Logo

La plage est sa deuxième maison

8 août 2016 | Edition N°1801

Yverdon-les-Bains  – La kiosquière Thérèse Gugler a remis son commerce à sa fille, après plus de 30 ans de bons et loyaux services, même si elle n’a pas totalement arrêté son activité. Rencontre avec cette figure du bord du lac.

Thérèse Gugler a remis son kiosque à sa fille Joëlle Moser, mais elle n’a pas pour autant cessé de mettre la main à la pâte. ©Carole Alkabes

Thérèse Gugler a remis son kiosque à sa fille Joëlle Moser, mais elle n’a pas pour autant cessé de mettre la main à la pâte.

L’enthousiasme de Thérèse Gugler pour son kiosque renaît habituellement au printemps, lorsque les premiers rayons de soleil balayent la fatigue accumulée la saison précédente et l’ennui apparu entre temps. Mais cette année, cette évolution observée, depuis un certain temps, par la fille de la commerçante, n’a pas été d’actualité. Du haut de ses 74 ans, celle que tous les habitués de la plage d’Yverdon-les-Bains appellent simplement Thérèse ne se sentait pas d’attaque pour rempiler. Sa fille a donc accepté de reprendre 
les rênes.

Ne nous y trompons toutefois pas. Cette transmission de témoin ne veut pas dire que la figure emblématique du bord du lac a définitivement jeté l’éponge après plus de 30 ans d’activité. Samedi matin, elle était toujours fidèle au poste, dans les coulisses de son écrin vert, pour préparer les sandwiches. «Elle ne peut pas lâcher. Elle effectue encore des commandes et me remplace durant ma
 pause quotidienne, ainsi qu’un jour par semaine, pour me permettre de m’occuper de mon propre restaurant, aux Paccots», commente Joëlle Moser. «J’ai une tête à me reposer ?», demandera sa mère plus tard dans la discussion, pour confirmer que sa disparition de la scène estivale yverdonnoise n’est pas à l’ordre du jour.

Un épisode difficile de la vie de Thérèse, survenu en 2003, illustre le lien «viscéral» qui l’unit à son univers. Atteinte d’une leucémie foudroyante, cette modiste de formation, trop âgée pour bénéficier d’une greffe de moelle osseuse, était condamnée, de l’avis médical. «Elle m’a dit qu’il fallait vendre le kiosque. Mon frère voulait le faire,
mais j’ai refusé. Il fallait le sauver, pour qu’elle puisse s’en occuper
 l’année suivante», déclare sa fille.

Planche de salut

Lors de son intérim, cette dernière était assaillie, à chacune de ses visites à l’hôpital, de questions sur le fonctionnement du point de vente. En décembre, sa mère était de retour à la maison et elle ouvrait son kiosque à Pâques 2004, comme à 
l’accoutumée. «J’avais un but», souligne, en toute simplicité, la miraculée, dont l’arrivée dans la Cité thermale est le fruit des hasards de la vie.

Thérèse Gugler a travaillé seize ans dans une laiterie de sa Lorraine natale, puis elle a suivi son mari de l’époque en terre neuchâteloise. «Je ne savais pas où se trouvait la Suisse», précise l’intéressée, hilare. Après avoir officié comme responsable d’un restaurant self-service, elle longe le lac pour reprendre la caravane
de son prédécesseur ouverte en période estivale à Yverdon-les-
Bains, et complète son emploi du temps en travaillant comme sommelière.

Investissement pour Expo.02

Thérèse délie les cordons de sa
bourse pour remplacer le véhicule,
qui souffre du poids des années, par
deux containers agrémentés d’une
plantation d’arbres à l’occasion
 d’Expo.02. Une offre toujours plus
 étoffée est proposée au fil des ans.
Hormis les traditionnels jeux de 
plage, boissons et snacks en tous
 genres, le kiosque met aujourd’hui à
 disposition un micro-ondes pour
chauffer les biberons, des cuillères
 pour les bébés, de la ficelle pour les 
navigateurs, et même quelques
 disques de stationnement à l’intention
 des conducteurs non équipés, 
pour ne citer que ces exemples.


Un endroit pacifié

Thérèse apprécie la convivialité
qui règne sur le site de la plage 
d’Yverdon-les-Bains, où les bagarres
 entre jeunes ne sont plus qu’un mauvais
 souvenir. «Les familles se sont
 réapproprié les lieux», abonde sa 
fille.

Le soleil, la plage et le contact
 avec les gens -certains enfants 
d’alors sont devenus parents- sont 
les ingrédients qui poussent la septuagénaire
 à revenir chaque année
 dans son fief, véritable point d’ancrage
 dans un parcours marqué par
les déménagements -elle habite
 maintenant à Champagne- et les
 changements dans le domaine de la 
vie privée.

Ses sandwiches terminés, Thérèse
 part prendre une pause bien méritée
 sur sa chaise longue installée de 
l’autre côté de l’allée. Parfaitement à 
sa place, comme un poisson dans 
l’eau.

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Ludovic Pillonel