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Le départ d’un pilier de l’école tapa-sabllia

5 novembre 2015

Yvonand – Michel Ulmann a quitté, il y a quelques jours, son poste de directeur de l’Etablissement primaire et secondaire local. Il caresse de nombreux projets, après avoir passé trente ans «la tête dans le guidon».

Michel Ulmann a eu droit à une surprise de taille à l’occasion de son départ à la retraite. © Yann Rod

Michel Ulmann a eu droit à une surprise de taille à l’occasion de son départ à la retraite.

Le milieu scolaire d’Yvonand et de sa région est, depuis la fin de la semaine dernière, orphelin d’un monument. Michel Ulmann, son directeur vient, en effet, de passer la main après plusieurs décennies de bons et loyaux services. Trente rentrées scolaires au même endroit: un sacré bail pour une personne qui dit ne pas aimer la routine. C’est que, dans cette partie de la rive sud du lac de Neuchâtel, les défis n’ont pas manqué. Michel Ulmann avait la trentaine lorsqu’il a été propulsé à la tête de cet univers, après avoir officié huit ans comme maître de classe dans le primaire supérieur. «Au sortir de l’Ecole normale, mon souhait était d’aller enseigner sur La Côte. On m’a effectivement donné un poste sur une côte», ironise-t-il.

Le plus jeune directeur du canton s’est vu, d’emblée, confier une tâche colossale: l’édification de l’établissement d’Yvonand et de sa région, conformément à l’entrée en vigueur du nouveau système scolaire, en 1986. «Je me suis endormi enseignant, le 30 avril, et réveillé directeur le 1er mai, avec une classe à conduire au certificat et une loi à mettre en place sur le terrain», commente Michel Ulmann.

Avec la nécessité, comme lors de l’arrivée de la réforme Ecole vaudoise en mutation (1995) et, plus récemment, de la Loi sur l’enseignement obligatoire (2013), de maîtriser la peur du changement. «A vu de l’évolution de la société, des adaptations étaient inéluctables», estime-t-il. Les progrès technologiques, par exemple, sont synonymes d’ajustements constants. Sensible à ce paramètre -plusieurs classes de l’établissement sont désormais équipées de tableaux interactifs-, l’ancien directeur a utilisé, pendant une certaine période, l’informatique pour entrer en contact avec les élèves. «J’ai longtemps donné des cours d’initiation, car cela me permettait de les rencontrer tous à tour de rôle. Je retrouvais, chez certains d’entre eux, le sourire de leur maman ou de leur papa, qui avait aussi, en son temps, fréquenté l’école», déclare-t-il.

Un sentiment de fierté

A l’heure du bilan, Michel Ulmann est fier des infrastructures et de l’organisation scolaire qu’il quitte. Il évoque des moments pas toujours roses, comme la gestion de la crise consécutive à l’accident d’un écolier à Cuarny, l’an passé, et le mauvais accueil réservé parfois à la fermeture de classes dans des villages rattachés à sa structure. Ses sources de satisfaction sont, entre autres, la bonne collaboration avec l’Association scolaire intercommunale et les autorités locales, mais aussi le spectacle en plein air le «Maître des eaux», qui a «soudé l’école».

En tant que directeur, Michel Ulmann avait peu de temps pour lui, lui qui disait toujours «avoir la tête dans le guidon». «En référence à cette expression, une enseignante m’en a amené un lors du souper du personnel et demandé de le jeter par la fenêtre, ce que j’ai fait», relève, amusé, le sexagénaire, dont les projets ne manquent pas. En voici quelques-uns: apprendre l’arabe -sa belle fille est libanaise-, continuer à beaucoup voyager, se mettre à la peinture, s’occuper de ses trois petits-enfants et faire du rangement dans son foyer tapasabllia, où il habite, depuis les années 80, avec sa femme Agnès.

Il gardera en souvenir, de cette période «stressante, mais passionnante», de sa vie, un livre dont lui ont fait cadeau les collaborateurs de l’établissement. «Environ 800 personnes, dont, notamment, tous les élèves, d’anciens collègues et des membres des autorités se sont réunis, vendredi, à l’heure de la récréation, pour me dire au revoir. C’était diablement émouvant», conclut Michel Ulmann.