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Le combat des chefs

5 mars 2015

Football – 1re ligue – Alors que le championnat reprend ses droits ce week-end, Vittorio Bevilacqua et Bekim Uka, entraîneurs d’Yverdon Sport et du FC Bavois, se sont prêtés au jeu de l’interview croisée.

Shooting mythique, dans les locaux de La Région, avec deux entraîneurs -Bekim Uka, à gauche, et Vittorio Bevilacqua- qui s’apprécient, mais auxquels on a demandé de se mettre en mode duel. © Michel Duperrex

Shooting mythique, dans les locaux de La Région, avec deux entraîneurs -Bekim Uka, à gauche, et Vittorio Bevilacqua- qui s’apprécient, mais auxquels on a demandé de se mettre en mode duel.

A droite, Vittorio Bevilacqua, autoproclamé grande allenatore («1,83 m», précise-t-il en se marrant), personnage charismatique, volubile, volontiers taquin. A gauche, Bekim Uka, le regard malicieux, la force tranquille en apparence, «calme seulement à l’intérieur», selon lui. Les entraîneurs d’Yverdon Sport et du FC Bavois ne se ressemblent pas beaucoup, mais ils partagent le même amour pour le ballon rond, le même goût pour le beau football, et ils s’apprécient. C’est par une franche accolade qu’ils se sont salués, avant-hier, en arrivant dans les locaux de La Région, où ils avaient été conviés pour évoquer la deuxième partie de la saison de 1re ligue, qui débute ce week-end. Morceaux choisis d’un combat des chefs verbal, on ne peut plus amical, en attendant les retrouvailles sur le terrain.

Une surprise?

Yverdon Sport est deuxième du classement, le FC Bavois quatrième. Les deux équipes du Nord vaudois encore en course pour les finales, est-ce une suprise?

Vittorio Bevilacqua: Pas du tout, car nous avons deux équipes avec de bons joueurs. Au début, je me disais d’ailleurs que le contingent de Bavois était plus étoffé.

Bekim Uka: Bien sûr, on peut se dire ça, parce qu’il y a chez nous une certaine continuité. A Yverdon, il a fallu construire quelque chose. Il y a deux ans, l’équipe n’avait pas la même qualité qu’aujourd’hui. Mais cette saison, j’ai senti dès le départ que quelque chose se préparait, avec «Bevi», sa grinta. Pour moi, YS fait partie des favoris depuis le début.

VB: Et à Bavois, l’excellent entraîneur est là depuis… Depuis combien de temps?

BU: Trois ans et demi.

VB: Voilà. Et il y a des bons jeunes, des cadres qui assument leurs responsabilités. C’est toujours très difficile de jouer contre Bavois.

Les favoris

BU: Je trouve que, de manière générale, le niveau de jeu en 1re ligue est très intéressant. Il y a beaucoup de bonnes équipes.

VB: Il n’y en a pas de faible.

BU: Naters et Fribourg ont joué les finales la saison dernière, avant d’être à la peine cette année. C’est très serré.

VB: En plus, pour moi, tout le monde s’est renforcé durant la pause. Les Azzurri, ils ont combien de joueurs? Trente?

Ce sont eux, les favoris?

BU: Ils en font partie, même si, cet automne, ce n’est pas l’équipe qui m’a le plus impressionné.

VB: Moi, les équipes qui m’ont marqué, c’est Echallens et Stade Lausanne. On n’en parle pas beaucoup, mais elles sont très dangereuses. Qui ira en finales? Entre Azzurri, Bavois, Echallens, Stade et Yverdon, je ne sais pas.

BU: Cela va se jouer à la régularité.

Le Nord en finale

A Yverdon, on affiche aujourd’hui clairement la volonté de monter.

VB: Moi, je ne me suis jamais caché. J’ai toujours dit que je voulais jouer les finales. Ce qui change, aujourd’hui, c’est que le club l’affirme haut et fort aussi. Le président a dit dans les journaux qu’il voulait la première place! Ça me met la pression, j’adore ça. Et ce ne sont pas que des mots. Il a engagé Ange Nsilu et Marco Gabriele, du Mont, qui sont de vrais renforts. C’est un signe.

