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La gâchette texane d’Yverdon

12 novembre 2015

Football – 1re ligue – La passion du ballon rond a poussé Blake Smith à traverser l’Atlantique. A la trêve, il repartira pour rejoindre Miami, Alessandro Nesta et Paolo Maldini.

«Trouver une similitude entre Yverdon et le Texas? C’est la colle!» rétorque Blake Smith, arrivé au Stade Municipal durant l’été. © Michel Duperrex

«Trouver une similitude entre Yverdon et le Texas? C’est la colle!» rétorque Blake Smith, arrivé au Stade Municipal durant l’été.

Fait plutôt rare dans le monde du foot suisse, alors que la majorité des joueurs non européens provient du continent africain, Yverdon Sport a misé sur un Américain, originaire du Texas, pour dynamiser son offensive. Si l’expérience va prendre fin prématurément, et que Blake Smith quittera la Cité thermale durant la pause hivernale pour rentrer aux Etats-Unis, elle n’en reste pas moins inédite et courageuse.

L’ailier de 24 ans est né à El Paso, un jour de janvier 1991. A l’aise au cours de son cursus scolaire, il souhaite poursuivre ses études de marketing en s’inscrivant à l’université en 2009. Etant donné que les études sont moins onéreuses pour les sportifs, il décide d’utiliser le football «pour pouvoir poursuivre une formation à moindre coût». Sa petite taille l’oblige rapidement à délaisser l’axe pour évoluer à l’aile, où il s’impose comme l’un des meilleurs passeurs de la ligue universitaire.

En 2013, celle-ci prend brusquement un coup d’accélérateur, avec son repêchage en 8e position de la Super Draft annuelle par l’Impact de Montréal. «Pour être honnête, je m’y attendais, car j’avais rencontré de nombreuses équipes interessées par mes services en Major League Soccer (MLS, 1re division nord-américaine)», confie le gaucher. Une juste récompense de ses efforts, qui lui permet de signer son premier contrat professionnel avec la formation canadienne, en février 2013. Mais l’expérience ne se passe pas comme prévu, puisqu’une année plus tard et à la suite d’un changement d’entraîneur, il est prêté aux Eleven d’Indy, dans la division inférieure. Ignoré par son nouveau coach, il est finalement libéré de son contrat en mai 2015: «Je n’ai pas compris pourquoi je n’ai pas eu le droit de démontrer mes capacités suite à ce changement. Je méritais pourtant ma chance.» Une mise à l’écart qui a encore du mal à passer aujourd’hui.

Sans club et libre trop tardivement dans la période de transferts pour trouver une place dans une équipe à la hauteur de son talent, il demande alors à son agent de sonder le marché. Après des essais infructueux à Dallas, en Suède et au Mont-sur-Lausanne, il atterrit au Stade Municipal. «Un ami, qui habite à Morges et que j’ai rencontré lorsque j’étais venu en vacance en Suisse, il y a sept ans, m’a conseillé de tenter le coup en Romandie», explique l’Américain. Son choix a également été influencé par ses deux années canadiennes, où il a appris le français. «Je ne regrette pas mon choix, car l’environnement du club yverdonnois est très professionnel, et les personnes vraiment accueillantes. Le président, Mario Di Pietrantonio, a été très cool avec moi. Je ne me fais aucun souci pour le futur d’YS, qui possède d’excellentes individualités. Il ne reste plus qu’à trouver les bons réglages pour marquer davantage de buts», prêche-til, soudainement ému.

Pourquoi ces yeux humides, lorsqu’il évoque ses coéquipiers? «Je peux vous le dire: je ne serai plus ici à la reprise. Après des discussions avec le comité et mon agent, nous avons convenu que je pouvais m’engager avec une autre équipe, si j’en avais l’opportunité. Il se trouve qu’une nouvelle franchise va être créée à Miami, en North american soccer league (réd: la 2e division). C’est une vitrine idéale pour m’offrir une deuxième chance de percer en MLS ou en Europe. Comme je connais l’entraîneur, Alessandro Nesta, avec qui j’ai joué à Montréal, et le président, Paolo Maldini, j’ai accepté ce pari un peu fou», lance Blake Smith avec entrain. Après le Texas et Yverdon, le footballeur repartira, donc, à l’aventure avec le sourire et des espoirs plein la tête. On the road again!

 

Un dernier match avant la trêve

Les Yverdonnois ont disputé leur dernier match du premier tour, vendredi passé, à Guin (défaite 3-0). Ils joueront encore un match en 2015, ce samedi à Vidy, contre Stade-Lausanne-Ouchy (17h). Lors du match aller, en ouverture de saison, les joueurs de Julien Marendaz s’étaient imposés 2-1. S’il y aura de la revanche dans l’air, il y aura aussi de l’émotion pour la dernière rencontre en Suisse de Blake Smith. L’Américain en profiterat- il pour trouver le chemin des filets, lui qui compte déjà trois buts à son actif?

Kevin Vaucher