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Le Gamyr veut étendre sa toile
Le comité du Gamyr avec Thérèse Aubert, Céline Ehrwein, Frédérique Böhi et Julien Wicki. Manque sur la photo: Francine Sacco.

Le Gamyr veut étendre sa toile

30 mars 2022

En soutien aux réfugiés depuis cinq ans, le Groupe Asile et Migration d’Yverdon et Région (Gamyr) cherche à renforcer les liens entre migrants et citoyens.

Né d’une crise, il y a tout juste cinq ans, le Gamyr fêtera son anniversaire au plein milieu d’un autre drame humain: la guerre en Ukraine. Aujourd’hui plus que jamais, ses actions pour favoriser l’accueil et l’intégration des réfugiés en Suisse prennent tout leur sens et résonnent dans le Nord vaudois. Face à une telle actualité, l’association invite le public à s’informer et à discuter des enjeux qui l’attendent, lundi à 19h30, au château d’Yverdon.

Même si le Gamyr rêverait de pouvoir faire bien plus que cela, il doit limiter son ardeur afin d’éviter de s’éparpiller. Car parfois, multiplier les actions réduit l’efficacité. «Il faut une coordination des démarches. Pour l’instant, on veut mettre en lumière le réseau existant», souligne Céline Ehrwein, membre du comité du Gamyr. En effet, l’association s’efforce depuis des années de travailler avec tous les acteurs de la migration afin d’épauler, de soutenir et d’encadrer les personnes arrachées de leur cocon avant d’être propulsées à des milliers de kilomètres de chez elles, et en l’occurrence dans le Nord vaudois.

Les réfugiés auront évidemment besoin d’un toit, de nourriture et de biens de première nécessité. Mais comme tous les migrants, ils chercheront aussi à tisser des liens, car le bien-être ne se résume pas à du matériel. Et là, le Gamyr peut offrir un soutien à travers l’Action-Parrainages qu’il porte dans la région.

Ce programme vise à mettre en relation des migrants et des personnes d’ici. Ces dernières peuvent apporter un précieux coup de main de plusieurs façons, en proposant une aide juridique dans certaines situations, en encadrant un mineur non accompagné, en épaulant un jeune migrant qui veut entrer dans la vie active ou, simplement, en tissant des liens.

D’ailleurs, ce dernier volet est le plus sollicité et, aussi, le plus accessible. Car les parrains-marraines expliquent leur façon de vivre, échangent et aident les migrants à apprendre le français. «L’idée est de construire une bonne relation de voisinage. On n’a pas besoin de devenir amis, mais simplement de se rencontrer et de discuter, idéalement tous les quinze jours environ», relève Thérèse Aubert, responsable de l’Action-Parrainages dans le Nord vaudois.

«C’est typiquement le genre de choses que tout le monde peut faire, car cela ne demande aucune connaissance spécifique hormis une compétence humaine, car il faut seulement mettre à disposition un peu de temps et de l’écoute», rassure Céline Ehrwein, qui encourage tous les Nord-Vaudois intéressés à prendre contact avec le Gamyr. «On ne jette pas les parrains-marraines dans le bain comme ça. Il y a tout un processus avant d’entrer dans le programme, afin d’expliquer le concept et d’évoquer les envies de chacun. Le but est de former le bon binôme en fonction des intérêts des uns et des autres, prévient Thérèse Aubert. Ensuite, il y a aussi des rencontres entre les parrains-marraines pour échanger sur leurs expériences, leurs doutes. On peut aussi développer des thèmes en lien avec la migration.»

Le concept est éprouvé et approuvé. Mais il a subi les affres du Covid. «Je reçois régulièrement des demandes de la part des migrants, mais depuis plusieurs mois, je n’ai plus assez de bénévoles. Je sens qu’il y a eu un essoufflement avec le Covid, s’inquiète Thérèse Aubert. A l’heure actuelle, j’ai déjà entre dix et quinze personnes sur une liste d’attente.» Et de lancer un appel du fond du cœur: «Depuis deux ans, je cherche désespérément une famille nord-vaudoise qui serait prête à échanger avec un couple de migrants et ses quatre enfants âgés de 2 à 13 ans. Ils sont fantastiques et ont envie de tisser des liens.»

