Logo

Le diacre de Chastavel séduit ses brebis

14 novembre 2014

L’homme de foi le plus célèbre de Romandie était de passage à L’Echandole.

Didier Charlet, alias le diacre de la cure de Chastavel. DR

Didier Charlet, alias le diacre de la cure de Chastavel.

Forcément, l’annonce de la venue, en fin de semaine dernière, à Yverdon-les-Bains, du désormais célèbre diacre de la cure de Chastavel -village situé quelque part dans une enclave vaudoise en terres fribourgeoises, mais, surtout, dans l’imaginaire du comédien Didier Charlet qui incarne l’homme de foi sur scène- avait de quoi susciter notre intérêt.

D’abord parce que le personnage, créé, en 2001, sur les planches du caveau de l’Hôtel de Ville de Lausanne pour le compte de la troupe d’improvisation Avracavabrac, a acquis le statut de véritable phénomène depuis ses passages aussi ponctuels que remarqués aux côtés des deux Vincent (Veillon et Kucholl) dans l’émission radiophonique 120 secondes.

Et, surtout, parce que l’exercice de la mue du format radio à celui des planches étant des plus délicats -plusieurs en ont fait les frais-, cette seule prise de risque justifiait, à elle seule, largement le déplacement. Et nous n’avons pas été déçus.

Rires jaunes

Programme de la cérémonie, paroles des chants, références bibliques par ordre d’apparition, crucifix géant sur scène, orgue: dès l’entrée dans la salle de L’Echandole, tout était fait pour coller au plus près à l’ambiance si particulière de ce genre de cérémonie religieuse.

Trop peut-être. Puisque toutes ses similitudes, paradoxalement, ont à la fois eu pour effet, tant de venir soutenir le discours du diacre, chrétien évangéliste, emprunt d’amour en surface, mais outrageusement raciste, homophobe, machiste et fasciste dans le fond, que de renforcer le léger malaise qui, par instants, s’est fait sentir dans l’assemblée. Parce que, forcément, rire à gorge déployée d’une fiction et, finalement, réaliser que, hélas, elle ressemble parfois à la réalité n’est pas de tout repos. Mais c’était bien là, à n’en point douter, la mission sacrée du diacre.

Raphaël Muriset