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La remise en question qui change tout

10 janvier 2019 | Edition N°2411

Depuis que le HC Yverdon a mis les choses au clair et réaffirmé sa confiance en son entraîneur, le club a remporté les trois matches qu’il a disputés. Tout sauf un hasard.

Septembre 2017. Le Lausane-Sport est au plus mal. Les Lausannois n’ont engrangé que deux points lors des six premiers matches de la saison de Super League. Devant l’urgence de la situation, beaucoup réclament le départ de l’entraîneur Fabio Celestini. La décision d’Alain Joseph, alors président? Rassembler la presse, rappeler certains chiffres importants et affirmer plus que jamais sa confiance en son coach. Trois mois plus tard, le LS partait en vacances aux portes de l’Europe. Ce qui, d’apparence, ressemblait à un simple statu quo avait complètement changé la dynamique de l’équipe.

On ignore si Bertrand Barbezat s’est inspiré de la gestion de l’ancien boss du LS, reste que la décision prise par le président du HC Yverdon est, toutes proportions gardées, extrêmement similaire au cas évoqué plus haut. Il y a trois semaines, à la suite de nombreuses discussions internes, l’homme annonçait que, quoi qu’il arrive, la première équipe irait au bout de l’exercice avec son entraîneur, Jiri Rambousek. Un choix tout sauf anodin, le groupe traversant une crise (dix défaites en onze matches) et certaines voix externes au club commençant à remettre en question les qualités de meneur d’homme du coach tchèque.

Une équipe de playoffs

Derrière cette prise de position, une volonté claire: placer les joueurs devant leurs responsabilités. Car non, le très bon début de championnat réalisé (onze points en cinq rencontres) n’était pas un coup de chance et le véritable rang des Nord-Vaudois ne se trouve certainement pas entre les 9e et 14e places, zone du classement à laquelle ils semblaient condamnés. Et si cette affreuse série noire a pu faire oublier cette réalité à certains, Bertrand Barbezat, lui, n’en a jamais douté.

Sa décision a trouvé un premier écho positif juste avant Noël, lorsque le HCY s’est arraché pour prendre le meilleur sur Genève-Servette II aux tirs au but. Loin de se satisfaire d’un seul résultat encourageant, le club a continué à remettre les points sur les «i» durant les fêtes, à coup de discussions individuelles, collectives et de remontages de bretelles en bonne et due forme. Résultat? Une brillante victoire face au leader Franches-Montagnes vendredi.

«Mais à quoi bon aller gagner à Saignelégier si c’est pour perdre face à un adversaire direct ce soir (ndlr: mardi)», a lancé, toujours très prudent, le patron du HCY, juste avant que l’équipe en découde avec Meyrin. Sauf qu’à force d’être martelé, son message a fini par être retenu. Et, même sans être brillants d’abnégation et de fluidité, les Yverdonnois ont validé un nouveau succès (4-2), le troisième en autant de matches. Si rien n’est encore acquis, un déclic s’est définitivement produit dans les têtes nord-vaudoises.

«Ce qu’on nous a demandé? De nous investir davantage individuellement, de nous impliquer pour le groupe, explique le défenseur Valère-Anthony Pizzirusso. On était tombés dans une certaine facilité, on faisait moins d’efforts. Et, lorsque les mauvais résultats ont commencé à s’enchaîner, on chercherait des coupables, sans se remettre directement en question.»

Enchaîner lors du derby

Le premier effet positif au classement s’est déjà fait sentir: voilà Yverdon quasi tiré d’affaire concernant une participation aux playouts. Reste qu’on ne sait pas ce qui est le pire: prendre part aux playouts, où il existe un véritable enjeu (celui de sauver sa place en 1re ligue), ou figurer aux 9e et 10e places synonymes de fin de saison abrupte d’ici à peine un mois (avec la possibilité d’effectuer une série sans intérêt face à l’autre 9e ou 10e). Pour éviter l’un des deux scénarios, il n’existe pas 36 options. La plus simple: prendre le meilleur sur le HC Vallée de Joux (demain à 20h15 au Sentier) et tenter de voler la 8e place aux Combiers, qualificative pour les playoffs.

