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Laurence Rochat: une carrière prend fin, une nouvelle commence

29 mars 2010

La championne combière de 30 ans arrête la compétition après douze hivers au plus haut niveau.

Laurence Rochat a toujours tout donné sur les skis. Elle ne regrette rien.

Laurence Rochat a toujours tout donné sur les skis. Elle ne regrette rien.

Médaillée olympique en relais en 2002, Laurence Rochat a décidé de mettre un terme à sa carrière dès à présent, après avoir fait ses premiers pas en Coupe du monde en 1998. Quelques semaines après son abandon lors de son unique course des Jeux de Vancouver, la Combière de 30 ans explique sa décision et revient sur sa carrière.

La Région: Laurence Rochat, vous aviez le choix d’arrêter ou alors de poursuivre une année de plus, pour tenter d’éviter de partir sur cette image de l’abandon de Vancouver. Pourquoi avoir fait le choix de stopper à présent?

Laurence Rochat: J’avais souvent évoqué les Jeux de Vancouver pour mettre ensuite un terme à ma carrière, aux alentours de mes 30 ans. Je ne voulais pas tomber dans l’acharnement. J’ai déjà donné tellement d’énergie pour revenir après ma blessure, que je ne crois pas que j’en aurais eu encore. C’était un choix pensé depuis longtemps et j’avais envie de nouveaux défis. Le fait d’avoir trouvé un travail à 100% m’a aidé à prendre ma décision.

Après votre abandon à Vancouver, vous avez eu à essuyer beaucoup de critiques.

Oui, j’ai eu deux déceptions à gérer. La mienne d’abord, de ne pas avoir pu honorer cette qualification. Puis ces attaques, souvent anonymes sur internet, et que je n’avais encore jamais connues. Je sais que j’ai déçu par ma performance, mais je ne referai pas une saison pour me racheter. Mon problème d’asthme est connu depuis que je fais du fond. Si je m’étais cassé une jambe, j’aurais été une héroïne. Il a malheureusement fallu que cette course tombe un jour de pluie et, en pleine crise, je ne pouvais pas faire autrement que de m’arrêter. Aux JO de 2002, j’avais dû abandonner sur une des courses pour les mêmes raisons, mais j’en avais quatre autres… J’espère que le public retiendra l’ensemble de ma carrière.

Vous a-t-il fallu du temps pour digérer la déception?

Une bonne semaine. Puis, je me suis fixé d’autre buts, professionnels. Cela va faire de gros changements dans ma vie. Je me réjouis et appréhende un peu. J’aurais évidemment souhaité une autre fin, ce d’autant plus que la forme était bonne.

Vous avez pris seule la décision d’arrêter?

Oui, toujours seule. Je suis quelqu’un qui a beaucoup de volonté d’y arriver. Finalement, en revenant après ma blessure à un tendon d’Achille, c’est peut-être cette volonté qui m’a joué un mauvais tour.

Quels souvenirs gardez vous de ces années au plus haut niveau?

Les meilleurs sont mes premiers Jeux, ma victoire en Engadine ou mon premier titre suisse devant toutes les anciennes. Et puis, il y a le camp du mois de novembre que l’on passe en équipe en Scandinavie et qui sent le début de saison, alors qu’ici, il fait gris. J’ai aussi pu vivre le succès de Dario Cologna, puis les années d’avant, où les filles marchaient mieux. Les blessures, maladies, abandons et certains changements d’entraîneurs sont dans les moins bons souvenirs.

Quel avenir a le ski de fond féminin en Suisse?

On a touché le creux de la vague avec les filles, ça ne peut que remonter. On manque de densité et on a besoin d’un encadrement plus fiable pour les cadres M24, donner le bon élan. Il y a eu trop de changements ces dernières années et on en paie les conséquences. Pour ma part, un peu plus âgée, j’ai eu la chance d’avoir toujours un bon encadrement.

Quelles fondeuses vous auront marquée durant votre carrière?

D’abord, Bente Skari (Nor), qui gagnait tout, mais restait très humble et naturelle. Actuellement, j’admire Marit Bjoergen (Nor), qui a connu le succès, puis un creux et qui est revenue à présent, ou la Slovène Petra Majdic, pour son courage.

Et maintenant…

…que va-t-elle faire? «Dès le mois de mai, je travaille au département events d’Audemars-Piguet», se réjouit Laurence Rochat, qui va aussi entreprendre quelques études. Elle pense donc rester à la vallée de Joux pour l’instant, une région, berceau de nombreux champions et qui l’a toujours soutenue, qui lui a permis de s’entraîner dans d’excellentes conditions.

Le moment de penser mariage, enfants? «Je verrai en temps voulu», sourit-elle. Et le sport, alors? «Je vais toujours continuer de faire du vélo et du fond, pour moi, car j’aime ça, affirme la Combière. Puis, ensuite, j’aimerais partager, transmettre mon expérience. Le côté coaching m’intéresse.» On lui souhaite bonne route.

Manuel Gremion