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L’ange gardien qui a sauvé Rances
Ludovic Zwahlen a tutoyé les sommets durant son riche parcours footballistique. Le portier baulméran a notamment connu de belles heures avec YS en 1re ligue.

L’ange gardien qui a sauvé Rances

1 mai 2025 | Texte et photo: Mathieu Grandchamp
Edition N°La Région Hebdo no 9

Pour son opération dépannage dans les cages de la «une» du FC Rances la saison passée, Ludovic Zwahlen s’est vu décerner le Briscar de la meilleure histoire originale. L’occasion de reparler de cette belle aventure et de sa carrière.

Si Ludovic Zwahlen affirme que son arrivée au FC Rances s’est faite un peu par hasard, l’histoire d’amour entre le gardien de 32 ans et le club rancignolet ne pouvait être plus logique. La première évidence, c’est que le Baulméran d’origine n’a pas grandi bien loin du Goran’s Park, où il continue d’évoluer aujourd’hui, avec la deuxième équipe. La deuxième, c’est qu’il peut s’avérer difficile de résister à l’appel de l’amitié. Et quand Sergio Vanetta, entraîneur de la «deux» et père de son meilleur pote depuis l’enfance, Loïc, lui a demandé de transférer son passeport de joueur au FC Rances, un peu sur le ton de la blague, Ludovic Zwahlen n’a pas pu refuser.

«L’objectif était uniquement de prendre du plaisir en jouant avec la deux, explique Ludo. Ça n’a jamais été de concurrencer les deux gardiens de la première équipe.» Et à Rances, le plaisir, Ludovic Zwahlen l’a trouvé. «C’est un club à part. Il y en a de moins en moins avec ces valeurs, avec des joueurs qui mouillent le maillot pour l’équipe de leur village. Ça se ressent aussi après les matches; tout le monde joue le jeu pour rester boire un verre, et, parfois, ça se prolonge jusqu’à point d’heure! Aujourd’hui, les joueurs accordent de moins en moins d’importance à ce côté convivial du football.»

D’ailleurs, ce n’est pas uniquement pour remettre les gants que Sergio Vanetta l’a accueilli dans son équipe. L’ancien portier d’YS joue aussi parfois sur l’aile, en 5e ligue. «Une façon de me venger de mes années dans les buts», rigole-t-il.

Ludo les bons tuyaux

C’est toutefois bel et bien en tant que dernier rempart que l’équipe fanion du FCR a dû faire appel à ses services la saison passée, alors que Damien Seiler et Antony Cornu, les deux gardiens de l’effectif, étaient blessés. «Au début, il était prévu que je dépanne pour un match. Mais leur absence s’est prolongée, et mon remplacement avec.» Il faut aussi dire qu’à ce moment, Rances luttait pour son maintien en 3e ligue.

L’expérience et les très bonnes performances de son nouvel ange gardien ont fait beaucoup de bien, jusqu’à convaincre tout le monde de le laisser en place. «Même quand Damien est revenu, au vu de la situation de l’équipe au classement, on a décidé ensemble, avec lui et le staff, que je continuerais à jouer.» Ainsi, Ludovic Zwahlen a défendu les cages des Rancignolets pour sept rencontres en fin de saison. Le bilan? Quatre victoires, deux défaites, et un match nul, le tout assorti de deux blanchissages. Pour l’anecdote, celui qui s’est mué en sauveur a terminé en beauté sa période de pige: une victoire 2-1 contre Pully II et… une expulsion à la 90e minute!

Une carrière de baroudeur

Ludovic Zwahlen a vu du pays, au long de sa carrière qui l’a mené jusqu’à l’ascension en Promotion League avec YS. Après ses classes juniors dans le club de la Cité thermale, le Baulméran est parti parfaire sa formation du côté du Lausanne-Sport. Sans garantie de temps de jeu dans la capitale vaudoise, c’est à Echichens, en 2e ligue, qu’il s’est révélé au monde des actifs.

Ses performances lui ont ensuite valu l’intérêt de nombreux clubs, aux quatre coins du canton. Après Stade Nyonnais, La Sarraz-Eclépens, ou encore Bavois et Echallens, c’est à Yverdon Sport, avec une promotion à la clé, et de nouveau à Echallens, avec des matches de Coupe de Suisse (contre Bâle notamment) que Ludovic Zwahlen a vécu ses plus belles années.

Passé proche du niveau professionnel, Ludovic Zwahlen n’a pas de regret: «Devenir professionnel a toujours été un objectif, dans un coin de ma tête. Mais plus tu vieillis, plus tu te dis que ce sera compliqué. Il m’a manqué un peu de tout: de travail, de chance…»

Aujourd’hui, c’est un football bien différent que lui offrent ses nouvelles couleurs. «Je me suis privé de beaucoup de choses toutes ces années, et, avec du recul, je n’aurais pas pu continuer à faire ces sacrifices. Et finalement, même si le niveau est différent, le sport et les émotions restent les mêmes. Ces dernières étaient aussi fortes la saison passée lorsqu’on s’est maintenus avec Rances que lorsque nous sommes montés en Promotion League avec Yverdon Sport.»