Le frelon asiatique est une espèce invasive qui présente, au-delà d’un danger potentiel pour la population, un risque évident pour la biodiversité. La lutte s’organise.
Il y a un peu plus de deux semaines, un nid de frelons asiatiques a été trouvé dans une cabane de jeux pour enfants sur le territoire de la commune de Tévenon. La Commune a réagi et un tout-ménage informatif a été envoyé la semaine dernière à la population. Il faut dire que l’insecte en question, le frelon asiatique (Vespa velutina), n’a rien d’un ajout réjouissant à la faune locale.
Importé involontairement de Chine vers l’Europe, il a été aperçu pour la première fois à Bordeaux (F) en 2004. «Il est extrêmement prolifique et n’a quasiment pas de prédateurs, explique Michel Ulmann, apiculteur à Yvonand et coordinateur régional pour la lutte contre le frelon asiatique. Il s’agit de combattre sa prolifération car l’éradiquer s’avère quasiment impossible. Il faut limiter les dégâts et son expansion.»
Intervention au bon moment
A Villars-Burquin, il s’agissait d’un nid primaire (lire l’encadré ci-contre), avec une reine, et six à dix cellules dans lesquelles elle avait commencé à pondre. «C’était le moment idéal pour intervenir, détaille Michel Ulmann, qui a mené l’intervention, car la reine n’est pas farouche à cette période de l’année et ne se nourrit que de sucre. Elle est la seule à survivre à l’hiver, au printemps elle construit le nid puis pond. Ensuite dès que les ouvrières naissent, celles-ci recherchent des protéines pour nourrir les larves, et s’attaquent alors à d’autres insectes.
Abeilles ciblées
Le risque pour la biodiversité s’articule autour du fait que les abeilles deviennent de la nourriture pour les frelons asiatiques. Les ruches représentent alors une sorte de garde-manger pour ces frelons, qui attaquent souvent à plusieurs, attrapent les abeilles au moment de l’envol ou même en plein vol. Les abeilles peuvent alors avoir peur de sortir. Pire, les frelons peuvent s’introduire dans la ruche et tout saccager, ce qui met en danger l’avenir même de la ruche.
Il s’agit là d’un risque pour la biodiversité dans le sens où les abeilles jouent un rôle majeur dans la pollinisation de multiples plantes. «Actuellement, la lutte est surtout menée par les sociétés d’apiculture, note encore Michel Ulmann, et on souhaiterait que le soutien des autorités soit plus conséquent.»
Comment réagir?
Si on pense être en présence de cet animal, il faut le signaler sur le site dédié www.frelon asiatique.ch. Il est recommandé également de prendre une photo de l’insecte et de l’envoyer. Une docteure en biologie la réceptionnera et pourra confirmer ou non qu’il s’agit bien d’un Vespa velutina. Ensuite, l’information sera envoyée à un coordinateur local qui évaluera la situation et qui enverra les personnes formées en conséquence pour gérer le cas sur le terrain.
La prise de conscience commence à se faire et le nombre de signalements augmente significativement depuis quelques années dans nos régions. Les bords du Léman ont notamment représenté une zone rapidement colonisée.
La problématique des nids
Les frelons asiatiques ont la particularité de construire deux nids. Un nid primaire et, dans une deuxième phase, un nid secondaire, plus important, pouvant contenir plusieurs milliers d’individus.
Les nids primaires s’installent entre le sol et une hauteur raisonnable, parfois sous un pan de toit ou dans une place de jeux. Sa taille, dans une haie par exemple, peut parfois atteindre celle d’un ballon de football. Il s’agit de se montrer prudent lorsque l’on effectue des travaux de taille.
Les nids secondaires, eux, sont le plus souvent installés dans la canopée des grands arbres, entre 15 et 30 mètres de hauteur. Il est toutefois possible d’en trouver, dans de rares cas, au sol (dans des ronces ou sous un toit à l’intérieur d’une maison). Pour venir à bout de ce genre de nids secondaires, l’intervention s’effectue plutôt en août ou en septembre et demande du temps, des gens particulièrement bien formés et du matériel télescopique dédié. Il faut intervenir au lever du jour.
A quels dangers s’expose-t-on en présence d’un nid de frelons asiatiques? Si l’on s’approche des nids et que l’on crée ainsi des vibrations, on peut s’exposer à des piqûres multiples. «Une piqûre esseulée reste désagréable et s’avère un peu plus douloureuse qu’une piqûre de guêpe, détaille Michel Ulmann, apiculteur à Yvonand. Mais si les piqûres sont multiples, alors une hospitalisation sera nécessaire et dans certains cas, la vie de la personne touchée peut être mise en danger.»
Au niveau politique, la Direction générale de l’environnement (DGE) va reconduire et renforcer, pour quatre ans, le mandat du professeur Daniel Cherix, spécialiste reconnu, afin d’assurer le suivi général de la progression de l’espèce. La DGE a également prévu d’engager plusieurs dizaines de milliers de francs pour la formation de spécialistes et l’achat de matériel nécessaire à la recherche et la destruction de nids.