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Le derby des frères Aubert

23 octobre 2014

Hockey – 1re ligue – Le HC Yverdon de Sébastien attend le HC Vallée de Joux de Sylvain samedi.

Sébastien Aubert (à g.) et son frère cadet Sylvain ont grandi ensemble à la vallée de Joux. © Cala

Sébastien Aubert (à g.) et son frère cadet Sylvain ont grandi ensemble à la vallée de Joux.

La vie réserve parfois des surprises peu banales. Alors qu’ils n’avaient jamais joué l’un contre l’autre en championnat, Sylvain et Sébastien Aubert, qui ont vu leur parcours de hockeyeurs se séparer voilà plus de dix ans, se sont retrouvés en 1re ligue l’an dernier. Sylvain, 24 ans, sous les couleurs du HC Vallée de Joux et Sébastien, 26 ans, avec le maillot de Forward Morges. Cette année, l’aîné de la fratrie a rejoint le HC Yverdon et il s’apprêtait à jouer son premier derby nord-vaudois en match officiel, samedi à 20h15, contre son cadet. Mais, blessé, il manquera la rencontre. Alors qu’ils ont perdu leur plus fidèle supporter, leur grand-papa, à qui ils souhaitent rendre hommage, avant le début du championnat, les Combiers se sont prêtés au jeu de l’interview.

D’où vient votre passion pour le hockey?

Sébastien: Depuis tout petits, on allait à la patinoire avec notre papa, qui y jouait.

Sylvain: Dès qu’on a pu marcher, il nous a mis sur des patins (rires).

Quelle place occupe le hockey dans votre vie?

Sébastien: Ça permet de se changer les idées après le travail, d’avoir des relations: tous mes amis font du hockey. Sur la glace, tu profites, tu fais ton match et après tu vas boire un verre avec tes potes. Si je n’avais pas le hockey, je ne sais pas ce que je ferais.

Sylvain: Tu revois les mêmes têtes toute la semaine et tu as envie de retourner à la patinoire pour les voir. Ça me permet aussi de me défouler et de penser à autre chose.

Sébastien, vous avez commencé le hockey à la vallée de Joux avant de le poursuivre au LHC en juniors. Vous avez choisi de suivre la filière du sport de haut niveau.

Sébastien: J’y suis allé dans l’optique de jouer un jour en Ligue nationale. J’ai eu ma chance, mais, à un moment donné, il a fallu faire un choix entre le hockey et la formation professionnelle et j’ai misé sur cette dernière. Je ne sais pas ce qu’il se serait passé si j’avais fait le contraire et on ne le saura jamais.

Que conservez-vous de cette expérience?

Sébastien: C’était beaucoup d’investissement. Comme j’étais au centre de sport-études, ma vie était un peu différente de tous les autres jeunes qui rentraient chez eux le soir en famille. Je suis arrivé là-bas à 16 ans et j’en suis reparti à 20 ans, c’est quand même quatre années importantes dans l’adolescence. J’ai tout vécu avec mon collègue de chambre Rémy Rimann (réd: actuellement joueur au HC Red Ice). J’en garde de très bons souvenirs, je n’ai aucun regret. Cela m’a fait mûrir de partir aussi tôt de la maison.

Sylvain, à l’inverse, vous avez choisi de rester à la Vallée, alors que vous auriez également pu tenter l’expérience. Pourquoi?

Sylvain: J’ai été pris pour jouer en sélection, j’ai fait deux ou trois tournois, mais ça ne me plaisait pas. C’était beaucoup trop strict pour moi. Je n’aimais pas ce côté structuré: à 14h, tu dois être là, à 16h15, tu dois avoir les patins attachés. J’allais là-bas pour le plaisir et je n’en ai pas trouvé. J’ai donc préféré rester avec mes copains.

Vous évoluez désormais avec deux maillots différents, celui du HC Yverdon et celui du HC Vallée de Joux. Chaque match entre ces équipes est un derby, comment vivez-vous cette rivalité sur la glace?

Sylvain: En tant que joueur, que ce soit Yverdon ou n’importe quelle équipe, je ne me pose pas la question.

Sébastien: Sur la glace tu veux toujours gagner. Après, les histoires de derby, c’est surtout dans les gradins que ça se passe. Quand on est sur la glace tous les deux, on trouve toujours un mot à se dire, une plaisanterie. On fait la part des choses, on est là pour prendre du plaisir. Ce n’est pas non plus un Berne – Gottéron en LNA.

Est-ce que vous abordez le match différemment lorsque vous jouez l’un contre l’autre?

Sylvain: Les premières fois, oui, c’est un peu spécial. Avec le temps, on s’habitue.

Sébastien: C’est surtout spécial pour les parents. Au moins, ils sont certains d’avoir un vainqueur à la fin du match.

Hésitez-vous à charger votre frère?

Sylvain: Non. Si c’est correct, ça fait partie du jeu. Après, c’est clair que si ça chauffe sur la glace, on ne va pas commencer à se taper dessus. On en prendra un autre (rires).

Sébastien: Sur le moment, tu ne vois pas toujours qui tu as en face. L’an dernier, Sylvain m’a chargé à la ligne bleue et on n’a rien vu. Il m’a fait voir les étoiles, mais ça fait partie du jeu.

Est-ce qu’un jour, on pourrait vous retrouver sous le même maillot?

Sylvain: C’est possible, peut-être qu’un jour Sébastien remontera à la Vallée ou que je descendrai jouer en plaine. Il y a quelques années, on avait fait un match ensemble contre l’équipe de Suisse féminine.

Sébastien: Actuellement, je n’étais pas prêt à revenir à la Vallée, parce que ma vie est en bas. Pendant trois ans, avant le sport-études, j’ai fait les allers-retours jusqu’à Lausanne pour les entraînements. Tout le monde me dit que Le Sentier n’est pas beaucoup plus loin qu’Yverdon, mais ça l’est quand même. Yverdon, j’y suis en vingt minutes, alors que la Vallée, l’été, c’est 45 minutes de route, mais l’hiver, avec le col et la neige, c’est facilement 1h15. Et tu n’y vas pas qu’une fois par semaine, mais quatre ou cinq.

Est-ce que cela vous manque de ne pas jouer ensemble?

Sébastien: On était tellement jeunes, je ne me rends pas bien compte de comment c’était. Je ne sais pas si on peut dire que ça me manque, mais je serais curieux de voir ce que ça donne. J’aimerais bien voir mon frère dans le vestiaire, savoir comment il prépare un match.

Sylvain: C’est vrai que ça doit être bien différent de quand on était gosses. On verra bien, peut-être qu’un jour, on jouera en vétérans tous les deux!

Sébastien Cala