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La vente directe tire la langue
Christian Bovigny encourage les consommateurs à privilégier la vente directe pour changer le système.

La vente directe tire la langue

23 janvier 2025 | Textes et photo: Jérôme Christen
Edition N°3876

La vente directe de produits de la ferme souffre après le succès éphémère qu’elle a vécu durant la période de pandémie. Christian Bovigny de la Ferme bio du moulin à Bavois a fait le choix d’écouler ses produits uniquement par ce canal. Sa ferme est certifiée bio bourgeon de Bio-Suisse. Le mardi et le samedi au marché d’Yverdon-les-Bains et le vendredi à sa ferme. Le marché est son principal débouché. Dans cet entretien, il nous explique que la situation est très tendue.

Comment a évolué le marché de la vente directe après la flambée vécue pendant la période de pandémie ?

La période de pandémie a provoqué une flambée passagère mais c’est vite revenu à la normale et nous avons vécu dans la foulée une chute de notre chiffre d’affaires d’environ 30% liée principalement à l’inflation. L’annonce de la hausse du prix de l’électricité en automne 2023 avait déjà eu un effet à la baisse et la situation s’est aggravée en 2024. De tous les nouveaux clients que nous avons gagnés durant cette période particulière de pandémie, seuls quelques-uns nous sont restés fidèles. Nous en avons gagné d’autres, mais de manière globale la vente au marché a baissé considérablement.

Comment l’expliquez-vous ?

Les gens ont peur de l’inflation, de cette période d’instabilité. Les clients fidèles sont toujours là, mais nous avons perdu les plus récents, surtout parmi ceux qui faisaient une sortie au marché le samedi. Ils n’ont visiblement pas été convaincus de l’intérêt des circuits courts et de l’importance de manger bio. Ce qui marche mieux, ce sont les paniers «Terre Ferme». L’association a engagé d’importants moyens pour en faire la publicité et nous avons assisté l’an dernier à un regain d’intérêt. Nos efforts doivent continuer, il faut s’investir constamment.

Quelles mesures avez-vous dû prendre à la suite de à cette baisse de ventes ?

Pour compresser nos charges, nous avons dû réduire la main-d’œuvre d’un demi-poste et c’est tendu car il y a beaucoup de travail. Nous avons une petite ferme très diversifiée avec différentes sortes de légumes. Le système politique ne favorise pas ce type de démarche. Heureusement, avec cette mesure, nous vendons tout ce que nous produisons ainsi que d’autres produits dont nous sommes revendeurs.  Ce n’est pas facile, mais la situation est stable, elle ne s’aggrave pas.

Quel message aimeriez-vous faire passer auprès des consommateurs ?

Ce n’est pas le label qui compte, c’est l’endroit où vous achetez qui influence toute la chaîne. Si vous voulez que l’agriculture évolue positivement, il faut privilégier la vente directe sinon ça ne changera pas. Le problème, c’est le système.  Un supermarché ne peut tourner qu’avec, derrière, un outil industriel. Ce qui est fou, c’est que malgré tout,  leurs prix de vente ne sont pas plus avantageux que les nôtres. Nous sommes en moyenne souvent en dessous des prix de la grande distribution. Tout ce qui est gagné avec l’industrialisation est perdu dans les transports et les intermédiaires. Nous sommes donc finalement plus efficaces.

 La vente directe devrait donc avoir un avenir…

Nous devons réussir à convaincre les jeunes. Nos clients sont âgés et nous en perdons chaque année. Ceux que nous touchons le plus sont les jeunes parents.

Dès qu’ils ont des enfants, ils réfléchissent plus à ce qu’ils mangent. Nous avons là un potentiel. Sinon, les jeunes mangent de plus en plus en faisant des commandes sur internet. Nous avons essayé de faire de la publicité pour les livraisons à domicile, mais ça ne mord pas. D’ailleurs nombre de nos clients viennent au marché pour avoir un contact direct.


Le Marché d’Yverdon a lieu de 8h à 12h le mardi à la promenade Auguste Fallet et le samedi à la rue du Milieu.

La vente à la Ferme bio du Moulin a lieu le vendredi de 14 h à 18 h.

Pour en savoir plus: https://bovigny.ch


Franc paysan

Pour soutenir l’agriculture locale et se réapproprier notre système alimentaire, il est désormais possible de payer en francs paysans. L’association du même nom a mis sur pied une monnaie locale pour redynamiser la vente directe de produits agricoles locaux en Suisse romande. Cette communauté de consommateurs a pour but d’augmenter leur pouvoir d’achat auprès des produits agricoles locaux et de défendre une agriculture locale pour éviter la fuite de flux financiers vers les grandes entreprises et l’étranger. Plus d’infos sur ce lien et sur le code QR

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