Bol d’Or du lac de Neuchâtel et Bol d’R: la régate du solstice s’est déroulée entre les éclairs et avec un catalogue des vents.
Pour cette 37e édition du Bol d’Or, tradition nautique bien ancrée dans le cœur des régatiers, la météo s’est montrée aussi capricieuse qu’un spi mal réglé, mais l’ambiance est restée, elle, joyeusement portée par les flots.
À 10h samedi, le coup d’envoi lancé depuis la digue du nouveau port a marqué le départ. Les voiliers ont démarré, mollo mollo, poussés par un timide bisat. La montée sur la Motte (au large d’Auvernier), où se trouvait une marque de parcours clé, a été longue, et la panoplie des vents a posé bien des problèmes aux concurrents. Les airs, parfois totalement absents, piégeaient certains équipages sur un lac miroir, figés comme dans un tableau impressionniste. À terre, la tension montait d’un cran à mesure que les bulletins météo s’assombrissaient.
Sébastien Guidoux, responsable technique, restait aux aguets: «Je savais que je pouvais compter sur le service de sécurité engagé sur l’eau», confiait-il, soulagé une fois le gros orage passé. Car des cellules orageuses ont bien traversé le lac, escortées d’éclairs. Certains skippers, préférant la prudence, ont choisi de regagner les ports les plus proches, abandonnant la course sans perdre l’honneur. Sur la ligne d’arrivée, le comité de course a lui aussi vécu son moment d’épreuve: grêle et rideau de pluie ont fouetté la petite tente qui les abritait. «C’était tendu mais, heureusement, après la pluie, le soleil!», a lancé l’un d’eux en riant.
C’est le SSL47, barré par Yann Dorset, qui a remporté le Bol d’Or 2025 en temps réel. Il est apparu tel un fantôme sortant d’un rideau de pluie pour franchir la ligne sous un soleil encore pâle. En temps compensé, Toto, de Marc Ehle, de la BT, s’est imposé devant Pierre-Alain Schneider, du CNTY, et Michel Rottet, du CVN. Seul multicoque à avoir franchi la ligne, Olivier Grivel, de la MY, remporte cette édition.
La journée ne se résume pas qu’à la météo. Car à 10h30, une autre aventure débutait discrètement: la 1re édition du Bol d’R, régate réservée aux dériveurs, inscrite au Trophy Interlac 2025 de l’ACVL. En flotte réduite, cinq embarcations ont pris le départ, certaines venues de la vallée de Joux, pour un parcours en boucle le long de la rive nord, de Grandson à la Raisse, et retour.
Parmi ces marins en herbe et vieux loups de lac, une barreuse a fait l’unanimité: Agathe Leuenberger, 8 ans, tenait la barre d’un 485; elle était secondée par le propriétaire du bateau, Pierre-Michel Cotroneo. Concentrée, souriante, déterminée, elle a conquis tous les spectateurs et régatiers présents. «L’année prochaine, je reviens avec mon Optimist», a-t-elle annoncé fièrement. Et on s’en réjouit déjà!
La journée s’est conclue sous un ciel redevenu clément. Malgré les caprices du temps, la magie de la régate a opéré: des voiles, du courage, une pointe d’adrénaline et une bonne dose de passion. Ce Bol d’Or 2025, accompagné de son petit frère le Bol d’R, aura laissé une empreinte dans les mémoires: celle d’un solstice navigué avec panache, entre grains, grains de folie et graines de champions.
