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La Villa d’Entremonts fait peau neuve

30 décembre 2013

Le monument situé à proximité du Grand Hôtel des Bains a retrouvé de l’allant. Un travail d’orfèvre réalisé par des artisans de la région.

Alain Vos (à d.) et son père Jacques ont, avec leurs collaborateurs, mené à bien un délicat et respectueux travail de restauration.

Alain Vos (à d.) et son père Jacques ont, avec leurs collaborateurs, mené à bien un délicat et respectueux travail de restauration.

Libérées des échafaudages qui les ont masquées durant une bonne partie de l’automne, les façades de la Villa d’Entremonts, à Yverdon-les-Bains, ont retrouvé leur splendeur. Un examen détaillé de ce monument du patrimoine immobilier de la Ville avait révélé des risques de dégradation des pierres. Raison pour laquelle le Conseil communal, sur proposition de la Municipalité, a octroyé dans le courant de l’année un crédit de 270 000 francs destiné à la réfection des façades de ce bel objet construit à la fin du XVIIIe siècle par David-Philippe Treytorrens, et acquis par la Ville au tout début des années soixante.

Un travail d’experts

La plus grande partie des travaux de réfection ont été réalisés par Vos Pierres Naturelles Sàrl, une société familiale sise à Valeyres-sous-Rances, qui s’est fait un nom dans ce type de restauration, et qui s’apprête à fêter ses vingt-cinq ans d’existence.

En effet, la Villa d’Entremonts compte de nombreuses parties en calcaire de Hauterive, cette pierre jaune qui apparaît, notamment, le long de la route cantonale entre Neuchâtel et Saint- Blaise, et sur de nombreux immeubles du centre historique d’Yverdon-les-Bains.

«Tous les joints étaient défectueux et les infiltrations d’eau, avec l’effet du gel-dégel, auraient fini par endommager la pierre. Il y a avait aussi des problèmes dans la coursive et des dégâts dans la maçonnerie», explique Alain Vos.

Une carte de visite

Une montée d’escaliers élégante.

Une montée d’escaliers élégante.

Son père Jacques est fier du travail réalisé : «Ce n’est pas tous les jours que nous avons la possibilité de faire ce genre de travail, qui nécessite beaucoup de soin et de l’expérience.»

«Il faut respecter le travail ancien, y compris l’outillage. Il faut garder la lecture de la façade telle qu’elle est», souligne Alain Vos. Au terme de quatre mois de travaux, réalisés avec une moyenne de trois personnes en permanence sur le chantier -il y avait aussi du travail de préparation en atelier-, les exécutants sont légitimement fiers du résultat.

Pour ces artisans amoureux du bel ouvrage, ce type de travail est une véritable carte de visite, qui vient s’ajouter à d’autres : intérieur de l’Hôtel de Ville d’Yverdon-les-Bains, escalier du XVIIe siècle dans un immeuble du centre de Neuchâtel, clocher de l’église Saint-Jean de Grandson, et des travaux dans des châteaux, à Champvent notamment, et, récemment, à celui de Donneloye.

Le premier grand chantier réalisé au début de l’entreprise avait été l’ancien poste de police et prison de district, occupé aujourd’hui par la Maison d’Ailleurs.

Entreprise formatrice

Mais il n’y a pas que les travaux de prestige. Les pierres tombales, les jardins du souvenir et les fontaines font le quotidien de cette entreprise membre de l’Association romande des métiers de la pierre.

En effet, fils et père -le second, typographe de métier, a rejoint le premier après une reconversion et s’occupe plus spécialement de l’aspect commercial -, et Arlette, soeur jumelle d’Alain, qui avait d’abord suivi la trace paternelle comme typographe avant de se reconvertir en sculpteur sur pierre en s’astreignant à une formation complète, attachent une grande importance à la transmission. Deux apprentis suivent ainsi leur formation au sein de l’entreprise.

Le métier, malgré les nombreuses perspectives qu’il offre, peine à attirer les jeunes. Et surtout à les intéresser à l’histoire des bâtiments et au contexte culturel, déplore Alain Vos. Pour lui, la réduction de la durée de l’apprentissage de quatre à trois ans n’est pas une bonne chose.

Mais il reste malgré tout optimiste tant le potentiel de travail est grand.

 

Les techniques de l’époque respectées

Le lancement de ce chantier a été précédé d’une analyse, à laquelle a notamment participé Jean-François Sutterlet, responsable d’immeubles au Service de l’urbanisme et des bâtiments (URBAT) de la Ville d’Yverdon-les-Bains : «La coursive posait des problèmes de sécurité et il y avait un risque pour le public. Nous avons constaté par la suite des problèmes de joints, avec un risque de dégradation de la pierre. D’où la décision de retaper les façades. Nous avons profité de la présence des échafaudages pour changer quelque 150 tuiles défectueuses, et pour refaire les peintures et les volets. Ce dernier travail a été réalisé par des spécialistes de l’entreprise Gregorutti, à Yverdon-les-Bains. «Ce sont des personnes qui font appel à de vieilles techniques, très respectueuses de celles utilisées à l’époque», explique Jean-François Sutterlet. Et d’ajouter : «Il faut relever que tout ce travail a été exécuté en collaboration avec le Service des monuments historiques.»

Isidore Raposo