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«Le côlon, c’est tabou, mais il faut surmonter la gêne»
Avant de penser à la coloscopie, il est possible, sur ordonnance, de faire un dépistage à la maison avec un kit, en prélevant un échantillon de selles à envoyer au laboratoire.

«Le côlon, c’est tabou, mais il faut surmonter la gêne»

27 février 2025 | Textes et photo: Lena Vulliamy
Edition N°3901

Avec le défi «Bouge en bleu», le Centre yverdonnois de gastroentérologie et endoscopies (CYGNE) veut briser le tabou autour du cancer colorectal, qui représente 10% des cancers diagnostiqués en Suisse.

«On diagnostique des cancers du côlon toutes les semaines», affirme la Dre Sophie Buyse, fondatrice et directrice du CYGNE, le Centre yverdonnois de gastroentérologie et endoscopies. En Suisse, 4500 cas sont détectés chaque année et le cancer colorectal est le plus répandu après le cancer du sein chez la femme et celui de la prostate et des poumons chez l’homme. Il est aussi l’un des cancers les plus meurtriers, alors qu’il se guérit dans 90% des cas quand il est dépisté précocement. C’est pourquoi, en collaboration avec le Programme vaudois de dépistage du cancer du côlon d’Unisanté, le défi «Bouge en bleu» est lancé pour sensibiliser la population tout le mois de mars.

S’en préoccuper à temps

«C’est tabou, le côlon, le caca, mais il faut ouvrir les esprits et surmonter la gêne, parce qu’on peut le prévenir, explique la Dre Buyse. Il y a aussi eu toute une période où on pensait que le dépistage du cancer colorectal, c’était avec un tuyau dans le derrière, sans anesthésie. Mais en fait, c’est un contrôle de routine.»

Il y a aussi eu une explosion des cas qu’on peut expliquer par l’alimentation industrielle et le mode de vie sédentaire, explique la spécialiste. Car, sans surprise, le cancer colorectal a moins de chances de se développer dans le corps d’une personne ayant une bonne hygiène de vie. Une activité sportive et une alimentation saine, limitant la consommation de charcuterie, d’alcool et de tabac, sont donc à privilégier.

Un mois de mobilisation

Tout le mois de mars, la population est ainsi invitée à bouger en bleu par le biais de randonnées, courses ou autres activités physiques, tout cela en réalisant la plus belle photo en bleu. Des défis éducatifs et des quiz sur la prévention du cancer colorectal seront aussi à découvrir sur le site du CYGNE et via des QR Codes répartis dans les pharmacies de la région. Ces dernières distribuent d’ailleurs des kits d’analyse de selles pour les plus de cinquante ans. L’échantillon de selles est à prélever à la maison, et il faut l’envoyer directement au laboratoire. Les résultats  parviennent par courrier, à domicile, dans les huit jours. L’idée est de vérifier la présence de sang occulte dans les selles, l’un des principaux indicateurs d’une tumeur intestinale.

Le 2 mars, «Bouge en bleu» propose une participation à La Mara, une course populaire où les participants sont encouragés à porter du bleu pour symboliser leur engagement dans la prévention du cancer colorectal. Enfin, le 31 mars se tiendra une conférence de clôture au château d’Yverdon-les-Bains. Ouverte à tous, elle réunira des experts en gastroentérologie et en prévention. L’idée sera de faire le point sur les avancées et l’importance du dépistage.


Qu’est-ce que c’est?

Lorsqu’on parle de «cancer de l’intestin», on entend généralement une maladie cancéreuse du côlon ou du rectum, explique la Ligue contre le cancer. On dénomme aussi ce type de cancer carcinome colorectal ou cancer colorectal. Le terme englobe toutes les pathologies cancéreuses du côlon et du rectum. Le cancer du côlon peut se manifester par des douleurs abdominales, du sang dans les selles, un changement du transit intestinal (alternance de diarrhées et de constipation), des situations d’urgence (occlusion intestinale, perforation intestinale) ou, plus insidieusement, par une anémie. Le cancer du côlon peut aussi être mis en évidence chez des personnes asymptomatiques avec un dépistage.