Bien-être – Martine Bovard, professeure de yoga, donne des cours adaptés aux enfants. Après trois ans de réflexion, l’Yverdonnoise autoédite Le yoga du Sage, une histoire qui permet d’initier l’enfant à ses premières postures.
Textes: Amélie Gyger
«Namaste les enfants. Qui se souvient de la posture du sage ?» Il fait déjà chaud à Yverdon quand les six enfants s’installent sur les tapis de yoga disposés en cercle. Martine Bovard, accompagnée de sa collaboratrice Christel Lorenz, entame le cours. Elle raconte ce matin l’histoire du sage et de son chien Zouki, celle-là même qu’elle va éditer.
«On va partir en Inde. Vous êtes d’accord de partir avec moi?» demande Martine Bovard aux élèves. L’histoire est celle d’un sage qui vit dans l’Himalaya. Avec son chien Zouki, ils reçoivent la visite d’animaux qui ont besoin d’aide. Parce que les enfants de cet atelier ont déjà entendu l’histoire, la professeure pose beaucoup de questions. Quel animal vient voir le sage? Quel problème a-t-il? Les réponses fusent, elle acquiesce: «C’est le serpent. Il est en train de perdre sa peau. »
Les séances sont relativement courtes, afin que les enfants ne se déconcentrent pas trop. © Gabriel Lado
La professeure guide les enfants dans les différentes poses. Celle du sage, d’abord, pour amener les enfants à se concentrer. Le silence règne, à peine rompu par le murmure de la route. Martine Bovard accompagne aussi l’exercice avec un bol chantant. Les postures du chien tête en haut et tête en bas suivent de près. à chaque élément clé du récit correspond une posture. «Le fait de passer par une histoire permet d’amener le yoga de manière très ludique, explique Martine Bovard, ça leur parle plus.»
Lorsque le serpent entre en scène, la professeure guide les enfants, très attentifs, dans la posture du cobra. Elle les corrige par la voix: «Attention, on rentre les coudes vers la cage thoracique, parce qu’un serpent, ça n’a pas de bras!» Pour plus de réalisme, les enfants sont invités à tirer la langue et à siffler.
Avec cette histoire, Martine Bovard veut permettre à l’enfant de faire le lien avec son corps. Elle prend le serpent et sa mue comme symbole de changement, une étape normale de la vie. «Vous aussi vous avez déjà perdu quelque chose?» interroge-t-elle. Certains enfants évoquent la coupe des cheveux ou la perte des dents. D’autres pensent déjà aux changements de l’adolescence. «Bientôt je vais beaucoup grandir», répond Erika, 10 ans.
Le cours se termine sur un moment de relaxation. Deux enfants ouvrent un œil et se lancent un sourire complice. Elio, le plus jeune du haut de ses 5 ans, s’est presque endormi.
Quiz et coloriage
La séance est relativement courte, un peu moins d’une demi-heure. «Au-delà, les enfants s’ennuient ou se déconcentrent, explique la professeure. Je monte parfois à 45 minutes avec des plus âgés, mais pas plus.»
à la fin, les enfants sont invités à dessiner. Un foulard rose et violet, étendu sur le sol, présente aux enfants dessins en noir et blanc, ainsi que feutres, crayons et pastels. Les modèles, en lien avec l’histoire, ont aussi été conçus par Christel Lorenz. «Ils peuvent amener leur touche, leur créativité. Ça leur permet aussi de mieux se connaître», explique l’illustratrice.
Chacun est concentré sur son dessin. «J’ai aimé faire les postures, je me sens très bien», commente Erika, la plus âgée. Sa maman Malika, fille de Martine, faisait déjà du yoga quand elle était enceinte d’Erika. Un intérêt qu’elle semble lui avoir transmis: «Petite, elle faisait tout le temps des postures dans le salon», dit-elle en riant. Malika espère que le livre permettra à d’autres parents d’aborder le yoga avec leur enfant.
Pas de compétition
Pour Loan, 9 ans, le yoga lui permet de se recentrer. «Il a arrêté le judo récemment, explique Jennyfer, sa maman. Il n’aime pas trop les combats.» Le moment préféré de Loan? «Quand le serpent perd sa peau. Et le coloriage», répond-il. Et Elio, comment se sent-il ? «Content», lâche-t-il timidement, sans quitter des yeux son dessin. Bientôt, les feuilles à moitié coloriées sont abandonnées sur les tapis. Le calme est passé, place à la tempête: les enfants ont lancé une expédition entre les menhirs.
«C’est un endroit où il n’y a pas de compétition, conclut Martine Bovard, c’est rassurant pour les enfants en difficulté. Le yoga, c’est être là pour soi, faire connaissance avec son corps. Chacun bouge à son rythme.»
De futurs ateliers seront annoncés en ligne. Deux dates ont déjà été prévues: les 29 octobre et 19 novembre, de 10h à 11h15.
Le yoga du Sage, sortie le 26 août
Le livre retrace l’histoire du Sage et de son chien Zouki. Ils habitent une grotte de l’Himalaya et reçoivent les animaux qui ont besoin d’aide. Ici, il s’agit du serpent. Le livre se trouvera au kiosque du Château au prix de 15 francs. Une séance de dédicace aura lieu le samedi 26 août de 10h à 12h.
Le livre est composé de pages écrites par Martine Bovard et illustrées à l’aquarelle par Christel Lorenz, ainsi que de fiches techniques qui expliquent les postures. Un quiz permet à l’enfant de se questionner sur son corps et le livre se termine sur un coloriage. Il est destiné à une tranche d’âge de 4 à 8 ans.
Le yoga du Sage est le premier livre réalisé par Martine Bovard et Christel Lorenz. Le projet est en réflexion depuis trois ans. L’idée a germé en 2020, pendant le Covid. Les cours en présentiel interdits, Martine Bovard a cherché un moyen de transmettre le yoga autrement. Christel Lorenz avait déjà créé quelques images pour cette histoire. Le projet était lancé. Le livre a été réalisé avec l’aide d’Yvan Gindroz d’Helios et de l’imprimerie Cavin à Grandson.
Infos pratiques
Achat: au kiosque du Château au prix de 15 francs.
Dédicace: au kiosque du Château, samedi 26 août de 10h à 12h.
Ateliers: annoncés sur le site www.yoga-yverdon.com.
