La Municipalité d’Yverdon se féminise et passe à droite
22 décembre 2014La PLR Valérie Jaggi Wepf réitère son excellent score du premier tour et accède à l’Exécutif de la Cité thermale avec plus de 62% des voix. Stéphane Balet accuse le coup.
On prend les mêmes et on recommence. Déjà en tête à l’issue du premier tour de l’élection complémentaire le 30 novembre dernier, la PLR Valérie Jaggi Wepf n’a fait qu’une bouchée du candidat socialiste, Stéphane Balet, lors du second tour, hier après-midi, en accédant à la Municipalité avec 62,83% des voix. «Je ne réalise pas bien. Franchement, je suis très étonnée», lâchait-elle, tout juste après son élection synonyme, aussi, de reprise de la majorité municipale par la droite.
Une surprise d’autant plus importante lorsque l’on sait qu’à droite la candidate était sans doute l’une de celles qui se voulaient des plus prudentes quant au résultat final de cette élection. Ainsi, hier matin, à l’heure du café dans la cuisine familiale, elle ne cachait pas avoir mal dormi. «Je n’ai pas arrêté de me réveiller!» La faute au doute, «parce que rien n’est fait, je vous assure», et à une campagne qui, «menée dans des délais très courts», a été «certes bien moins virulente» que ce à quoi la candidate s’attendait, mais fut «très éprouvante au niveau physique.

Hier matin, Valérie Jaggi Wepf en pleine lecture de l’article du jour, dans Le Matin Dimanche, sur les deux candidats à la Municipalité yverdonnoise.
Changement des rôles après le premier tour
«Avec le comité, nous faisions parfois des réunions à 6h du matin, faute d’avoir d’autre moment dans nos agendas. Franchement, je suis très fatiguée.» Et puis, il y a eu le résultat surprise du premier tour. «C’est vrai que, paradoxalement, depuis le 30 novembre, je me suis mise encore plus de pression. Parce qu’avant, c’était surtout au candidat socialiste de défendre un siège. Et, soudain, ça été à moi de confirmer mon score du premier tour», explique Valérie Jaggi Wepf.
Raison pour laquelle, hier, peu avant 11h30, au moment de se préparer à rejoindre une quinzaine de membres de son parti à la pizzeria La Grange, afin de patienter, ensemble, avant l’annonce des résultats, une fois encore, et alors que la pression s’accentuait un peu plus, son pronostic se voulait très prudent.
Incroyable expérience
«Franchement, je ne sais pas. Mais je pense que l’écart va passablement se réduire. Enfin, quoi qu’il en soit, je suis très contente que cela s’arrête. Que je puisse passer à autre chose, car, depuis septembre, je ne vis presque plus que pour cette campagne. Et puis, quel que soit le résultat, cette dernière aura été très riche humainement, elle m’aura permis de faire des rencontres incroyables.»

Le socialiste Stéphane Balet a attendu le verdict entouré de Pierre Dessemontet, son président de parti, et son épouse.
Un pessimisme qui expliquera, quelques heures plus tard, la grande stupéfaction de la candidate au moment d’apprendre son élection par 3823 voix, contre 2193 à Stéphane Balet, lors de ce second tour qui affiche un taux de participation de 31,14%. Une victoire nette que les sympathisants de Valérie Jaggi Wepf ont ensuite été fêter du côté du restaurant de La Plage. Histoire de profiter encore un peu de l’instant. «Avant une entrée en fonction qui devrait se faire d’ici deux à trois mois, le temps de quitter mon emploi actuel, même si je participerai déjà aux séances de Municipalité », explique la nouvelle élue. Puis viendront l’élection du syndic (voir encadré) et la répartition des dicastères de cet Exécutif qui, pour la première fois, sera composé en majorité de femmes.
Raphaël Muriset
Syndicature promise à Jean-Daniel Carrard
Le prochain syndic de la Cité thermale sera, selon toute vraisemblance, Jean-Daniel Carrard. Hier, dès le résultat de l’élection connue, le PLR a annoncé qu’il lancerait l’actuel municipal de la police, actuellement en vacances à l’étranger, dans la course à la syndicature. «C’est le choix de l’expérience, commente Christian Weiler, président du parti yverdonnois. Jean-Daniel Cararrd a également envie de travailler sur le long terme.» L’homme pourrait ainsi quitter la police pour reprendre les finances de la Ville. L’élection devrait être tacite. On imagine mal, en effet, la gauche, encore sonnée, contester le poste à la droite, grand vainqueur du scrutin d’hier. La date officielle pour le dépôt des candidatures est fixé au 26 janvier prochain, à midi. S’il est élu, le PLR, âgé de 56 ans et qui a intégré la Municipalité en 2002, sera le 31e syndic d’Yverdon.
Stéphane Balet envisage de quitter la politique
«Je n’ai pas été à la hauteur»
C’est peu dire que la pilule est difficile à avaler à gauche. «Je suis fâché, réagissait à chaud Stéphane Balet. J’ai fait une campagne honorable, j’ai défendu les idéaux de gauche, je ne comprends pas que la population me remercie comme ça. Mon score est pitoyable! Je dis bien pitoyable! Visiblement, je n’étais par le bon candidat. Je n’ai pas été à la hauteur.»
Très affecté, le socialiste envisage sérieusement de mettre un terme à sa carrière politique. «Si je m’écoutais, je renoncerais dès aujourd’hui à tous mes mandats. En tout cas, avec 36%, il est très très peu probable que je sois à nouveau candidat à la Municipalité en 2016.»
De son côté, Pierre Dessemontet, président du Parti socialiste yverdonnois, «prend acte avec humilité» de la défaite: «Nous payons assez chèrement un style de direction qui finit par déplaire. Nous devons renouer le dialogue avec la population, mais aussi à l’intérieur de notre parti, et continuer de défendre nos valeurs. Nous allons poursuivre le travail, mais cette fois dans l’opposition, pour les Yverdonnois. Aux PLR, je leur souhaite bon courage -c’est à eux maintenant de porter le poids de la majorité- mais, aussi, et sincèrement, bonne chance.»