A Bavois, vous êtes toujours beaucoup plus évasifs quant à vos ambitions.

BU: Je n’aime pas parler avant. Ce n’est pas de la superstition, mais ça ne sert à rien. Autant attendre le résultat… Après, oui, il y a des ambitions, il y en a toujours eu. Maintenant qu’on s’est installés dans cette ligue, on veut voir autre chose. Faire les finales, ça casserait la routine. Les gagner, monter, c’est encore autre chose.

La rivalité régionale

Au premier tour, le derby a été enflammé, Bavois gagnant 4-3 au Stade Municipal. Quels souvenirs en gardez-vous?

VB: J’étais très fâché. Tu veux faire quoi, quand tu gagnes 3-1 à vingt minutes de la fin et que tu perds 3-4?

BU: Je me souviens que Parapar nous a posé de gros problèmes au début. Et puis, à 3-1, il a mal négocié un ballon, cela aurait dû être le coup de grâce.

VB: Je n’en ai pas dormi de la nuit. Mais au deuxième tour, on va gagner à Bavois pour se venger. (Rires)

BU: Un jour, «Bevi» m’a dit que nous étions davantage motivés contre Yverdon. Moi, je ne pense pas, même si c’est un joli derby, bien sûr.

Quelles sont les qualités de chaque équipe?

VB: Bavois, c’est une défense très solide, une équipe qui joue bien au football et qui possède des individualités pour faire la différence. Elle a peut-être souffert de ne pas toujours avoir un attaquant typé à aligner en pointe.

BU: Yverdon, de son côté, a réalisé des transferts intelligents cet hiver. L’équipe n’a jamais été aussi forte, ces dernières années, qu’aujourd’hui.

Le FC Bavois accueille Fribourg samedi à 17h; Yverdon Sport joue à Naters dimanche à 14h30.

 

Mercato-fiction

«Je te donne qui tu veux, ce soir!»

Après une heure et demie de discussions à bâtons rompus, on a demandé à Vittorio Bevilacqua et à Bekim Uka de désigner deux joueurs, dans l’effectif adverse, qu’ils enrôleraient avec plaisir.

VB: Vas-y, Bekim, dis-moi, je te donne qui tu veux, ce soir!

BU: Non, ce n’est pas vrai, tu ne me les donneras pas.

VB: Si, si, dis-moi, ça me fera plaisir.

BU: Edin (Becirovic, ndlr)?

VB: Ah, non, Edin, je ne peux pas! (Rires)

Pourquoi ce choix, Bekim?

BU: Je le connais depuis qu’il a 16 ou 17 ans, et il est déjà venu à Bavois quelques mois, lorsque nous étions encore en 2e inter. Mais aujourd’hui, il n’est plus le même. Il a une telle grinta!

VB: Et tu prends qui, en deuxième?

BU: Mmh. Manu Parapar, je crois. Il n’est pas constant, c’est sûr, mais c’est un joueur que j’aime bien, car il est très difficile à marquer. Il donne l’impression d’être lent, alors qu’il est rapide.

VB: Il est très rapide. Et il a une sacrée frappe. Il faudrait qu’il l’utilise plus.

Vittorio, qui choisissez-vous, de votre côté?

VB: Moi, je prends Nicola Zari. Bekim, tu sais que je le veux. Je l’ai déjà eu dans mon équipe, il est fort de la tête, très bon avec les pieds et c’est un garçon exceptionnel. Il a donné sa parole à Bavois pour cette saison et il n’entre donc pas en matière quand on le contacte. J’adore les joueurs comme ça.

Et comme deuxième recrue?

VB: J’aime bien Hicham Bentayeb, c’est un bon défenseur central, mais je crois que je prendrais Yannick Bovay, qui peut aussi jouer au milieu. Il est de la région et il est polyvalent, ça me plaît. Ah, et s’il avait dix ans de moins, je prendrais Marco Malgioglio! (Rires)