Porté par les habitants jusqu’à l’exécutif, Claude Jaggi accédera à la syndicature durant la prochaine législature. Passionné par les chevaux et sa commune, il espère apporter calme et sérénité dans son village.
On le connaît avec son chapeau foncé, son gilet ouvert sur une chemise et, surtout, on le distingue aisément puisqu’il conduit souvent une calèche dans la campagne nord-vaudoise. Mais bientôt, on apprendra à découvrir Claude Jaggi comme syndic de Concise. Seul candidat à se présenter officiellement à cette fonction, il a donc été élu tacitement.
Plébiscité par le peuple qui l’a propulsé à la première place lors des élections communales avec 307 suffrages (majorité absolue 208), il a été soutenu par ses futurs collègues pour reprendre la syndicature de Patrick Jaggi, qui ne s’est pas représenté. D’ailleurs, le seul municipal sortant motivé à rempiler pour une législature n’est autre que Georges-André Banderet, futur vice-syndic. «Je crois sincèrement qu’on est une bonne équipe, on va tous dans le même sens, confie Claude Jaggi. Pour la syndicature, on en a discuté ensemble et il en est ressorti que j’avais mes chances. Les autres qui étaient intéressés se sont retirés sans bagarre.»
Les querelles, justement, Claude Jaggi n’en veut plus et il l’a clairement fait savoir à ses colistiers. «On a commencé à se répartir les dicastères en fonction de ce qui intéressait les gens, dans l’idée d’avoir le maximum de plaisir à travailler. Parce que je leur ai dit: à 63 ans et après ce que j’ai vécu, je ne reviens pas à la Municipalité pour avoir des histoires. Il faut qu’on travaille main dans la main.» Ainsi, c’est dans le calme et la sérénité qu’il entend faire avancer Concise.
L’ancien municipal revient donc au pouvoir avec des idées claires, mais aussi avec un passé chargé. Car si on connaît le menuisier pour son artisanat et ses balades gourmandes en calèche, il porte également avec lui les cicatrices invisibles, mais encore douloureuses, d’une vie tourmentée. Un fragment de son cœur s’en est allé il y a tout juste deux ans, lorsque son épouse est décédée. Ensemble, ils avaient affronté et surmonté certainement l’une de leurs plus lourdes épreuves: «Mon fils a attrapé la listeria, quand il y a eu tous ces problèmes autour du Vacherin Mont-d’Or, et cela a fini en méningite. à sa naissance, ses bras et ses jambes ne fonctionnaient pas. Un médecin du Chuv m’a conseillé l’hippothérapie et c’est comme cela qu’on a eu des chevaux avec ma femme. Et une fois qu’on essaie, on ne revient plus en arrière, car c’est vraiment incroyable tout ce qu’ils peuvent vous apporter», dévoile-t-il.
De cette nécessité à travailler avec les chevaux, il s’est découvert une véritable passion. Et loin de lui l’idée de la garder pour lui. C’est pour cela qu’il s’est lancé dans une forme de tourisme rural atypique. De Charles le Téméraire à l’histoire de La Chartreuse, il remonte le temps avec sa calèche et ses invités, tout en distillant au passage des anecdotes sur son coin de pays et en servant fondue et vin du terroir. «C’est toujours un plaisir de partager mon amour des chevaux et de ma région qui est riche d’histoire, assure le futur syndic. Ce n’est pas la foire, mais c’est toujours un grand moment d’émotion. Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde, on a tout ce qu’il faut si on prend le temps de regarder.»
également membre des Milices Vaudoises et président de la Société du jumelage Concise – Cabrières d’Avignon (F), il parcourt des kilomètres (parfois en calèche également) pour mettre en avant la première commune du canton (en venant de Neuchâtel).
Ainsi, ce n’est pas étonnant que ce soit par le prisme du tourisme et de l’économie qu’il entrevoit le futur de Concise. «J’aimerais qu’on ait plus de possibilités pour les jeunes et que les artisans retrouvent une vie de commerce. On a aussi un bord du lac sympa, mais il nous manque de quoi l’animer. C’est peut-être un projet à mener dès que l’on pourra, mais je ne sais pas encore comment, dévoile Claude Jaggi. On ne pourra pas arriver avec de grandes idées tout suite, il faudra déjà résoudre le problème des finances communales.» Lui et le collège municipal auront donc du pain sur la planche pour la prochaine législature. Plus qu’à espérer qu’il y aura de la fondue pour agrémenter la tâche qui les attend.