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Le déconfinement désavantage les librairies
Yverdon, 18 avril 2020. Librairie L'Etage, Céline Besson. © Michel Duperrex

Le déconfinement désavantage les librairies

20 avril 2020
Edition N°2721

Coronavirus – Les mesures annoncées jeudi dernier par la Confédération ne mettent pas tous les commerçants sur un pied d’égalité. Certains libraires parlent de concurrence déloyale.

Les libraires ne s’attendaient pas à grand-chose, au moment des annonces du gouvernement, jeudi dernier. Et pourtant, ils ont tout de même été surpris: leur situation a encore empiré. Lors de sa conférence de presse, le Conseil fédéral a dévoilé sa stratégie pour sortir peu à peu du semi-confinement. Les magasins devraient pouvoir rouvrir leurs portes dès le 11 mai, en même temps que les écoles. Avant cela, seuls les services de soins à la personne, comme les coiffeurs et les salons de beauté, les jardineries et les magasins de bricolage pourront accueillir leurs clients dès le 27 avril.

Cependant, les grandes surfaces pourront, elles, de nouveau vendre l’ensemble de leur assortiment, livres compris, dès la fin du mois d’avril. «C’est complètement incompréhensible, tonne Jean François Cand, président des Éditions de la Thièle. En tant que lecteur et familier des librairies, je suis consterné.» Pour l’ancien professeur de latin, il s’agit clairement d’une situation de concurrence déloyale. «Et ça ne touche pas que les milieux du livre et de l’édition.»

Sanitairement incohérent

Un sentiment d’injustice partagé par la librairie indépendante yverdonnoise L’Étage. «Je ne m’attendais pas à ce que nous puissions rouvrir avant la mi-mai, confie la directrice, Céline Besson. Et je trouve ça parfaitement logique au vu de la crise actuelle. Mais pourquoi est-ce que les grandes surfaces peuvent-elles le faire ?» Selon la libraire, la situation est d’autant plus absurde puisque les centres commerciaux concentrent davantage de monde. «D’un point de vue sanitaire, il serait plus logique d’ouvrir les magasins spécialisés, estime-t-elle. Nous attirons moins de monde et pouvons, par conséquent, mieux gérer les distances entre chaque personne.» Au contraire d’une grande surface, qui rassemble de nombreux consommateurs sous un même toit.

Quoi qu’il en soit, Céline Besson devra continuer à livrer les commandes qu’elle reçoit jusqu’à la mi-mai, ce qui ne suffit de loin pas à compenser les ventes normalement réalisées. Et Jean-François Cand de conclure : «Il faut espérer que les amateurs de livres attendront la réouverture des librairies pour acheter leurs bouquins.»