Yverdon-les-Bains – Dans le viseur à la suite d’une affaire révélée par La Région, le Service du logement de la Ville a été passé au crible d’experts. Si l’enquête pénale a été classée sans suite faute d’éléments probants, les spécialistes, eux, ont découvert d’importants dysfonctionnements au sein du Service.
L’affaire qui a éclaboussé le service Jeunesse et cohésion sociale d’Yverdon prend une nouvelle ampleur aujourd’hui. Car les résultats d’un audit organisationnel et d’un autre sur l’aspect financier, commandés par la Ville, viennent d’être rendus publics (bien qu’il faille faire une demande au greffe, ce que La Région a fait).
L’entreprise externe qui a effectué le travail a souligné que « globalement, le fonctionnement de l’Office du logement se porte bien dans le sens où il fait le travail qui lui est demandé ». Néanmoins, il y a aussi des problèmes à résoudre rapidement.
Principal élément relevé: mettre une seule personne à la tête du Service du logement s’avère être un problème « très très fort », car cela peut amener le responsable à être « juge et parti », car « un pouvoir trop important est donné à une seule personne ». D’ailleurs, l’Office du logement peut être considéré comme « une boîte noire » au sein de la Commune, car peu connu et avec un fonctionnement presque tabou.
Pour rappel, l’affaire du Jecos avait pointé du doigt ce responsable du Service du logement, dont certains habitants prétendaient être victimes de harcèlement sexuel. Une accusation que le principal intéressé a toujours fermement démenti. Aucune plainte n’ayant été déposée formellement et l’enquête du Ministère public n’ayant pas obtenu de preuves solides, l’enquête pénale a été classée sans suite.
Par ailleurs, l’audit met en lumière d’autres dysfonctionnements importants au sein du Service, comme « des critères d’attributions de logement flous et peu objectifs », « l’absence de vision stratégique », « le manque d’apport d’expert » pour alimenter les discussions, un manque de communication avec les autres services de la commune, etc…
Du côté politique, ce rapport a suscité de vives réactions. « Le jeudi 4 février, le syndic a informé le conseil communal que ces audits étaient terminés, mais sans rien dire de ses conclusions, ni sans donner la position de la Municipalité sur ces conclusions. C’est grave car soit cet audit a révélé des dysfonctionnements et il faut alors savoir quelles mesures urgentes ont été prises, soit il n’a révélé aucun problème sérieux et il est alors nécessaire que la Municipalité lève tout doute sur le bon fonctionnement du dicastère de l’un de ses membres », a souligné le Parti socialiste yverdonnois dans un communiqué. Il a évidemment fait la demande de ces audits, ainsi que de celle du service Bâtiment et urbanisme de la Ville, réalisée par le passé.Le parti entend rendre public ces documents car il veut « des pouvoirs publics transparents et exemplaires ».
La Municipalité a vivement réagi à ces propos du Parti socialiste, en indiquant que, selon elle, « cette prise de position est, s’agissant des deux audits JECOS, tout à fait erronée et contraire à la vérité, puisque les documents ont été adressés dans la matinée à tous les conseillers communaux. »
La note ajoute que, « devant le Conseil communal jeudi soir, le Syndic a clairement indiqué que la Municipalité ne s’est pas encore déterminée sur les suites qu’elle entend donner aux constats des experts et que les deux audits concernant le JECOS ont été rendus publics suite à une demande d’un média. La Municipalité lui a fait droit dans les délais impartis par la Linfo.
S’agissant de l’audit URBAT de 2016, la Municipalité rappelle que ce rapport d’experts portrait sur l’optimisation du service, qui a débouché sur la scission de celui-ci en deux entités (Urbanisme et Bâtiments) ; il ne portait pas sur des dysfonctionnements ou des surcoûts, comme l’affirme le communiqué du Parti socialiste. »
Voilà pour la position de la Municipalité, visiblement outrée par le communiqué du PS.
Quant au PLR, on s’interroge sur plusieurs points. « Ma première réaction à la lecture de cet audit, c’est qu’il s’agit d’un département important où on doit soutenir des personnes en difficultés. Mais au final, on n’est pas sûrs que l’aide arrive au bon endroit. Peut-être qu’elle est canibilisée par des personnes qui n’en ont pas besoin. Cela n’a pas l’air d’être fait de manière sérieuse et claire, témoigne Laurent Roquier, président de la section yverdonnoise. On a l’impression qu’une personne a l’air de faire comme elle veut. Je ne lui en veux pas, mais le problème c’est qu’on ne peut pas laisser autant de pouvoir à une seule personne sans contrôle. Là, c’est la hiérarchie qui doit être remise en cause. Pour moi c’est un problème managérial. »
La Région reviendra en détail sur le résultat de ces audits dans son édition de lundi.