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La mendicité «par métier» sera combattue

29 septembre 2016
Edition N°1838

Yverdon-les-Bains – La Ville va devoir appliquer la loi cantonale votée mardi par le Grand Conseil vaudois. Les débats sur le nouveau Règlement de police en seront allégés…

Lorsque la Loi pénale cantonale sera appliquée, on ne devrait plus voir ce type d’image. ©Duperrex/a

Lorsque la Loi pénale cantonale sera appliquée, on ne devrait plus voir ce type d’image.

En décidant, par 60 voix contre 56, l’interdiction de la mendicité sur le territoire cantonal -le texte de l’initiative a été préféré au contre-projet du Conseil d’État-, le Grand Conseil vaudois a certainement évité quelques débats homériques dans quelques localités, notamment dans la capitale du Nord vaudois. En effet, et c’est une première, cette initiative va entrer en force sitôt le délai référendaire passé.

Si les mendiants sont bien présents à Yverdon-les-Bains, et relativement tolérés, c’est l’importance du problème à Lausanne qui a incité l’UDC à lancer une initiative cantonale. Celle-ci a abouti, en 2013, avec quelque 14 000 signatures (12 000 étaient nécessaires).

L’horloge…

Avant l’échéance des deux ans, le Conseil d’État a demandé un délai supplémentaire d’une année pour préparer un contre-projet. Cette prolongation a été accordée, mais avec une certaine mauvaise humeur. Les initiants, mais aussi une partie du centre-droite, ont eu le sentiment que le Gouvernement «jouait l’horloge». D’ailleurs, le contre-projet avait pour seule originalité de céder cette compétence aux communes.

Une manière pour la majorité gouvernementale de «laisser-faire» la large majorité en place à Lausanne.

Manifestement, cette manœuvre a généré un effet contre-productif puisque, contrairement aux habitudes, certains députés Verts n’ont pas suivi leur conseillère d’État Béatrice Métraux, en charge du dossier.

Problème européen

La majorité de la commission du Grand Conseil était favorable au contre-projet. Ce qui a amené sa présidente, la députée yverdonnoise Pierrette Roulet-Grin, a déposer un rapport de minorité, qui l’a finalement emporté. Il faut dire que la préfète honoraire du district Jura-Nord vaudois a pour elle une certaine crédibilité.

Alors qu’elle s’occupait du délicat dossier des gitans, elle a effectué plusieurs missions dans le cadre du CAHROM (Comité ad hoc d’experts sur les questions roms, du Conseil de l’Europe).

Elle a pu constater, aussi bien en Roumanie que dans les banlieues de grandes villes européennes, que des milliers de migrants roms subissaient les discriminations de leurs propres compatriotes, et qu’ils étaient en très grande majorité exploités par de véritables réseaux.

Avec pondération

Si elle a soutenu l’interdiction de la mendicité, Pierrette Roulet-Grin plaide pour une application pondérée de la loi : «Ce que l’on doit combattre, ce sont les réseaux, la mendicité par métier, pas le cas social du coin qui vient vous demander deux francs. J’ai vu ce qui se passait en Roumanie ou à Milan par exemple. Ici, ce sont des réseaux basés en Haute-Savoie contrôlent les mendiants. La démonstration nous a été apportée qu’à Saint-Laurent (Lausanne), c’est encore organisé.»

La députée yverdonnoise relève par ailleurs que les communes qui ont déjà interdit la mendicité ne connaissent pas de problème particulier : «A Montreux, cela fonctionne. Et Nyon, qui est pourtant près de Genève, il n’y a plus de mendiants.»

Lors de son intervention, la députée a aussi rappelé qu’une personne en souffrance (faim, etc.) peut être conduite vers les services de soutien adéquats.

Le syndic Jean-Daniel Carrard réagit
Le droit supérieur prime

«Nous prenons acte de la décision du Grand Conseil. Le droit supérieur prime et nous n’avons d’autre choix que celui de l’appliquer», explique Jean-Daniel Carrard, syndic d’Yverdon-les-Bains. Actuellement en cours de révision, le Règlement de police devrait être soumis au Conseil communal d’ici novembre. Le sujet de la mendicité ayant été réglé à un autre échelon, la controverse -les opinions entre gauche et droite sont fortement opposées sur cette problématique- sera ainsi évitée. Le syndic relève par ailleurs, qu’indépendamment de l’aspect juridique, la Municipalité est interpellée quasi quotidiennement sur le sujet par des citoyens dérangés par les mendiants.