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La reconversion de William Luckhaupt

17 avril 2014

Football – 1re ligue classic – Pilier de la défense du FC Bavois ces dernières saisons, le Français officie, depuis cet hiver, comme assistant de Bekim Uka, tout en se tenant à sa disposition. Rencontre, avant le match de ce soir contre Martigny, avec un homme qui sait où il veut aller. Et qui n’y va pas par quatre chemins.

William Luckhaupt est un compétiteur. Il avoue sans détour qu’il n’a pas été facile pour lui de souvent s’asseoir sur le banc cette saison.

William Luckhaupt est un compétiteur. Il avoue sans détour qu’il n’a pas été facile pour lui de souvent s’asseoir sur le banc cette saison.

Carte d’identité

Nom : William Luckhaupt.

Age : 34 ans.

Domicile : Romanel-sur- Lausanne.

Clubs successifs : Centre de formation de l’Olympique de Marseille, Fosse-sur-Mer, Calvi, Montauban, La Rochesur- Yon, Le Mont, Bavois.

 

Sur un terrain de football, William Luckhaupt ne passe pas inaperçu. Il y a son regard, celui du type qui n’est pas là pour plaisanter. Sa carrure, celle du défenseur central qu’on n’impressionne pas d’un coup d’épaule. Et son sens du jeu, du placement, acquis du centre de formation de l’Olympique de Marseille aux quatre coins de la France, dans différentes équipes de CFA, qui lui a permis de s’imposer comme une pièce maîtresse du FC Bavois ces dernières années. Petit à petit, c’est toutefois du banc qu’il va faire parler son expérience. Depuis cet hiver, il est devenu l’assistant de Bekim Uka. Les prémices d’une reconversion qu’il envisage sereinement, sans vouloir brûler les étapes.

Après une saison 2012-2013 où l’équipe nord-vaudoise «pouvait faire jouer n’importe qui et gagner», William Luckhaupt a perdu son statut de titulaire en puissance après la promotion en 1re ligue classic. Il y a eu des blessures : une déchirure à un mollet, puis une entorse à une cheville. Et la concurrence, qui s’est faite plus rude, avec cinq défenseurs centraux de qualité pour deux postes. «L’entraîneur a fait ses choix», coupe le Français de 34 ans. Une situation qu’il n’a pas, pour autant, acceptée de gaieté de coeur. «Se retrouver sur la touche, quand tu estimes que tu peux encore jouer, c’est dur, avoue-t-il. Tu bosses, tu bosses et il n’y a pas forcément d’évolution.»

On l’appelle coach

A Noël, alors que l’assistant de Bekim Uka, Luc Lenoir, entend se préparer sérieusement pour la prochaine Patrouille des Glaciers, on lui propose de le remplacer, tout en continuant de s’entraîner. «Je me suis dit, bon, je vais avoir 35 ans, et j’ai accepté», raconte-t-il. Depuis quelques mois, il donne donc des conseils, participe à établir les compositions d’équipe, se voit comme un relais entre le club, l’entraîneur et les joueurs. Ces derniers ont bien accepté son nouveau rôle. «Ils me chambrent un peu, ils m’appellent coach. Mais ça se passe bien», sourit-il.

Il faut dire que William Luckhaupt impose le respect. Par son parcours, d’abord : il a suivi la filière de formation d’élite de l’OM jusqu’à ses 20 ans, puis a vécu du football, notamment en Corse, à Calvi, alors en CFA 1. Par son franc-parler, ensuite : «Je ne suis pas menteur, je dis les choses telles qu’elles sont et je n’y vais pas par quatre chemins. En France, on est éduqués comme ça. Si tu n’es pas bon, le coach va te le dire et c’est tout.» Par sa personnalité, enfin : l’homme est un gagneur qui exècre la demi-mesure et ne déteste rien plus qu’entendre des «on fera mieux la prochaine fois».

Entraîner, c’est une idée que le nouvel assistant de Bekim Uka a dans un coin de la tête depuis longtemps. «Cela m’intéresserait d’encadrer des jeunes de 16-18 ans, voire des adultes. Les petits, l’école de foot, moins.» Petit à petit, il va donc faire ses gammes. Première étape : obtenir son premier diplôme en août. Sa reconversion est en marche, en accord avec le FC Bavois.

Arrivé pour six mois

Car William Luckhaupt n’est pas un mercenaire du football régional. En juillet, cela fera dix ans qu’il a posé son sac de footballeur en Suisse, d’abord au FC Le Mont. Rien à voir avec son plan de départ. «Alors que j’avais 25 ans, j’avais envie d’une

expérience hors de la France, se souvient-il. Quand je suis arrivé, c’était pour six mois.»

La vie en a décidé autrement. Une affaire de rencontres : Serge Duperret, président du FC Le Mont, lui permet d’évoluer dans des conditions idéales («aujourd’hui encore, nous sommes proches », dit-il), tandis que Jean- Michel Viquerat le fait venir à Bavois -une fois la promotion en 2e inter acquise après des finales contre… Le Mont- en lui offrant l’opportunité de s’intégrer dans le monde du travail. «Aujourd’hui, j’ai quelque chose à côté du foot», se réjouit celui qui assume une fonction de responsable de service après-vente dans le domaine du comptage de l’énergie. Et puis il a trouvé l’amour, ce qui n’est pas rien.

Pas trop de neige

Alors, presque Suisse, William Luckhaupt ? Pas tout à fait quand même. Le climat du sud de la France lui manque. Il ne cache pas que, pour l’enfant de Marseille, les hivers helvétiques sont rudes. «Cette année, ça a été, il n’y a pas eu trop de neige», note-t-il. Et lors du prochain Mondial, ce sont bien les Bleus qu’il encouragera : «Nous allons gagner 2-0 contre la Suisse. Franchement, la France a hérité d’un groupe facile.»

Quoi qu’il en soit, il se sent bien dans son pays d’accueil et se voit y rester «encore pas mal d’années». A mesure qu’il conte son parcours, le nouvel entraîneur assistant du FC Bavois s’amuse naturellement à relever les petites différences culturelles qu’il a pu observer entre l’Hexagone et la Suisse. «Vous, ici, vous êtes tranquilles, cools. Même dans votre façon de parler. Vous ne vous pressez pas.» Il y a toujours dans sa voix une nette pointe d’accent marseillais, mais son débit n’est pas si rapide que ça. Il rigole. «Je me suis intégré, qu’est-ce que vous croyez ?»

 

Le coup de fil

La journée de 1re ligue en un téléphone

3_2Bavois – Martigny, aujourd’hui à 20h au terrain des Peupliers.

William Luckhaupt, entraîneur assistant à Bavois : «Gilardi (cuisse), Hill (genou), Zeneli et Rossé (suspendus) seront absents, tandis que Rachane est incertain. Il nous faut les trois points à tout prix, contre une équipe capable de tout.»

Lionel Pittet