots! C’est une affaire de sensations.»

Outre sa rigueur technique, la discipline offre une multitude de possibilités: les distances face à la cible varient entre trois et neuf mètres, voire douze pour les meilleurs lanceurs. Sans compter «l’objet du délit», la fameuse hache, dont les formes varient à l’infini: les plus petites pèsent 600 grammes, mais les gros modèles montent jusqu’à 2,5 kilos! La hache-double qu’Olivier Chabloz manie d’une main de maître, elle, pèse 1,6 kilo. Et peu importe ses biceps musclés: «Même avec ce poids, au bout de quelques lancers, ça brûle!», affirme-t-il en riant.

Le maître tient pourtant à préciser que le lancer de haches n’est pas un sport de force réservés aux durs. «Jusqu’à il y a peu, les championnats n’avaient qu’une seule catégorie, hommes et femmes mélangés. Et ce sont souvent les dames qui l’emportaient!»

En maniant l’instrument, on se méfie malgré tout… n’est-ce pas quand même un peu dangereux? «En trois ans de pratique, je n’ai pas eu un seul accident. Mais il faut être extrêmement prudent, en particulier lors des démonstrations. Le plus important, c’est de bien respecter les distances de sécurité autour de la cible».

 

Plusieurs lancers nécessaires pour enfin trouver la bûche

 

Avis aux intéressés: quand il ne lance pas lui-même, Olivier Chabloz se transforme en professeur et propose des démonstrations. «J’adore transmettre! C’est vraiment important de partager son savoir, de ne pas le garder pour soi comme un égoïste», confie-t-il. La Région a pu profiter en avant-première de ses bons conseils, avant la démonstration qu’il organisera ce week-end à Sainte-Croix.

Résultat: après pas mal de lancers maladroits, la hache a fini par se loger dans la bûche. Et ce n’est de loin pas aussi aisé que cela en a l’air. En revanche, une chose est certaine: la discipline est effectivement ouverte à tous. «C’est à la portée de tout le monde, de l’enfant de 10 ans au senior de 90 ans!», confirme le professeur du jour. «Tant que l’on est en forme, il n’y a aucune raison de ne pas s’y essayer.»

Ce week-end, les enfants accompagnés seront les bienvenus pour s’essayer à la discipline. Les amateurs courageux seront entourés de lanceurs licenciés et de moniteurs. Les fines bouches pourront se récompenser de soupe de courge le samedi midi, et de macaronis du chalet le dimanche.

 

Infos pratiques

Samedi 24 et dimanche 25 octobre: initiation au lancer de hache et démonstration de hache double, sur l’ancien terrain de foot «La Gittaz» à Sainte-Croix. Gratuit et ouvert à tous. Le samedi de 10h à 17h. Le dimanche de 10h à 16h.

Marine Brunner