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La zone d’En Chamard menacée de blocage

20 avril 2012

Le Conseil d’Etat veut limiter drastiquement le développement des zones commerciales situées en périphérie. Une nouvelle directive va être mise en consultation dans le cadre de la modification du plan directeur cantonal. Avec les nouvelles contraintes, les grandes surfaces existantes ne pourraient s’étendre au-delà 5% de leur surface actuelle…

Le projet d’extention du centre Coop est remis en cause par la directive.

Quel futur pour la la zone commerciale d’En Chamard, à Montagny-près-Yverdon? Les commerces pourront-ils se développer? Rien n’est moins sûr. En effet, à la veille de Pâques, le Conseil d’Etat vaudois a adopté une directive qui risque de faire beaucoup de bruit, mais aussi de provoquer une tempête de procédures judiciaires.

En effet, fin mars, le Gouvernement a adopté la stratégie cantonale concernant les installations commerciales à forte fréquentation, un document qui «a valeur de directive cantonale», et qui vise à mieux cadrer l’implantation de commerces alimentaires et non alimentaires générant un trafic individuel motorisé important. Plus question désormais de tolérér le développement de zonnes proches de jonctions autoroutières, à l’intar de celle d’Yverdon-Ouest/En Chamard.

Et le Conseil d’Etat d’annoncer qu’un groupe d’experts a été chargé d’évaluer les différents projets en collaboration avec les régions et les communes.

Intitulée «Stratégie cantonale concernant les installations commerciales à forte fréquentation (ICFF», la fameuse directive marque clairement un changement de stratégie.

La directive, dans sa partie explicative, vise clairement les demandes d’implantation dans les zones périurbaines: «C’est cette deuxième catégorie qu’il convient de réorienter en favorisant les implantations d’ICFF dans des zones urbanisées, accessibles en transports publics et destinées à renforcer leur caractère de centralité.»

Sur les principes d’implantation, il n’y aura qu’une alternative, «les critères d’exclusion et les critères de préférence».

Projets à abandonner…

«Il y a des projets qui doivent être abandonnés», explique sans détour Philippe Gmür, chef du Service du développement territorial (SDT). La nouvelle directive doit s’appliquer à tous projets commerciaux dont la surface dépasse 800 m2. «Cette stratégie sera testée dans le cadre du projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM). Le groupe d’experts va agir dans le sens du conseil. On ne peut pas continuer comme cela», ajoute le chef du SDT. Ce dernier assure que l’examen d’un projet par les experts ne va pas ralentir la procédure. Une appréciation tout de même optimiste à la lecture du document.

L’objectif consiste désormais à construire les centres commerciaux là où se trouve la clientèle et où il est facile de se rendre avec les transports publics. L’intention est louable, mais il faudra encore la concrétiser, tant les projets de construction en ville provoquent d’oppositions.

Un moratoire?

Pour illustrer le propose, Philippe Gmür cite en exemple l’implantation de Carrefour à Romanel-sur-Lausanne: «C’est une aberration. Les clients doivent aller et venir en voiture. Ce va-et-vient génère trafic et pollution. Ce n’est pas une solution d’aller se mettre au milieu de nulle part et de créer de la gêne pour un maximum de personnes.»

Qu’adviendra-t-il du projet Coop visant à doubler la surface commerciale de son magasin En Chamard? «Nous essayons de discuter un moratoire avec toutes les communes de la région pour réfléchir à l’avenir de ces périmètres. Pour les commerces déjà implantés et qui ne répondent pas aux règles fixées, ils pourront encore augmenter de 5% la surface qu’ils ont aujourd’hui», explique Philippe Gmür.

Syndic de Montagny, Frédéric Rohner réserve sa réaction, pour ne pas compromettre les négociations en cours. Mais l’énoncé des contraintes de la nouvelle directive semble le laisser sans voix.

Consultation

Conseillère d’Etat en charge de l’aménagement du territoire, Béatrice Mettraux relève que cette directive sera mise en consultation dans le cadre de la modification du Plan directeur cantonal. Une opération qui promet déjà de susciter des réactions pour le moins contrastées.

Isidore Raposo