A l’occasion de la Toussaint, le Centre funéraire a accueilli Edmond Pittet, expert dans l’accompagnement des familles en deuil.
La société évolue, et avec elle les rites. Le deuil, toujours difficile à vivre, exige beaucoup d’écoute et de sensibilité de la part ceux qui doivent accompagner les proches. Pour que le choc de la séparation se transforme peu à peu en souvenir.
C’est ce passage particulièrement délicat qui a constitué le fil rouge de la conférence d’Edmond Pittet, entrepreneur en pompes funèbres, et coauteur, avec Patrice Rossel, de La mort oubliée, vendredi au Centre funéraire. Cet événement a été mis sur pied par le Service de la sécurité publique de la Ville, qui est aussi en charge du Centre funéraire.
A la mémoire du municipal
En préambule à cette intervention, et au lendemain du décès du municipal Jean-Claude Ruchet, son collègue Christian Weiler a invité l’assemblée à se lever et à respecter une minute de silence en hommage à l’ancien chef du dicastère de la jeunesse et de la cohésion sociale (Jecos).
A l’image de la société
«L’accompagnement des familles a presque changé du tout au tout», a d’emblée précisé Edmond Pittet, fort de près d’un demi-siècle d’expérience dans l’accompagnement. Car dans sa conception, l’entrepreneur en pompes funèbres ne se limite pas à l’organisation des obsèques. Plus qu’hier, il faut consacrer du temps à l’écoute de la famille du défunt, «car on n’apprivoise pas la mort».
Tout en délicatesse
Par une foule d’exemples délicatement illustrés, il a montré la préparation du défunt, en soulignant que dans les échanges avec les proches, le vocabulaire a son importance. Des mots tels «le corps» ou «la dépouille» sont proscrits dans ces circonstances.
Il a aussi parlé de la thanatopraxie, qui a pour but la conservation et la reconstruction. Dix pourcents des personnes succombent en effet de mort violente (suicide et accident).
De l’épreuve au souvenir
Lors du décès d’un proche et au moment de la séparation apparaissent ce qu’on appellera pudiquement «les secrets de famille». Le dialogue avec les membres de la famille, par exemple avec un fils qui ne parlait plus à son père, permet parfois de s’engager dans un chemin d’apaisement. Et dans ce contexte, un rituel, aussi simple soit-il, peut aider.
Et puis après l’au revoir, avec ou sans cérémonie, il faut encore affronter le chapelet des démarches administratives. C’est dire qu’à toutes les étapes, l’accompagnement a un sens.
Espaces nécessaires au recueillement
Si le taux de mortalité sur dix ans reste stable (0,9% de la population), la forme du départ a considérablement évolué. Très en avance sur la France et l’Italie (5%), la crémation concernait 60% des personnes décédées en Suisse en 1978. Cette proportion est montée à 90%, les inhumations se réduisant à un petit 10%. Du Jardin du souvenir, même à un point fixe du Léman, à la maison, en passant par le cimetière, la conservation de l’urne est du ressort des familles. Faut-il alors garder les cimetières? Oui, affirme Edmond Pittet.
Cérémonie commune au cimetière
En préambule à la conférence d’Edmond Pittet, le municipal Christian Weiler, qui dans le cadre de sa formation d’infirmier avait eu le privilège de faire un stage avec Edmond Pittet, est revenu sur l’expérience de biodiversité au cimetière, qui avait «suscité beaucoup d’émotion». Il s’en est excusé auprès des personnes présentes, relevant qu’à l’avenir, il y aurait quelques points réservés à cette évolution, mais pas de grandes surfaces en jachère.
Il a également expliqué que ce sont les travaux à venir de la réfection de la tour des Gardes qui ont justifié la réflexion au terme de laquelle la Municipalité a décidé de déplacer le monument aux morts du pied du château au cimetière, près de celui du Souvenir français. La cérémonie du 1er Août était réalisée «en catimini». A l’avenir, et pour la première fois le 24 novembre à 11h, il y aura une cérémonie commune au cimetière, en présence de la vice-consule de France en Suisse et de hauts gradés suisses et français.