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La météo joue avec leurs nerfs

10 juillet 2014

Les agriculteurs de la région espèrent pouvoir retourner bientôt dans leurs champs détrempés afin de pouvoir prendre soin de leurs cultures menacées par l’humidité.

Le champ de blé de l’agriculteur Kurt Peterhans a comme une allure de rizière.

Le champ de blé de l’agriculteur Kurt Peterhans a comme une allure de rizière.

Non contentes de faire le malheur des vacanciers (lire La Région d’hier), les précipitations qui s’attardent sur le Nord vaudois en ce début de mois de juillet mettent les nerfs des agriculteurs à rude épreuve. «Les maladies s’attaquant aux feuilles menacent les betteraves et les pommes de terre. Dès qu’il y a une éclaircie, nous devrons les traiter avec des fongicides», indique Kurt Peterhans, agriculteur basé à Fontaines-sur-Grandson. «Afin d’éviter le mildiou (ndlr : une maladie causée par un champignon), il faut intervenir tous les dix à douze jours», abonde Pierre-Alain Schwander, de Cheseaux-Noréaz.

Difficile pourtant de réaliser des travaux des champs sur un sol impraticable. «Les terres ne supportent pas le poids des machines. C’est très mouillé et, si la chaleur fait son retour la semaine prochaine, je crains que des orages n’apportent à nouveau de l’humidité», s’inquiète Didier Décombaz, agriculteur domicilié à Suchy. Et qui dit orage, dit, potentiellement, grêle, une autre source importante de tracas estival pour les exploitants de la terre. «Certains de mes collègues, qui ne sont pas assurés contre la grêle, ont peut-être pris peur en voyant les alertes météo diffusées dernièrement et ils ont préféré faucher leur orge, même si celui-ci était trop humide», suppose Pierre-Alain Schwander.

A Rovray, les agriculteurs ont pris la décision de moissonner cette céréale dimanche dernier. «Nous avons fauché, même si l’orge n’était pas tout à fait sec. On l’a un peu sauvé», commente Claude Despland. Affichant une humidité de 15,5%, le produit de leur récolte les fait passer à la caisse.

«La valeur maximale est de 14,5%. Si elle est dépassée, nous devons sécher l’orge pour le stocker. Cela a un coût pour les paysans », explique Sylvain Martin, responsable silotier au Centre collecteur de céréales d’Yvonand. Michel Forestier, de Champagne, a récolté environ la moitié de son orge et espère encore pouvoir limiter les pertes. Arrivée à maturation, cette céréale doit en effet être battue, sous peine de voir ses grains se dégrader, entraînant la baisse de son poids à l’hectolitre, donc de sa qualité.

Si les betteraves, les pommes de terre et l’orge sont des sources de préoccupation, si aucune accalmie ne se produit à court terme, les différents exploitants interrogés ne se montrent, pour l’instant, pas trop inquiets en ce qui concerne les autres grandes cultures comme le blé ou le colza, dans la mesure où une météo favorable à la fin du mois pourrait totalement rétablir la situation.

«Chaque année, nous retrouvons le même phénomène, à savoir une période de froid de trois à quatre jours, voire une semaine. L’an passé, c’était en juin, et cette fois, nous l’avons début juillet», observe Pierre-Alain Schwander. «A la fin du mois, nous allons tout avoir à faire en même temps, mais cela n’est pas la première fois que ça arrive. On s’adapte», commente, philosophe, Didier Décombaz. Bonne nouvelle pour eux tous, une embellie semble se dessiner pour le début de la semaine prochaine.

 

Impact de la pluie sur les cerises et les abricots à Cheseaux-Noréaz

Pierre-Alain Schwander, agriculteur et arboriculteur à Cheseaux-Noréaz, estime avoir perdu plus de la moitié de sa récolte de cerises de table sous le déluge. «Contrairement à d’autres endroits, comme, par exemple, les Granges de Cheyres, Cronay ou Pomy, nous n’avons pas été touchés par la grêle. La grosse quantité de pluie a cependant fait éclater les cerises. C’est un fruit délicat, il m’est déjà arrivé d’avoir de telles pertes», précise le Nord- Vaudois. «Nous avons plusieurs variétés, que nous ramassons habituellement en l’espace d’un mois et demi. Le gros coup de chaleur du mois de juin a eu pour conséquence leur arrivée à maturation simultanée. Ces conditions particulières ont été difficiles à gérer car nous travaillons avec une main-d’oeuvre familiale», observe Pierre-Alain Schwander. Outre les cerises, celui-ci fait aussi partie de la poignée de régionaux à faire pousser des abricots. Sa variété Orangered a d’ailleurs aussi souffert des affres de la météo.

D’autres fruits qu’il cultive, comme les pommes et les pruneaux, n’ont, en revanche pas été touchés.

 

Un bon rendement

Responsable silotier au Centre collecteur de céréales d’Yvonand, Sylvain Martin indique que, pour l’instant, aucun retard ne se fait sentir du point de vue de l’orge acheminé par les agriculteurs de la région, la céréale ayant bénéficié d’un climat favorable au mois de juin. De plus, le rendement, qui atteint 100 kilos à l’are, est supérieur à celui de l’année précédente.

Ludovic Pillonel