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La rue comme salle de gym

13 mai 2015

Street workout – Ils sont de plus en plus nombreux, de par le monde, à utiliser l’espace public et le mobilier urbain pour faire du sport. A Yverdon, la discipline reste confidentielle, mais Duilio Bolliri oeuvre pour la faire connaître.

Les barres d’un couvert où sont parqués des containers? Parfaites pour quelques séries de tractions. © Michel Duperrex

Les barres d’un couvert où sont parqués des containers? Parfaites pour quelques séries de tractions.

Entre les immeubles du quartier Sous-Bois, quelques mères de famille profitent du soleil, tandis que des enfants courent dans tous les sens. A quelques pas, un jeune homme profite d’une petite place de jeu pour enchaîner les exercices de musculation. «J’aime le fait d’être en plein air», sourit Duilio Bolliri.

A 24 ans, cet apprenti en électronique de quatrième année pratique assidûment le street workout (littéralement «entraînement de rue»), une discipline qui consiste à utiliser le mobilier urbain pour faire du sport. «C’est encore peu connu. Quand j’en parle, on me demande si je fais des sauts, comme dans le film Yamakasi, ou si c’est du fitness, s’amuse-t-il. Moi, j’aime bien dire que je fais de la gymnastique de rue.»

La pièce droite. Une des figures «artistiques» du street workout. © Michel Duperrex

La pièce droite. Une des figures «artistiques» du street workout.

A Yverdon, le sportif sarde est un précurseur. Cela fait quatre ans qu’il pratique le street workout, souvent seul, parfois avec quelques amis. «Et des fois, les enfants qui jouent dans le coin m’imitent», rigole-t-il. Par contre, la discipline est, à plus grande échelle, en plein essor, portée par le succès des vidéos que publient, sur internet, ses stars, le pionnier Hannibal for King en tête. «Les premières vidéos que j’ai vues étaient des Ruff Ryders, de Juice ou des Bar Brothers. J’ai commencé dans l’idée de faire comme eux, explique Duilio Bolliri. Et puis il y a un gros avantage: c’est gratuit.» Et la liberté est totale: la «salle de gym» est toujours ouverte.

Ici, une barre se prête parfaitement à faire des tractions. Là, les éléments de mobilier urbain permettent de faire des «dips» (double barres), des «push-ups» (pompes) ou des «squats» (flexions sur jambes). Le vocabulaire est anglophone, repris des cadors dont les exercices postés tous les praticants. «Il y a énormément de possibilités, souligne l’Yverdonnois. On peut travailler la force, la souplesse ou l’explosivité, le tout avec le poids de son propre corps.»

Des flexions sur une seule jambe. Dur. © Michel Duperrex

Des flexions sur une seule jambe. Dur.

Les risques sont limités à d’éventuelles chutes, ou à des blessures venant sanctionner un échauffement insuffisant ou des postures fausses. «Et puis, il faut vraiment être à l’écoute de son corps, savoir calmer le jeu si nécessaire.» Les objectifs peuvent être très différents d’un adepte du street workout à l’autre. Certains cherchent à enchaîner le plus de répétitions possibles d’un même exercice, d’autres à prendre du volume musculaire. Duilio Bolliri, lui, aspire à réussir la quinzaine de figures «artistiques» que la discipline comporte, à l’instar du drapeau, où il s’agit de tenir son corps à l’horizontale, perpendiculairement à un poteau que l’on tient des deux me surpasser, voir où sont mes limites», précise-t-il.

Duilio Bolliri enchaîne les pompes de différentes manières. © Michel Duperrex

Duilio Bolliri enchaîne les pompes de différentes manières.

Celui qui est passé, auparavant, par le foot, le judo, le karaté, le fitness et la boxe a aussi envie de participer au développement local de la discipline. Il a son team, «Barbarz », dont il véhicule l’image sur des habits, qu’il écoule auprès de ses connaissances, et aspire à fonder une association. pendant mes études», révèle-t-il. Reste à trouver les camarades qui l’épauleront. «Ça me motiverait de partager cette passion avec plus de gens. Je montrerais volontiers ce que j’ai appris à faire», glisse l’ambassadeur yverdonnois de la gymnastique de rue.

 

Infrastructures

Si Duilio Bolliri et les autres adeptes de street workout aiment se balader et profiter des infrastructures existantes pour s’entraîner, des parcs dédiés à la discipline existent également. A Rio, au Brésil, ils sont partout, et notamment au bord des plages, tandis qu’ils apparaissent petit à petit en Suisse. Samedi dernier, la commune de Port-Valais en a ainsi inauguré un, pour un coût de 86 000 francs. L’accès y est libre et gratuit.

 

Pour contacter Duilio Bolliri: www.facebook.com/Barbazz

Lionel Pittet