La population reste attachée à sa voiture
4 juin 2025 | Textes: J.-Ph. Pressl-WengerEdition N°3954
Quarante volontaires se sont privés de leur voiture durant un mois, profitant gratuitement de plusieurs offres de transports en commun ou de possibilités de mobilité douce. Une grande majorité des sondés veulent conserver leur véhicule.
On ne change pas si facilement une équipe qui gagne. Après avoir tenté l’expérience de vivre leur quotidien sans leur voiture, la majorité des sondés, lors du débriefing de la semaine dernière, ont été confortés dans leur choix d’utiliser un transport individuel motorisé (TIM). Une des questions de la soirée relevait de ce que les participants voudraient changer après cette expérience de quatre semaines. Les réponses sont éloquentes: 30% ne désirent opérer aucun changement dans leur mode de transport et 61% souhaitent garder leur véhicule, mais tenter de moins l’utiliser.
Quels sont les freins?
A l’heure où les collectivités publiques essaient de trouver des solutions pour atteindre les objectifs d’une neutralité carbone en 2050, le résultat a de quoi interpeller. Les freins à la transition s’avèrent être multiples selon les témoignages récoltés. «Je vais retrouver ma voiture avec plaisir, a lâché un homme d’âge mûr. Tout est vraiment trop compliqué, notamment les réservations via les applications.» Son fils, également partie prenante de l’expérience, a partiellement nuancé le propos: «Personnellement, j’ai trouvé cela plutôt positif, a-t-il souri. Même si j’ai connu quelques soucis avec le service après-vente de l’entreprise Mobility.»
Du sommeil en moins
Le temps passé dans les transports publics a également constitué un facteur pour expliquer le manque d’engouement à sacrifier définitivement la voiture. «J’avais surtout participé pour tester les transports en commun afin de relier mon lieu de travail à Penthaz, a expliqué un jeune homme. Dans ce cas de figure, je perds une heure par jour, et si j’extrapole tout cela sur une année, cela me fait perdre 28 nuits de sommeil.»
Si quelques personnes ont trouvé l’expérience agréable, la question du prix des transports publics a constitué une des problématiques. «Si on avait dû payer nous-mêmes les divers abonnements utiles, cela aurait été trop cher», a-t-on encore pu lire dans les remarques des participants. Une personne a tout de même admis qu’elle prévoyait de se séparer de son véhicule motorisé. C’est un début.
«Processus au long cours»
«Nous ne nous attendions pas à ce que 40 personnes abandonnent leur voiture après ce défi, tempère Stephan Utz, du bureau BMH à Lausanne, organisateur du défi pour les cinq villes participantes. De notre côté, ce défi constitue une réussite car nous sommes parvenus à ce que ces personnes se posent véritablement la question de leur mobilité. De ce point de vue là, c’est donc un succès. Même si le transfert modal demeure un processus au long cours.
Le défi «un mois sans ma voiture» est un événement qui a été organisé dans cinq communes vaudoises ce printemps (Yverdon-les-Bains, Vevey, Lausanne, Montreux et Epalinges). Il est financé à parts égales par le Canton et les communes concernées.