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Le dossier de la Tour Saint-Martin s’enlise

15 mai 2014

Le chef de service du patrimoine et les communes de Chêne-Pâquier et Molondin ont des vues divergentes sur la Tour Saint-Martin.

Guy-Cyrille Jaquier, syndic de Chêne-Pâquier et Alexandre Correvon, syndic de Molondin (en contrebas) arpentent les escaliers jugés trop dangereux par le Canton.

Guy-Cyrille Jaquier, syndic de Chêne-Pâquier et Alexandre Correvon, syndic de Molondin (en contrebas) arpentent les escaliers jugés trop dangereux par le Canton.

La rencontre des autorités communales de Chêne- Pâquier et Molondin avec le Canton n’a pas permis de trouver un accord sur l’avenir de la Tour Saint-Martin. Fermé au public sur décision cantonale suite à une plainte concernant la dangerosité de l’escalier qui y mène (La Région du 9 octobre 2013), cet édifice de 17 mètres offrant un magnifique panorama sur la région ne devrait pas être officiellement accessible de sitôt.

«Le chef de service du patrimoine Philippe Pont nous a directement proposé de nous céder la Tour. Nous avons refusé car cela demande un entretien régulier. Nous ne souhaitons pas avoir à assumer les frais sans avoir grand-chose à dire pour le suivi», indique Alexandre Correvon, syndic de Molondin.

Les représentants des communes ne cachent pas que la solution soumise par le chef de service du patrimoine les a surpris, voire choqué. «On a le sentiment que le Canton, qui a acquis la Tour Saint- Martin au début du siècle dernier dans le but de la sauvegarder, nous refile la patate chaude», relève Alexandre Correvon. Son homologue Guy-Cyrille Jaquier, syndic de Chêne-Pâquier, abonde : «Nous avons l’impression que Philippe Pont est venu nous voir avec l’intention de se débarrasser de la Tour en nous soumettant un prix.» Tous deux auraient espéré un autre scénario. «Nous avions envisagé une discussion autour d’une table débouchant sur la répartition du financement nécessaire à la sécurisation du site, une opération dont le coût est estimé à 100-150 000 francs.»

L’alternative consistant à créer une association n’est, à l’heure actuelle, pas une option privilégiée. «Il y en a un certain nombre dans la région. Bien souvent, elles s’essoufflent avec les années », observe le syndic de Chêne-Pâquier.

L’incrédulité et la stupeur consécutives à la proposition de Philippe Pont cèdent la place à une remobilisation. «Nous avons créé un comité regroupant les deux communes. Nous nous voyons régulièrement. Le but est d’essayer de remonter à Lausanne pour renouer le dialogue, avec le soutien de députés de la région », indique Guy-Cyrille Jaquier.

Il précise qu’un courrier préalable n’a pas eu l’écho espéré auprès du Canton. «Nous avons sollicité une rencontre avec Philippe Pont, l’inspecteur forestier Pierre Cherbuin et l’archéologue cantonal Nicole Pousaz. En résumé, on nous a répondu qu’on prenait acte et qu’une porte allait être posée.» Au vu du sort réservé aux systèmes de fermeture précédents (lire encadré), la future installation empêchant l’accès à la Tour Saint-Martin devrait être d’un tout autre acabit, soit en acier ou même blindé selon les prédictions des représentants communaux. Ces derniers exhortent la population à se responsabiliser pour ne pas mettre à mal la nouvelle structure dans l’attente qu’une solution soit trouvée entre les différents acteurs.

A noter que, malgré nos tentatives, Philippe Pont n’a pas pu être contacté hier.

 

Jamais vraiment fermée

Depuis la décision de la fermeture de son accès au public l’été dernier, la Tour Saint-Martin a bénéficié d’un soutien dont l’ampleur surprend ses défenseurs de la première heure. Sur sa page Facebook «Non à la fermeture de la Tour Saint-Martin», qui comptabilise un peu moins de 2000 mentions «j’aime», Isabelle Vallon a pu prendre la mesure du lien affectif qu’ont de nombreuses personnes envers cet édifice. Sur les lieux, le cadre et la porte en bois destinés à empêcher d’y monter sont posés contre le mur, au pied des escaliers. «Je crois que la Tour n’a jamais été fermée plus de 24h. Il y a toujours eu quelqu’un pour couper le cadenas», indique la jeune femme.

Jusqu’à ce jour, les habitants de la région, mais aussi des visiteurs venus de beaucoup plus loin à la ronde, montaient sur la Tour Saint-Martin par l’escalier métallique raide à l’origine de la décision du Canton.

Sans s’opposer à la nécessité de le remplacer par une installation plus sécurisée, les représentants des communes ne cachent pas que les réctions de certains habitants sont plutôt vives.

Les autorités communales promettent de ne pas lâcher le dossier, d’autant que le site a été dernièrement valorisé par divers aménagements.

Ludovic Pillonel