Santé - Pour répondre aux demandes croissantes et assurer une sécurité sanitaire, les spécialistes de l’aide à domicile ont dû réinventer leur travail.
Ils n’ont ni blouse blanche ni cape de super-héros et pourtant ils viennent tous les jours prêter main-forte aux personnes vulnérables confinées chez elles. Eux, ce sont les pros de l’aide à domicile. Pour poursuivre sa mission en période de pandémie, l’Association pour la santé, la prévention et le maintien à domicile (Aspmad) d’Yverdon-les-Bains a dû se réinventer. «Les deux premières semaines de la crise, on a eu plusieurs complications, comme une hausse de 34% des commandes de repas, passant de 326 plats livrés par jour début mars à 436 aujourd’hui», illustre Valérie Frei, responsable des finances de l’Aspmad. Un changement qui résulte principalement de la fermeture des Centres d’accueil temporaire, selon elle.
Soutenir les personnes isolées
«Dans l’urgence, on a pu répondre à la demande, mais il fallait trouver une alternative pour les gens en bonne santé qui ont juste besoin d’une aide.» Ce d’autant plus qu’en parallèle, de plus en plus de clients sollicitaient un coup de pouce pour leurs courses. «On a enregistré une hausse globale des livraisons quotidiennes de 110%», assure le directeur de l’Aspmad, Matthieu Reymond. L’institution s’est alors mis en tête de répertorier toutes les initiatives citoyennes du Nord vaudois, afin de mettre en relation bénévoles et bénéficiaires. Restaurants, pharmacies, Jeunesses, communes, tout a été listé sur son site.
«Se battre pour du matériel»
Si certains ont trouvé une alternative à l’Aspmad, d’autres ont bien besoin de leurs services. «Il y a une augmentation temporaire du nombre de clients, relève Valérie Frei. On priorise les interventions et on diminue celles qui ne sont pas nécessaires.» L’association a ainsi baissé ses activités de 22% la semaine dernière. «C’est un moyen de limiter les contacts superflus et de se préparer à une montée en puissance en cas de pic», précise Matthieu Reymond.
Tous ses employés, ainsi que les patients «Covid», doivent porter des masques. Une mesure qui n’a pas été imposée dès le départ, ce qui a engendré quelques tensions à l’interne. «La charge émotionnelle a été compliquée à gérer, surtout qu’au début, c’était difficile d’accéder au matériel, indique la responsable des finances. Heureusement, notre directeur a été très inventif.» Et celui-ci de confirmer: «On a dû se battre avec le Canton pour avoir des masques et réinventer toute notre organisation.» En deux temps trois mouvements, il a diffusé des tutoriels et multiplié les informations sur les mesures de sécurité. Il a trouvé du soutien auprès des tatoueurs et des salons de beauté du coin qui lui ont fourni des masques et du désinfectant.
Les garagistes l’ont dépanné en lunettes de protection. Et les blouses en tissu ont été sorties du placard. «Après, on a eu un autre problème: les lessives. Normalement, c’est le SEMO qui s’en charge, mais les jeunes ont été renvoyés à la maison. En deux jours, on s’est organisés pour que la Protection civile puisse utiliser ces locaux», révèle Valérie Frei. «Au début, on a été très occupés à nous adapter, mais maintenant on a du recul et on peut compter sur des collaborateurs incroyables», conclut Matthieu Reymond.