La parole aux seniors
5 septembre 2024 | Texte et photo: Jessica KormannEdition N°3782
Le Conseil des seniors d’Yverdon-les-Bains (Cosy) s’est réuni mardi pour sa 4e assemblée plénière.
Avec ses 256 membres, le Cosy est l’endroit où il faut être afin de proposer des projets pour ou par les seniors de la Cité thermale. Ainsi, après l’adoption unanime du compte rendu de la séance précédente, divers projets ont été discutés, dont certains ont séduit plus que d’autres.
L’un des premiers à avoir été évoqués est l’action-parrainage. Ce projet bénévole, fondé en 2016, vise à mettre en contact une ou plusieurs personnes migrantes avec un habitant de la Suisse, afin de faciliter l’intégration de ces personnes dans notre pays. Cette aide peut aller du soutien administratif, à la découverte de la région et l’apprentissage du français. Aucune langue ou compétence particulière ne sont requises afin de participer au projet, hormis une volonté d’aider. Il n’est par ailleurs pas nécessaire de faire partie du Cosy, et n’importe quel citoyen peut participer à cette action.
Marraine depuis 15 ans, l’une des membres présentes témoigne: «Chacun s’investit à la mesure de ce qu’il souhaite. Je me suis investie pour des familles pour lesquelles j’ai consacré énormément de temps pour les démarches administratives, l’encadrement des enfants, et l’aide à tous les niveaux, mais il est aussi possible de faire une demi-heure par semaine, ou même une heure par mois.» Chaque citoyen qui en a le désir et est touché par la question de l’intégration est donc le bienvenu pour aider les migrants qui le souhaitent dans leur processus de découverte et d’apprentissage de la Suisse.
Restructuration du comité
Autre élément crucial de la rencontre de mardi, l’avenir du Cosy, qui a été au coeur de la discussion. Depuis le 1er janvier, le groupe fonctionne sans comité, faute de relève, ce qui a mené le groupe de travail du Cosy à plancher sur une solution à ce problème. Pour eux, le meilleur moyen de continuer à faire tourner le groupe, mais également le plus logique, est de tabler sur une gouvernance sans comité. Afin d’en discuter, un atelier aura lieu le 17 septembre, pour voir comment la structure sans comité pourra être organisée.
Avec cette réorganisation officielle de sa gestion, le Cosy pourra ainsi continuer l’exercice de cette gouvernance sans comité, qui a, jusqu’ici, très bien fonctionné.
La technologie fait débat
L’élément qui a cependant fait le plus parler mardi concerne un projet présenté par Rafael Fink: la plateforme Digital-Facile. Constatant les difficultés rencontrées par de nombreux seniors face aux outils numériques, tels que les QR Codes, les applications mobiles, ou encore l’installation de matériel informatique, la plateforme Digital-Facile, actuellement en phase de test, a été imaginée. Elle vise à faciliter l’entraide pour l’utilisation des technologies, et s’adapter aux besoins de chacun.
Conçue pour répondre à différents besoins, la plateforme en ligne propose tout d’abord des tutoriels vidéo, réalisés par d’autres seniors, qui visent à expliquer le fonctionnement de différentes applications mobiles. Actuellement, un tutoriel est déjà disponible pour l’utilisation de l’application Mobile CFF. D’autres suivront, pour toutes les applications dont l’utilisation pourrait nécessiter une aide. En plus de cette fonctionnalité, une plateforme a été mise en place, où il est possible de proposer ou demander de l’aide, selon ses besoins. Enfin, pour ceux qui ont déjà quelques compétences de base en nouvelles technologies, un blog de soutien sera disponible. Il est d’ores et déjà possible de s’aventurer sur la plateforme, afin de participer à sa phase test. Sa version définitive devrait être lancée en fin d’année.
«L’idée derrière tout ça n’est pas de lutter, mais d’accompagner ce qu’on appelle aujourd’hui la fracture numérique, témoigne Jean-Marc, membre du Cosy ayant participé à la conception d’un tutoriel vidéo. Une partie d’entre nous n’est pas née avec un smartphone entre les mains, et selon à quel moment on a dû entrer dans cette démarche dématérialisée, certains ont de gros problèmes, parce qu’ils ne comprennent pas, ou qu’ils ont peur. C’est normal, quand on ne sait pas, on a peur.» Pour les concepteurs et participants du projet Digital-Facile, l’objectif est avant tout d’éviter à une grande part de la population de se trouver marginalisée en raison du changement technologique rapide.
Cependant, si la plateforme a rencontré l’approbation des membres du Cosy mardi, le virage technologique de ces dernières années en inquiète plus d’un. «Est-il prévu, quelque part, une possibilité de résister à cette dictature numérique?» réagissait Marie-Pascale Le Bé, après la présentation de Rafael Fink. N’ayant aucun problème avec la plateforme, dont elle salue la création, cette membre du Cosy a surtout exprimé une réticence quant à la place de plus en plus importante du numérique dans nos vies. «Je trouve dommage de jeter les savoir-faire que nous avons acquis pour une nouvelle technologie, témoigne-t-elle. C’est le propre de l’être humain; à chaque fois qu’il y a une nouvelle découverte, on jette ce qu’il y avait avant. En fait, on ne gagne rien, puisqu’on perd quelque chose.»
Convaincue qu’il faudrait trouver une meilleure balance entre le développement de nouvelles technologies et la conservation d’anciens savoir-faire, Marie-Pascale Le Bé espère parvenir à trouver, au sein du Cosy, un moyen de lutter contre la suppression de nombreux services au profit du numérique, ne serait-ce qu’en mettant des mots sur le problème.
Accédez à la plateforme sur le site internet suivant: www.digital-facile.ch