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Le castor a fait une virée nocturne

20 novembre 2009

Des incisives qui peuvent causer bien des dégâts! © Muriel Antille

Des incisives qui peuvent causer bien des dégâts! © Muriel Antille

Pas de doute possible, le peuplier abattu dans la nuit de lundi à mardi l’a été par un superbe spécimen de castor, probablement citoyen de l’Île aux Oiseaux.

Le castor sort la nuit! Le rongeur n’est peut-être pas allé fréquenter les bistrots ou night-clubs du centre-ville d’Yverdon-les-Bains, mais il a quand même trouvé le moyen de faire parler de lui… en abattant un jeune peuplier d’une dizaine d’années aux Rives du Lac, à proximité du Théâtre du Petit Globe! Les traces laissées sur le peuplier ne laissent en effet guère de place au doute quant à l’identité du suspect: celui-ci a quatre pattes, une queue plate et deux magnifiques incisives! Les fins limiers de la rue du Valentin auront beau tenter de l’interroger, le rongeur risque de garder le silence, même s’il est à relever qu’il se trouve dans l’illégalité la plus complète, n’ayant même pas eu la délicatesse, ni la présence d’esprit de procéder à une mise à l’enquête, ce qui aurait pourtant été la politesse la plus élémentaire.

Le suspect a en effet accompli son forfait de nuit, ce que confirme Eve Guigoz, licenciée en zoologie et membre de ProCastor depuis une dizaine d’années: «Le castor est un animal très craintif, il ne va pas se risquer vers les habitations, mais il raffole du bois tendre, comme le saule ou… le peuplier, surtout en hiver. En été, il aime les plantes aquatiques, mais il ne dit jamais non à un bon morceau d’écorce! Combien de temps lui-a-t-il fallu pour accomplir son forfait? Sachant que des troncs de trente centimètres de diamètre ont été rongés en une nuit, j’estime que le castor a pu abattre cet arbre en une heure environ.» Personne n’a pour l’heure réussi à appréhender le suspect, même si son domicile est connu: l’Île aux Oiseaux, ce que confirme Didier Schmid, grimpeur-élagueur yverdonnois bien connu et membre lui aussi de ProCastor. «Il y a vraisemblablement une famille là-bas, soit deux adultes et un petit. Ils n’ont pas besoin d’être beaucoup pour abattre un arbre! Si d’autres attaques nocturnes sont à prévoir? Sûrement, oui, mais il faut relativiser, tous les arbres de la ville ne vont pas tomber!»

Pas un serial killer

Nous n’aurions donc pas affaire à un serial killer ou à une meute de castors terrorisant la ville, mais l’affaire est néanmois prise au sérieux par Gilbert Bossy, chef jardinier à Yverdon: «Vous savez pourquoi les castors n’ont jamais de fièvre? Parce que les peupliers, tout comme les saules, contiennent de l’acide acéto-salicylique, lequel est notamment utilisé dans la composition de l’aspirine. Blague mise à part, tout indique en effet qu’il s’agisse d’un castor et nous suivons l’affaire de près.» D’autres forfaits ont depuis lors été enregistrés dans la région, comme le confirme Didier Schmid: «Un arbre a été attaqué du côté de l’Arnon, vers Fiez.» Le castor, dont le dernier recensement helvétique par ProNatura fait état de plus de 1500 individus, est en effet présent du côté de la Menthue comme de l’Arnon. Il risque encore de faire quelques apparitions nocturnes du côté des Rives du Lac et les peupliers tremblent déjà…

Timothée Guillemin