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La moissonneuse de Batman
La moissonneuse de Michel Forestier est une Massey Ferguson Idéal 8 PL. Il est le seul dans le canton de Vaud à avoir une machine aussi performante.

La moissonneuse de Batman

29 juillet 2024
Edition N°3756

Les moissons touchent à leur fin. Dans le Nord vaudois, grâce à une moissonneuse-batteuse ultra-performante, unique dans le canton, Michel Forestier limite les pertes. Mais contre la météo, les céréaliers ne peuvent rien. L’année 2024 n’est pas très bonne pour les céréales. Il y a eu trop d’intempéries à la période de la floraison.

Textes: Jérôme Christen | Photos: Michel Duperrex

Si Batman avait dû un jour moissonner, il aurait assurément choisi ce modèle. Au volant de son impressionnante machine, Michel Forestier, agriculteur à Champagne, s’occupe du battage d’environ 200 hectares en plusieurs semaines en travaillant jour et nuit pour plusieurs céréaliers. Sa moissonneuse-batteuse est tellement performante qu’il a très peu de perte: en substance, le principe du système de coupe est le même que sur d’autres batteuses, mais après avoir franchi la barre de coupe, la matière est amenée par le convoyeur, dans les rotors. Leur première partie de 1m20 égrène le blé, leur seconde partie de 3m60 sépare les derniers grains de la paille, puis un flux en retire les particules fines.

«Avec cette machine pilotée informatiquement depuis le siège du conducteur, les capteurs me signalent le moindre problème, et je peux adapter les paramètres. Un contrôle visuel et humain au sol reste toujours obligatoire pour assurer une qualité de battage irréprochable», poursuit cet agriculteur qui dirige avec son fils Frank une entreprise qui gère un moulin, un centre de collecte de haut débit, produit des aliments pour animaux et propose diverses prestations comme le moissonnage.

La machine est certes performante, mais il faut la paramétrer, via le tableau de bord, puis surveiller et adapter les règlages au fur et à mesure de la coupe, afin d’éviter les pertes, et être efficace en termes de vitesse. «C’est un travail de précision. Il convient également d’être très attentif sur des terrains humides et ralentir si nécessaire pour ne pas s’enfoncer.»

Vitesse multipliée par cinq

Michel Forestier moissonne depuis 56 ans. « J’ai commencé avec une toute petite machine de 1,5 mètre de barre de coupe alors que celle-ci en fait 7,7. Les premières étaient mécaniques, c’était un peu comme un vieux vélo sans vitesses. L’efficacité actuelle est incomparable. Dans les années septante, on battait 0,3-0,4 hectare à l’heure. Avec cette machine, la performance varie entre 3 et 5 hectares à l’heure. On roulait à 1-2 km/h, alors qu’aujourd’hui, on atteint les 9 km/h selon la régularité du terrain et si la culture n’est pas versée.

Cette année, la récolte se présente plutôt mal avec une pluviosité qui a été excessive au moment de la floraison. Conséquence pour certaines variétés : un poids à l’hectolitre insuffisant, un temps de chute trop faible qui dégrade le grain panifiable et un excès de mycotoxines. En fonction de la gravité, une partie de la récolte est impropre à la consommation humaine et déclassée pour être attribuée à la consommation fourragère. Ou pire, des lots ne pourraient même servir qu’à produire du biogaz et donc ne valent rien.

«Il y a de bonnes et de mauvaises surprises. C’est à n’y rien comprendre. Il arrive que le blé soit beau, mais l’analyse conclut qu’il est de mauvaise qualité. A l’inverse, on pense visuellement qu’il est n’est pas bon mais il passe le cap. J’estime les pertes par rapport à l’an dernier, une année au contraire trop sèche, à 25-30%. Pareil pour l’orge tandis que le colza est la céréale qui s’en sort le mieux. La qualité des blés varie selon leur système de production, IP-Suisse avec ou sans herbicide et Label Suisse Garantie, conventionnel ou extenso.»

Une très mauvaise année!

Pierre-Yves Perrin, directeur de la Fédération suisse des producteurs de céréales, parle d’une année «historiquement très spéciale». Même s’il est prématuré de tirer un bilan précis, les moissons n’étant pas encore terminées, la baisse de rendement sera considérable. Il l’estime à 30% pour l’orge, un peu moins pour le blé. Il confirme qu’il y a eu beaucoup trop d’eau à la floraison provoquant le développement de mycotoxines fongiques. Et pour ne rien arranger, les épis ne sont pas remplis et les grains trop petits. «Les centres de collecte vont devoir travailler d’arrache-pied pour faire des nettoyages et ainsi tenter de sauver des lots. C’est un gros gros travail logistique très compliqué», ajoute Pierre-Yves Perrin. Pour bien comprendre l’incidence, le prix au kg atteint 56 francs par décitonne pour le blé panifiable contre 36 francs pour le fourrager. Et plus il y a de marchandise déclassée sur le marché, plus son prix baisse…

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