L’Amalgame a connu des problèmes de gouvernance
4 avril 2025 | Textes: Jean-Philippe Pressl-Wenger | Photos: Duperrex-AEdition N°3922
Un récent reportage de nos confrères de la télévision Canal Alpha a révélé qu’une crise de gouvernance a secoué L’Amalgame et son association depuis 2023. Où en est-on aujourd’hui?
Il y a un peu moins d’une semaine, la télévision Canal Alpha, basée à Cortaillod (NE), a diffusé une enquête traitant de sérieux problèmes de gouvernance au sein de L’Amalgame, lieu culturel emblématique yverdonnois. Les faits, qui datent de la fin de l’année 2023 et du début de la suivante, se cristallisent autour de tensions récurrentes entre le comité bénévole, le bureau composé à l’époque de sept personnes salariées, et les bénévoles réguliers de l’établissement. Il a été question d’ambiance délétère, de harcèlement au travail et de remarques blessantes répétées, selon les témoignages recueillis. Bien qu’aucune plainte formelle n’ait été déposée, quatre employés se sont retrouvés en arrêt maladie, deux ont démissionné et une personne a été licenciée, toujours selon le reportage diffusé.
Convention tripartite
L’Amalgame est gérée par l’association G.A.M.E. (Groupement des amis de la musique électrique) via une convention tripartite avec la Ville d’Yverdon-les-Bains et l’Etat de Vaud, qui la subventionnent (lire encadré). «Nous n’avons été informés officiellement d’une situation problématique qu’à l’été 2024, détaille Adrien Funk, adjoint au chef de service de la culture. Nous avons pu constater des difficultés de gouvernance entre le bureau salarié, le comité qui ne l’est pas, et les bénévoles. Nous avons alors accepté d’aider financièrement L’Amalgame dans le cadre de l’engagement d’un prestataire externe qui les coache au niveau de la mise en place d’une gouvernance partagée plus harmonieuse.»
Avant cette aide extérieure, la Ville avait déjà pris les devants en organisant des séances avec le comité de l’association. «Il s’agissait surtout de traiter des questions de gouvernance impliquant notamment des liens familiaux au sein des différentes entités appelées à collaborer, précise Carmen Tanner, municipale en charge de la culture yverdonnoise. Ensuite, d’autres rencontres ont permis d’évoquer une clarification des rôles entre le comité et le bureau, particulièrement en ce qui concerne la gestion des ressources humaines.»
La Ville ne siégeant pas au comité de l’association en question, il était difficile pour ses services de se rendre compte des problèmes rencontrés avant que le comité ne leur en fasse part. «Ils ont été transparents, reconnaît la vice-syndique Carmen Tanner. Nous avons pu discuter des options à prendre pour la suite et nous les avons accompagnés.» Le comité est ainsi resté le même à travers les processus mis en place.
Coach en gouvernance partagée
Une des mesures prises a été d’engager un prestataire de services externe, spécialiste en gouvernance partagée. Pour résumer, il aide l’association à répartir le pouvoir au mieux entre les différentes parties prenantes. «Les six premiers mois de ce coaching sont terminés. Et, aujourd’hui, ça se passe mieux, mais nous aimerions continuer d’être accompagnés», souhaite Yvan Gillioz, vice-président du comité de l’association G.A.M.E. La partie initiale a coûté 5000 francs, partiellement payés par la Ville, et la suite devrait s’élever à une dizaine de milliers de francs. L’association est aujourd’hui à la recherche d’un financement pour aller de l’avant. Par ailleurs, Yvan Gillioz ajoute que le comité est également aidé par une connaissance, formée et certifiée dans le domaine des ressources humaines.
Le thème de l’offre culturelle des nuits yverdonnoises revient régulièrement sur le devant de la scène ces dernières années. L’Amalgame représente depuis plus de 30 ans un élément important de cette offre. Reste à espérer que les tensions se gèrent mieux aujourd’hui et que l’avenir de L’Amalgame pourra s’écrire en lettres plus lumineuses que son passé récent.
Subventions en constante hausse, loyers offerts
L’Association G.A.M.E. est subventionnée via une convention tripartite la liant à l’Etat de Vaud et à la Ville d’Yverdon-les-Bains. La dernière convention avait été signée en mai 2022 et prévoyait, pour trois ans, une subvention annuelle cantonale de 40 000 francs, ainsi qu’une subvention communale à hauteur de 200 000 francs. D’un commun accord entre les trois parties, cette convention a été prolongée d’une année pour couvrir 2025 aux mêmes conditions.
Toutefois, lorsque l’on jette un coup d’œil aux comptes et aux budgets de la Ville, il apparaît que la subvention communale pour L’Amalgame passe de 200 000 francs en 2023, à 265 980 francs dans le budget 2025. Soit une hausse de 32,9%. Comment expliquer cela? Il y a, d’une part, une augmentation de 13 000 francs, ajoutés dans le cadre d’une indexation des rémunérations des acteurs culturels. Puis, après une demande de l’Association, la Ville a consenti à ne plus percevoir de loyer pour le bâtiment exploité par l’Association. «Il s’agit, en fait, d’une mise à niveau par rapport à d’autres acteurs culturels majeurs, qui ne paient pas de loyer non plus lorsque l’infrastructure appartient à la Ville, détaille Carmen Tanner. Il s’agit d’une politique que l’on retrouve dans plusieurs autres villes de Suisse.» Le montant représenté par la totalité des loyers en question se monte à 52 980 francs. Si on les ajoute aux 13 000 francs cités plus haut, la hausse des subventions communales entre 2023 et 2025 est ainsi expliquée.