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La méthode Cuennet

18 février 2016 | Edition N°1684

Unihockey – 3e ligue masculine grand terrain – L’UC Yverdon a engagé un technicien d’expérience pour ses équipes hommes. Un pas vers la professionnalisation qui porte ses fruits, cette saison déjà.

La philosophie et les connaissances tactiques du nouvel entraîneur Yvan Cuennet font un carton à l’UCY. © Michel Duperrex

La philosophie et les connaissances tactiques du nouvel entraîneur Yvan Cuennet font un carton à l’UCY.

Yverdon est une place forte de l’unihockey en Suisse romande. Si l’équipe féminine fait figure de véritable vitrine du club de la Cité thermale, son homologue masculine est en train de réaliser un très bon championnat, en 3e ligue grand terrain. Un homme en particulier est à la source de la progression constatée. Recruté au printemps dernier, Yvan Cuennet est le nouveau «spécialiste» de l’UCY.

Le technicien de Torny-le-Grand (près de Payerne) est expert Jeunesse et Sport et a suivi la formation de Swiss Olympic. «Je suis un passionné de sport, et d’unihockey en particulier», lance celui qui a officié comme entraîneur à tous les niveaux. Actuellement, il s’occupe également de la sélection suisse occidentale des M17. Il a, en outre, participé à la création de quatre clubs fribourgeois.

C’est après avoir changé de voie professionnelle qu’il a accepté le mandat yverdonnois, contacté par l’inévitable Michel Ruchat. Ainsi, l’UCY a engagé un véritable expert pour mener la progression sportive de son secteur masculin, que le nouveau venu chapeaute des M16 à la première équipe.

Le Fribourgeois a commencé par faire l’état des lieux, afin de définir de quelle manière il pourrait être utile. «La première étape est de parvenir à gagner la confiance des joueurs», souligne celui qui accorde une grande importance à la communication. Le courant est passé. Ses troupes ont appris à mieux le connaître via un week-end de camping, qui a également permis de souder le groupe.

La théorie des 10 000

Du travail de condition, au sens large du terme, aux matches amicaux, en passant par le rappel des bases tactiques de la discipline, Yvan Cuennet s’applique à faire apprécier l’effort à ses hommes. C’est là qu’intervient l’un des éléments fondamentaux de sa méthode: la théorie des 10 000 heures. «On dit qu’un sportif a besoin d’avoir pratiqué son art durant ce laps de temps pour être au sommet», avance-t-il, pour convaincre les joueurs de s’entraîner plus, afin de raccourcir le nombre d’années nécessaires pour parvenir au total escompté. Aujourd’hui, il propose un 3e entraînement hebdomadaire, fréquenté par une large majorité de l’équipe. La saison prochaine, il souhaite l’institutionnaliser.

La gestion du stress

Une fois la philosophie tactique assimilée par ses protégés, il a emmanché à la phase mentale: la gestion du stress. Un élément qui a bien réussi à son équipe qui, en cours de saison, n’a cessé de progresser au classement. «Apprendre à maîtriser sa respiration permet de diminuer le rythme cardiaque, assure-t-il. On parvient, alors, à mieux se concentrer sur l’instant présent. On travaille également le monologue interne, la visualisation. On part du principe qu’on ne peut pas empêcher un sportif de penser. Il faut, alors, qu’il se voie gagner un duel, marquer un but, réussir son intervention.»

Le rituel

Des préceptes que le quadragénaire tente de faire passer en communiquant au maximum, auprès d’amateurs de 23 ans en moyenne, faut-il le rappeler. «On leur explique qu’ils ne sont pas de simples joueurs, mais des artistes au service de leur art. On leur demande d’être ouverts.» L’équipe a, par exemple, créé un rituel qu’elle exécute avant chaque match, afin d’optimiser sa préparation mentale. «Je constate que les joueurs sont beaucoup plus sereins. Du coup, ils prennent de meilleures décisions dans le feu de l’action. Pour ainsi dire, j’essaie de développer l’individu», explique Yvan Cuennet, qui ne cesse de parler de la bienveillance qu’il porte envers chacune de ses ouailles.

Les résultats parlent pour sa méthode: l’effectif est passé d’une quinzaine de joueurs, en fin de saison dernière, à vingt-cinq, ce qui permet des entraînements plus dynamiques. En outre, 6es il y a une année, les Nord-Vaudois sont, actuellement, 2es.

Yvan Cuennet l’affirme haut et fort, il a trouvé beaucoup de potentiel à Yverdon. Il espère embarquer le club dans son intégralité dans l’aventure, créer une effervesence. Pour la première fois, tous les entraîneurs de l’UCY vont se réunir pour échanger. A cette occasion, il pourra partager son expérience. «On va établir une charte, affirme le le Fribourgeois. Plus que des entraîneurs, nous sommes des éducateurs qui transmettent des valeurs par la pratique du sport.»

Il accompagnera le club au moins durant trois ans. «Je souhaite rester tant que je peux apporter quelque chose. J’aimerais partir en laissant de la compétence», lâche-t-il. A plus court terme, il souhaite séduire. «J’aimerais récupérer les joueurs talentueux d’Yverdon qui n’évoluent plus ici. Et il y en a», lance le spécialiste, bien évidemment un plan en tête.

Deux matches à domicile

L’UC Yverdon reçoit les 13e et 14e rondes du groupe 1 de 3e ligue hommes grand terrain, dimanche. Les dix équipes engagées disputeront chacune deux rencontres aux Isles. La formation locale, qui pointe au 2e rang à six matches de la fin du championnat régulier, affrontera Aigle (12h40), un adversaire direct en haut de tableau, puis Corcelles-Cormondrèche II (15h25).

Pour l’UCY, l’objectif principal de la saison est de rester dans le top 4, afin de s’assurer d’évoluer à cet échelon la saison suivante (une 4e ligue grand terrain va être créée avec les moins bien classés). Compte tenu de sa position actuelle au classement et de sa forme ascendante, Yverdon ambitionne également de terminer 1er et, ainsi, de jouer les finales de promotion.

Des filles 5es et en progression

Le championnat de 1re ligue grand terrain des dames est terminé. Les joueuses de l’UC Yverdon se sont classées 5es, pour leur 2e saison à ce niveau, progressant de deux rangs par rapport à l’an passé. «Le bilan comptable n’est juste pas rempli, car on souhaitait terminer dans la première moitié du classement (réd: au moins 4es), concède l’entraîneur Nicolas Richard. Mais concrètement, l’équipe a beaucoup évolué. Avant, on défendait et on contrait. A présent, on parvient à imposer notre jeu.»

La progression individuelle est évidente au sein de l’effectif de la meilleure équipe romande -Yverdon est seul à évoluer à cet échelon-, comme les statistiques en témoignent: cette saison, quatre filles ont marqué avec une grande régularité, contre une seule lors de l’exercice précédent.

Il reste encore un challenge pour les filles de l’UCY: elles sont en quarts de finale de la Coupe vaudoise petit terrain. Une compétition qu’elles désirent remporter, même si sur un rink aux dimensions réduites, «ce n’est plus le même sport».

Manuel Gremion