L’Etat a annoncé de nouvelles directives pour l’école à domicile hier. Un cadre défini et des outils mieux adaptés sont déployés pour faire face à la situation et soulager les parents.
Cela fait désormais près de dix jours que les parents ont dû se glisser dans la peau des enseignants pour donner l’école à la maison. Mais cela fait aussi une dizaine de jours que tout le système scolaire vaudois doit se réorganiser de fond en comble et coordonner à distance quelque 92 000 écoliers et 13 000 enseignants. Les débuts n’ont pas été tout roses. Jeudi dernier, la plateforme Educanet2, déjà obsolète avant la crise, a été surchargée au point de devenir inaccessible. Du côté des parents aussi, la tension montait (lire encadré). C’est pourquoi le Canton a apporté un nouvel éclairage hier lors d’une visioconférence avec la presse.
Plus de tests ni d’épreuves cantonales
La conseillère d’État Cesla Amarelle a tenu à rassurer et calmer les ardeurs: «Le principe de base, c’est de dire que l’on ne peut attendre que l’enseignement à distance remplisse les mêmes objectifs que l’enseignement en classe. J’aimerais vraiment lever cette pression sur les élèves, les enseignants et les parents et leur dire qu’on est tous conscients que l’on ne va pas suivre le programme comme si de rien n’était.»
Pour joindre le geste à la parole, l’élue yverdonnoise a annoncé plusieurs adaptations du système en vigueur. «Il faut prioriser les matières du plan d’études romand, poursuit-elle. L’objectif est de consolider les connaissances et que les écoliers soient prêts pour l’année suivante en ayant touché à l’essentiel. Il faut qu’ils restent dans une dynamique de progression.» Ce qui signifie aussi que «toute évaluation notée est proscrite», y compris les épreuves cantonales. Le Canton a également établi un temps de travail précis par tranche d’âge. Ainsi, de la 1re à la 4e il est recommandé de consacrer entre 60 et 120 minutes maximum à l’école. Ce temps augmente et peut aller jusqu’à 150 minutes pour les 5e à 8e, et à 210 minutes pour le secondaire. «Il y a une bonne coordination entre les cantons, donc ce que nous annonçons ici ne devrait pas beaucoup varier d’un canton à l’autre», note Giancarlo Valceschini, directeur général de la Direction générale de l’enseignement obligatoire.
L’année ne sera pas annulée
Le Département de la formation procédera à des aménagements dans les critères d’orientation et de promotion des écoliers. Mais ce qui est sûr, c’est que l’année scolaire ne comptera pas pour des prunes. «Il y a eu des polémiques à Zurich pour annuler cette année. Nous, on prend le contre-pied, considérant que plus de la moitié a été faite en classe», poursuit l’élue socialiste. Quant aux examens, il y a encore des incertitudes. «Il y a deux scénarios: soit on les annule d’emblée, soit on les repousse. On n’a pas encore pris de décision.»
Vers un prolongement d’école à distance
Sans l’affirmer, Cesla Amarelle a laissé entendre que la fermeture des écoles pourrait s’étendre au-delà du 30 avril. C’est pourquoi l’état tient à trouver des solutions pérennes. «Ce qui nous préoccupe, c’est de pouvoir soigner cette relation parent-enfant-enseignant sur la durée et assurer une égalité des chances.» Les documents à imprimer à domicile seront limités ou seront envoyés par la poste. Un suivi particulier sera mis en place pour les jeunes allophones ou en difficulté. Aussi, ceux qui n’ont pas d’ordinateur seront équipés. «Il s’agirait de 5% des écoliers», estime Giancarlo Valceschini, précisant que chaque classe dispose de trois ordinateurs. Et la cheffe de la formation d’ajouter: «Dès la semaine prochaine, dans la mesure des capacités des réseaux, nous mettrons à disposition des outils de communication, type Zoom (visioconférence), et de travail, comme Office 365, ainsi qu’un calendrier de classe, Team Up.» Il y aura aussi une plateforme collaborative dont le nom est encore secret.
Les parents demandent un répit
La présidente de l’Association des parents d’élèves Vaud et Yverdon-les-Bains, Marie-Pierre Van Mullem, s’inquiète des disparités entre écoles. «Il y a des endroits où cela se passe vraiment très bien, mais il y en a d’autres où les professeurs surchargent les enfants. C’est ce qui nous inquiète le plus.» Normalement, l’agenda électronique Team Up devrait régler ce problème, mais cela ne fera pas tout. «On voit aussi que les inégalités se creusent entre ceux qui ont le temps et les compétences d’enseigner à la maison et les autres, poursuit-elle. C’est bien de garder un rythme et un lien avec l’école, mais il doit être léger et ne pas peser sur les familles.» Elle remarque toutefois que l’état est «très à l’écoute» et qu’il fait son possible. D’ailleurs, Cesla Amarelle a précisé que l’on travaillait jour et nuit au Canton pour trouver des solutions. Elle n’a pas manqué de remercier tous ceux qui oeuvrent dans l’ombre pour faire tourner la machine.
Le post-obligatoire toujours dans le flou
«Nous discutons quotidiennement au niveau fédéral pour que des décisions viennent et pour obtenir des clarifications, assure Cesla Amarelle. Nous les communiquerons dès que possible.» Cela concerne les gymnasiens, les apprentis et les écoles de commerce notamment. A noter que le Service de protection de la jeunesse a mis en place une hotline – 021 644 20 32 –, du lu au ve de 8h à 20h. Il s’agit d’un service de conseil professionnel aux parents qui rencontrent des difficultés avec leurs enfants dans la gestion de la vie quotidienne.