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Le Capitole et l’Ecusson vaudois disparaissent

24 février 2012

Le matériel du cinéma et celui du restaurant yverdonnois ont été mis en vente par le biais de petites annonces. Quant à l’immeuble de la rue de la Plaine, il a été acquis par de nouveaux propriétaires. Une page d’histoire se tourne.

Deux enseignes emblématiques de la rue de la Plaine vont disparaître du paysage.

Une page d’histoire est en passe de se tourner à la rue de la Plaine, à Yverdon-les-Bains. En effet, l’Ecusson vaudois, hôtel-restaurant emblématique de la rue -il s’agissait d’une ancienne débridée-, et le cinéma Capitole, aménagé lui au milieu du siècle dernier, vont disparaître. L’immeuble a en effet été vendu et il fera l’objet d’une nouvelle affectation.

Le mobilier et le matériel de l’Ecusson vaudois et du Cinéma Capitole ont été mis en vente par le biais de petites annonces. En fait, cette opération fait suite à la vente de l’immeuble qui abrité les deux enseignes, rue de la Plaine à Yverdon-les-Bains, après une longue fermeture pour le premier -les derniers tenanciers ont quitté les lieux il y a plusieurs années après avoir accumulé les difficultés financières-, et la cessation des projections, dans le courant de l’année dernière, pour le deuxième.

Plus de cinéma

Une chose est certaine, il n’y aura plus de cinéma à la rue de la Plaine. L’ancien propriétaire de l’immeuble, Philippe Salemi, regrette cette issue: «On a vendu l’immeuble. Mais je ne vous cache pas que je suis parvenu à cette issue non sans regret…»

En effet, si l’ancien propriétaire a mis à l’enquête, et obtenu le permis de construire des logements en lieu et place de l’hôtel-restaurant, il espérait encore sauver le cinéma aménagé au milieu du siècle dernier. A l’époque d’ailleurs, il y avait une exploitation commune puisque le bar de l’Ecusson s’ouvrait également sur le cinéma, ce qui permettait de servir des boissons à l’entracte.

Découragés

Philippe Salemi affirme avoir encouragé la remise du cinéma Capitole: «Je savais que Monsieur Esposito (le dernier exploitant) avait des problèmes financiers. Mais c’est un homme qui a toujours travaillé et je l’ai autorisé à chercher un repreneur. Il a trouvé des personnes sérieuses. Malheureusement, celles-ci se sont désistées…» Et Philippe Salemi d’ajouter: «Nous étions sur le point de signer la convention de reprise lorsque la Municipalité d’Yverdon-les-Bains a annoncé le lancement d’un projet pour la création d’un cinéma multisalles près de la gare. Ils étaient prêts à investir pour rénover la salle et les installations. Mais ils voulaient un bail de dix ans. Lorsqu’ils ont pris connaissance du projet communal, ils ont décidé de renoncer.»

L’ancien propriétaire du Capitole et de l’Ecusson vaudois est un peu amer: «Les repreneurs étaient sérieux et ils ont une longue expérience dans le cinéma. Ils voulaient aménager deux salles dans le volume du Capitole. Maintenant, c’est une longue histoire qui se termine. J’ai vendu parce qu’à bientôt septante ans, toutes ces affaires ont fini par me fatiguer. L’histoire, c’est celle-ci. Il n’y en a pas d’autre.»

Même si le futur de ce bel immeuble de la rue de la Plaine n’est pas encore déterminé -des logements et une partie commerciale devraient y être aménagés-, il est certain désormais que cinéma et restaurant -l’une des plus anciennes débridées de la ville- sont relégués dans les pages d’histoire.

Le Bel-Air en attente

Tous les yeux des cinéphiles sont désormais tournés vers le Bel-Air. Le projet de reprise par l’une des exploitantes de l’Odéon, à Morges, devrait se concrétiser d’ici le printemps. Celle-ci envisage une rénovation et l’installation d’un système de projection numérique. La propriétaire de l’immeuble, Eulalia Ruefli, attend avec impatience de voir à nouveau le public faire la queue à la place Bel-Air: «Je veux que mon cinéma rouvre. C’est une salle magnifique!»

Par défaut

En attendant, le public yverdonnois peut suivre les projections organisées aux Caves du Château et au Théâtre Benno Besson par Cinedici, une association créée pour permettre à Laurent Toplisch (responsable du Zinéma) de relancer le projet qui avait échoué, faute de participation de la Loterie Romande. Il est d’ailleurs question d’organiser des projections dans les locaux initialement prévus, sous les tribunes de l’ancien hippodrome d’Yverdon-les-Bains.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cette «disette» yverdonnoise a dopé la fréquentation des cinémas des localités voisines d’Orbe et de Sainte-Croix.

Isidore Raposo