 

Une décomplexion retrouvée et un mur nommé Pfäffli

Peu de pénalités sont bonnes à prendre. Celle reçue mardi par Valère-Anthony Pizzirusso alors que Meyrin venait d’inscrire le 1-1 n’échappe pas à la règle, même si le défenseur du HC Yverdon a peut-être évité à son gardien une situation délicate à gérer sur ce coup-là. Il existe néanmoins bien un avantage à partir «en prison»: celui de tenter de surprendre l’adversaire au moment de revenir sur la glace. Et c’est précisément ce qu’a réussi à faire le no 44 yverdonnois. Alors que les Genevois se ruaient à l’attaque, Bryan Borgeaud a pu dégager un puck, qui est arrivé directement sur Pizzirusso, qui finissait tout juste de purger sa peine. Giuseppe Pappalardo a récupéré la rondelle, qu’il est parvenu à glisser d’un geste magnifique juste devant le but, où se trouvait justement son compère. La suite? Une reprise directe splendide sous la latte, qui a permis au HCY de se détacher pour ne plus être rejoint.

«Je ne m’attendais vraiment pas à recevoir un puck dans de si bonnes conditions, a souri le buteur, avant d’en rajouter une couche. Vous trouvez que la finition est aussi belle que la passe? En vérité, je ne sais pas trop. J’ai fermé les yeux au moment de tirer et… c’est entré.»

Paillat a trouvé grâce

Si le HCY a peut-être fait preuve d’un peu de réussite sur ce coup, cette scène traduit surtout le retour d’une confiance qui avait longuement disparu. Non, Sven Cordey et ses camarades n’ont pas montré toute l’intensité qu’on attendait d’eux et qui avait fait leur force tant face à Genève-Servette II que contre Franches-Montagnes. Mais ce groupe semble avoir gagné en décomplexion, une qualité qui a souvent fait sa force par le passé. Le 2-1 en est une preuve, le numéro réalisé par Juris Zandosvkis et Jérôme Vioget (un une-deux bien senti auquel il a juste manqué la conclusion) lors du deuxième tiers en est une autre. Dans ce registre-là, on peut également citer l’enchaînement grand pont – petit pont – tir sur la latte de Benjamin Paillat dans l’ultime période. Si l’attaquant yverdonnois aurait vraiment mérité de marquer sur ce coup-là, il a pu atténuer un peu de sa frustration en inscrivant le 4-2 final quelques minutes plus tard.

Cette qualité-là fera des dégâts à coup sûr, à condition de ne pas oublier l’essentiel: aucun match facile n’attend le HCY jusqu’au terme de la saison. Mardi, Yverdon s’est par moments égaré, ce qu’il ne peut plus se permettre. L’occasion de souligner l’immense performance au but de Moritz Pfäffli, à qui on peut attribuer au moins un des trois points remportés mardi. L’ancien du HCVJ a absolument tout fait juste, gardant ses coéquipiers dans le match d’un bout à l’autre. Cette saison, Jiri Rambousek avait pris l’habitude d’alterner entre ses deux gardiens, ce qu’il fait un peu moins à présent. Désormais, Pfäffli semble clairement avoir endossé le rôle de numéro 1 et sa performance face à Meyrin a rassuré tout le monde. Avec un tel mur, le HCY peut plus que jamais rêver de playoffs.

 

YverdonMeyrin 4-2 (1-0 1-1 2-1)

Buts: 6e Borgeaud (Rochat) 1-0; 28e Lathion (R. Mayenzet, Pivron) 1-1; 31e Pizzirusso (Pappalardo, Borgeaud) 2-1; 52e Baruchet (Gay, Rochat) 3-1; 59e Pivron (Morou, Mani/5c4) 3-2; 59e Paillat (Beutler) 4-2.

Yverdon: Pfäffli; Vidmer, Vazquez; Cordey, Narbel; Pizzirusso, Borgeaud; Zandovskis, Vioget, Beutler; Baruchet, Gay, Rochat; Paillat, Pippia, Köppli; Pappalardo. Entraîneur: Jiri Rambousek.

Meyrin: Zürcher; Schüpbach, Rogg; Maréchal, Laffin; Mani, Bonasconi, Benchalh; Lathion, Mayenzet, Pivron; M. Morou, Y. Morou, Walker. Entraîneur: Christian Pouget.

Notes: Patinoire d’Yverdon-les-Bains, 156 spectateurs. Arbitrage de Jonathan Zbinden. Pénalités: 8×2’ contre Yverdon; 4×2’ + 1×10’ contre Meyrin.

Florian Vaney