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«L’amitié et la convivialité du Parlement me manqueront»
Jean-Pierre Grin a siégé 16 ans au Conseil National. © Michel Duperrex

«L’amitié et la convivialité du Parlement me manqueront»

5 octobre 2023

Berne – Jean-Pierre Grin quitte le Conseil national après seize ans. La Région a vécu de l’intérieur la dernière matinée du Poméran à la chambre basse.

Alors que le soleil se lève au dessus de l’Aar, une carrière politique, elle, arrive à son crépuscule. Jean-Pierre Grin – plus de cinquante années de dévouement à la chose publique, d’abord dans son village à Pomy, puis au Grand Conseil vaudois et, durant seize ans, au Conseil national – franchit pour la dernière fois les portes massives du Palais fédéral en tant qu’élu du peuple. Quand il en sortira, l’agriculteur sera un retraité comme un autre. Enfin… comme un autre, c’est vite dit. Après toutes ces années d’engagement, Jean-Pierre Grin a laissé une trace indélébile dans l’histoire de la politique nord-vaudoise.

Mais cette session d’automne n’est pas encore terminée. «Au programme, on a les votes finaux. Et je crois qu’ensuite il y a un petit hommage pour les sortants», glisse sobrement Jean-Pierre Grin. Pourtant, l’élu connaît très bien ce que réserve une fin de législature. Mais le Poméran n’aime pas se mettre en avant. N’hésitant pas à voter à contre-courant de son parti, l’UDC, il a rempli sa mission à Berne avec pragmatisme, préférant chercher des solutions que de pester contre les problèmes qu’il affrontait. Un attitude qui n’est certainement pas étrangère au titre officieux, mais respecté, de Brückenbauer – faiseur de pont, en allemand – que lui a remis l’Aargauer Zeitung.

Jean-Pierre Grin ovationné juste après la lecture de son hommage par le président. © Michel Duperrex

Il est 8h, la dernière séance de cette session d’août commence par les hommages du président du Conseil national, l’élu du Centre Martin Candinas. Au total, 29 parlementaires ne se représentent pas. Arrive enfin le tour de Jean-Pierre Grin. Le président rappelle ses combats, comme celui en faveur de l’autosuffisance alimentaire, mais aussi, évidemment, son caractère. «Sa bonhomie est appréciée de tous, souligne Martin Candinas, qui relève avec malice les habitudes prises par Jean-Pierre Grin depuis le Covid. Il ne fêtera plus son anniversaire durant la session de printemps dans le bureau du président du Conseil national! Il pourra au contraire le faire chez lui, à Pomy. Mais, même loin de Berne, comme il le dit lui-même, il continuera de veiller au grain!»

Apprécié de tous

Les applaudissements sont nourris, et semblent aussi sincères qu’ils peuvent l’être sous la coupole fédérale. Voire plus. Car si tous les sortants reçoivent leurs applaudissements, même du camp opposé, l’intensité des acclamations peut vite chuter à gauche ou à droite du Parlement, selon l’élu dont il est question. Mais pas pour Jean-Pierre Grin, qui lève le bras en guise de remerciement, avec la politesse et la retenue qui ont fait de lui ce parlementaire apprécié de tous, camarades de parti comme adversaires politiques.

Après la traditionnelle photo de fin de législature, le Poméran sort dans la salle des pas perdus où, évidemment, les médias romands l’attendent. Que va-t-il faire par la suite? Va-t-il continuer à suivre la politique? L’avenir du désormais ex-doyen du Conseil national intrigue. Jean-Pierre Grin voyagera, s’occupera de ses petits-enfants et se mettra en retraite de la politique. Même s’il continuera à la suivre. «On ne peut pas arrêter d’un coup après cinquante ans», sourit-il au micro de la RTS.

Les camarades de Jean-Pierre Grin célèbrent son départ à la Galerie des Alpes, le café du Palais fédéral. © Michel Duperrex

Les sollicitations sont nombreuses, mais le parlementaire doit repartir, voter pour la dernière fois sous la Coupole. Une ultime pression sur le petit bouton au sommet de son pupitre, et voilà. Fini! La mission de Jean-Pierre Grin  au Conseil national se termine là. Avec tout de même un petit sursis, puisqu’il reste quelques séances de la commission des finances, ainsi que son rôle de représentant de la Suisse au Conseil de l’Europe jusqu’en janvier 2024.

Il n’empêche, c’est l’heure des aurevoirs auprès des collaborateurs de la Confédération, essentiels au bon fonctionnement du travail parlementaire. «Jean-Pierre Grin était une personne charmante», glisse une femme. Puis c’est au tour des désormais ex-collègues de congratuler le Nord-Vaudois. «Tu sais que tu es une figure de la politique suisse, hein?» lui lance une camarade de gauche à la Galerie des Alpes, le restaurant du Palais fédéral, où le Nord-Vaudois profite d’un dernier apéro. «C’est ce qui va le plus me manquer. L’amitié et la convivialité qu’il y a dans ce Parlement. On tisse des liens forts quand même.»


Albert Rösti à la batterie pour fêter la fin de la législature

«Il n’y a qu’en Suisse qu’on peut voir ça!» Jean-Pierre Grin sourit en repensant à la soirée de la veille qui a marqué la fin de la législature, en présence notamment du conseiller fédéral UDC Albert Rösti, qui s’est assis à la batterie pour faire danser les parlementaires.

En plus de cette soirée festive, Jean-Pierre Grin a également célébré son ultime session parlementaire avec sa famille. «J’ai invité tout le monde à venir la semaine avant mon dernier jour. C’était un moment important pour moi.» Le désormais retraité va-t-il tenir sans activité politique? «J’ai des projets, mais c’est vrai qu’il y a de la nostalgie déjà… Je vous redirai dans six mois si ça me manque trop!»