Lavey-les-Bains – A l’occasion de la Rentrée de l’An de l’Académie de police de Savatan, les conseillers d’Etat vaudois Béatrice Métraux, et genevois Pierre Maudet ont manifesté la volonté d’aboutir à la création d’un centre de formation romand.
Devant de très nombreux invités représentant les autorités politiques, religieuses, diplomatiques et les milieux de la sécurité -l’évêque de Saint-Maurice et le consul général de France à Genève étaient présents-, mardi soir au Grand Hôtel des Bains de Lavey, les conseillers d’Etat Béatrice Métraux et Pierre Maudet, tous deux en charge de la police dans leur canton respectif, ont affirmé leur volonté de relancer les discussions en vue de la création d’un centre de formation unique pour les policiers romands.
«Pour moi, c’est une évidence, confiait Béatrice Métraux, peu après la partie officielle. Nous allons en tous cas essayer de relancer les discussions.»
Une opportunité
C’est sans doute le moment de faire le pas. En effet, il appartient aux cantons de mettre en œuvre le nouveau concept de sécurité développé par la Confédération, sous le nom de code CGF 2020.
«A terme, nous devons penser la formation à l’échelle romande, en tenant compte des spécificités de chacun», a relevé la cheffe du Département vaudois des institutions et de la sécurité. Et de préciser, en privé, qu’on peut très bien imaginer une formation commune dispensée sur différents sites. La période de formation sera d’ailleurs portée à deux ans.
Peu avant elle, son collègue genevois Pierre Maudet a tenu des propos allant dans le même sens : «Il faut voir ce qu’on peut mieux faire ensemble et avoir une vision commune de la sécurité.»
Transformer l’essai
Le chef du Département de la sécurité et de l’économie de la République et canton de Genève sait de quoi il parle. En effet, les policiers genevois sont formés depuis deux ans à l’Académie de Savatan, avec leurs collègues vaudois et valaisans. A l’évidence, Pierre Maudet est très satisfait de l’expérience. La période probatoire arrive à son terme et le Conseil d’Etat genevois devra confirmer son engagement sur le long terme dans le courant de cette année.
Multi-sites
Actuellement, les policiers vaudois, valaisans et genevois sont formés à Savatan. Ceux des cantons de Fribourg, Neuchâtel et du Jura suivent, pour leur part, une formation au CIFPOL (Centre interrégional de formation de police), une structure née d’un accord, conclu en 2016 et mis en œuvre, l’an dernier, par les autorités des cantons précités.
Bien évidemment, dans un domaine où chacun tient à ses prérogatives -les approches réalisées par le passé ont échoué- les discussions s’annoncent délicates. Mais la formule défendue par Béatrice Métraux et Pierre Maudet -un centre de formation unique, mais multi-sites-, permettrait à chacun de conserver une part d’activité.
Une chose est certaine, la problématique de la sécurité doit, aujourd’hui, être abordée globalement, car le terrorisme et la grande criminalité n’ont pas de frontières.
Un objectif
Par ailleurs, pour faire face aux enjeux posés par les grands événements, les polices cantonales n’ont d’autre choix que celui de coopérer. La candidature de Sion pour les Jeux olympiques 2026 pourrait être une occasion de le démontrer. Et, en cas d’attribution, un bel objectif commun pour les responsables de la formation.
Le Canton veut l’acquérir
Avenir du site de Savatan
S’il n’a rien de comparable avec celui de Monaco, le Rocher, comme l’appellent volontiers les initiés, est un véritable château fort, une ville en grande partie souterraine, propriété de l’Armée. Celle-ci n’a plus d’intérêt stratégique à conserver le site de Savatan. Béatrice Métraux s’est entretenue plusieurs fois avec le conseiller fédéral Guy Parmelin. Le dossier est complexe, car il concerne également le personnel d’entretien. «Le Conseil d’Etat souhaite trouver rapidement une issue favorable à l’avenir de Savatan», a relevé la conseillère d’Etat.
Un pacte de jumelage a été signé
Partenariat – De camarades à des frères d’armes
Les aspirants en formation à l’Académie de police de Savatan se rendent, depuis six ans, à Saint-Astier, en Dordogne, au Centre d’entraînement des forces de gendarmerie, qui accueille chaque année plus de 10 000 stagiaires pour des formations, dispensées par modules. La conseillère d’Etat vaudoise Béatrice Métraux l’a visité récemment.
Le partenariat entre les deux centres a été renforcé par un jumelage signé, mardi matin, en présence des autorités suisses et françaises. Lors de la cérémonie de rentrée de l’An, le colonel Stéphane Bras s’est réjoui de ce pas supplémentaire dans la collaboration entre les deux institutions, mais surtout entre des hommes dans une atmosphère de fraternité, même si ce terme a des relents de paternalisme.
Il a, d’ailleurs, cité Simone Veil, qui avait dit que «la grandeur d’un métier est d’unir des hommes».
Apprendre de l’autre, lui ouvrir ses enseignements : le sillon est tracé pour le militaire français, qui s’est félicité de ce «pari d’une alliance durable».
Et le colonel Stéphane Bras de conclure : «Savatan et Saint-Astier sont frères d’armes pour la sécurité de nos citoyens.»