Les fermetures effectives et à venir en ville relancent le débat.
Comment redynamiser le commerce du centre-ville d’Yverdon-les-Bains? La réponse, disons-le d’emblée, n’est pas pour demain. Le débat a été relancé au Conseil communal, jeudi soir, au gré d’une interpellation, une fois n’est pas coutume, commune – peut-être que la coprésidence de la Maison d’Ailleurs y a contribué –, des conseillers Gloria Capt (PLR) et Julien Wicki (Soc). Tous deux s’inquiètent de la fermeture du secteur alimentation de Manor et, ultérieurement, de la fermeture du magasin situé à la rue du Lac 40 (Manor II), ainsi que des conséquences sur l’emploi.
Déposée en septembre, cette interpellation a permis au syndic Pierre Dessemontet d’avoir un contact avec la direction du groupe Manor. Il en ressort qu’il a obtenu la confirmation de la fermeture du secteur alimentation, d’une réduction «substantielle des effectifs», pas encore chiffrée mais moins importante que prévue initialement.
Par ailleurs Manor fera des efforts pour reclasser le personnel touché au sein du groupe. De son côté, la Ville se met à disposition des partenaires sociaux et propose ses bons offices, sans toutefois vouloir «se substituer aux partenaires sociaux».
Une coupe importante
Gloria Capt a relevé que le groupe, selon une information donnée aux collaborateurs, avait l’intention de supprimer 44 des 77 emplois existants. «C’est énorme et très dommageable», a-t-elle ajouté, déplorant par ailleurs la suppression d’un service alimentation apprécié. Et d’ajouter que ces coupes allaient toucher des mères de famille.
Julien Wicki a insisté pour que la Commune fasse son possible pour maintenir les places de travail, autant que l’attractivité du centre-ville. Le Conseil a ainsi adopté une résolution engageant la Municipalité à faire son possible.
Le verre à moitié plein
Le syndic a tenté de mettre en évidence l’aspect positif de la stratégie de Manor. Le premier magasin, rue du Lac 33, va être assaini et rénové au gré d’importants investissements. C’est dire que la présence du groupe à Yverdon-les-Bains sera pérennisée.
Durant les deux années que devraient durer les travaux, les départements restants seront concentrés à rue du Lac 40. «Il est trop tôt» pour dire ce qu’il adviendra de ce bâtiment après.
A l’instar des interpellateurs, la Municipalité a proposé une réponse commune, mais en deux temps. La vice-syndique Carmen Tanner, en charge des ressources humaines, a d’abord déclaré que les candidatures d’anciens collaborateurs de la firme commerciale à la Commune seraient examinées avec bienveillance.
Quant au futur du deuxième site (rue du Lac 40), rien n’est encore défini. Le sujet sera repris «lors de séances dédiées», a précisé celle qui est aussi municipale de l’urbanisme.
Et le futur?
L’interpellation d’Apolline Carrard (PLR) sur les fermetures intervenues récemment, et à venir, dans le centre-ville a donné lieu à de nombreuses explications du syndic, ainsi que de la vice-syndique Carmen Tanner. Pierre Dessemontet a assuré que «la Municipalité est très attentive à l’évolution du tissu commercial, un domaine en souffrance depuis de nombreuses années».
De son point de vue, les zones commerciales périphériques et internet expliquent ces difficultés. «Le commerce traditionnel a souffert très fortement», souligne le syndic. Le nombre d’empois su secteur est passé de 1500 à 1000 en une vingtaine d’années.
Aller au-delà du constat
Cela dit, le syndic met en évidence le dynamisme d’autres types de commerces: le nombre d’emplois chez les opticiens est passé de 25 à 40. Et de saluer la forte hausse des emplois dans les bars et restaurants.
Puis Pierre Dessemontet a élargi le spectre en annonçant que 330 emplois (275 équivalent temps plein) ont été créés en 2022 dans une ville qui en compte 17 000 (ETP).
Cela dit, que peut faire la Ville pour inverser la tendance au coeur de la cité? «On est en train de mettre en place une stratégie de dynamisation», assure le syndic.
Il y a bien un délégué aux commerces, mais le syndic admet qu’il est difficile de concurrencer tant les zones périphériques, qui présentent des avantages pratiques pour le consommateur, que d’aller concurrencer internet.
Alors il faut «se centrer sur ce qui marche» tonne Pierre Dessemontet, qui constate que «boire un café sur internet c’est impossible et dans une zone commerciale c’est sinistre».
Si le débat sur le stationnement a pu, provisoirement, être écarté – il ne va pas tarder à revenir –, la Municipalité pense que la création d’événements, à l’instar du récent Festival de l’horlogerie, et la promotion et le marketing associés au tourisme devraient permettre de combattre la morosité.
Cela dit, l’heure était aussi à l’humilité. «Je pense qu’on n’en fait pas assez. Faut faire plus. Vous aurez des nouvelles dans les prochaines semaines. On est attentifs, mais pas inquiets», assure le syndic.
Loyers trop élevés
Sur le même sujet, mais dans le cadre de la réponse à l’interpellation de Maude Ehrbar (Verts et Solidaires), la vice-syndique Carmen Tanner déplore que la Ville n’a pas «d’emprise sur les loyers», souvent trop élevés, mais aussi l’absence de bases légales permettant d’intervenir. Elle compte sur une évolution de la législation, notamment pour combattre «les vitrines froides», et le plan d’affectation communal (PACom) en révision «pour intégrer des articles et être plus fort en la matière»…