Et la présidente du Gamyr, Frédérique Böhi, de rappeler un point essentiel: «C’est un échange qui va dans les deux sens. On donne, mais on reçoit aussi beaucoup. Personnellement, la famille que j’avais parrainée m’a apporté bien plus que ce que j’ai pu lui offrir. Ce sont des gens qui ont envie d’être là, envie d’apprendre. Ces moments de partage sont très généreux.»

 

Appel aux motivés

 

Le Gamyr cherche des parrains-marraines, mais aussi de nouveaux membres pour rejoindre le comité et apporter des idées fraîches. «Il nous manque quelques forces vives pour initier de nouveaux projets, surtout dans le domaine informatique», note Julien Wicki.
Contact: info.gamyr@gmail.com

 

Un seul objectif: rassembler pour rayonner

 

Pour comprendre l’histoire du Gamyr, il faut remonter dans le temps, en 2015. A cette époque, face aux horreurs de la crise syrienne, un mouvement citoyen s’est créé: l’Appel d’Yverdon. En urgence, il est notamment intervenu pour la réouverture du Gîte du Passant, mis à disposition de la Ville pour accueillir plus d’une quarantaine de requérants d’asile. Mais son véritable objectif a toujours été de créer des liens entre les réfugiés et la population locale, tout en présentant les différentes associations actives dans le domaine.

Pour pérenniser ses actions, un comité s’est formé et a lancé, en février 2017, le Groupe Asile et Migration d’Yverdon et Région (Gamyr). La vision est restée la même. «On sentait qu’il y avait le terreau, la structure et l’énergie pour mener des actions en faveur des migrants», raconte Julien Wicki, membre du Gamyr et initiateur de l’Appel d’Yverdon.

Aujourd’hui encore, l’association vise trois objectifs: diffuser des informations sur l’asile et la migration, sensibiliser la population sur ces thématiques et soutenir des actions concrètes. Mais aussi et surtout elle veut rassembler les différents acteurs pour optimiser leur champ d’action.

Depuis 2017, le Gamyr a usé de ses contacts et de son influence pour monter un réseau et des projets. Il a notamment lancé le concept de «Parents référents», en collaboration avec le secteur Intégration de la Ville d’Yverdon. Parti d’un petit projet, il est devenu un outil utile et institutionnalisé au sein des établissements primaires de la Cité thermale depuis peu.

Concrètement, cette mesure permet à tous les parents d’avoir une personne de contact à qui poser des questions dans leur langue maternelle (douze langues différentes actuellement). Celles et ceux qui ne comprennent pas le fonctionnement de l’école, des devoirs ou, plus simplement, le français, trouvent ainsi une réponse facilement. Car la barrière de la langue n’est pas la seule embûche, les différences culturelles troublent aussi la bonne compréhension.

Autre programme phare: la culture. Car les réfugiés n’ont pas que leur estomac à nourrir, leur esprit aussi. Pour cela, le Gamyr a créé «Ensemble au Théâtre». Avec les acteurs culturels locaux et la Ville d’Yverdon, le comité identifie des spectacles susceptibles d’intéresser les réfugiés et dénichent des billets gratuits pour eux. Idem pour le sport. Les clubs du cru sont toujours prêts à aider des jeunes.

Mais le grand projet du Gamyr reste l’Action -Parrainages (lire ci-dessus).

Infos pratiques

 

Quoi? Une soirée d’information et de discussion autour du thème «Agir pour les réfugiés d’Ukraine: quelles pistes?».

Quand? Lundi 4 avril, dès 19h30.

Où? Au château d’Yverdon, dans la salle de l’Aula Magna.

Programme:
– Dès 19h30, stands des associations actives en faveur des réfugiés, vente de pains et de pâtisseries par les jeunes de la région en faveur de l’Ukraine.
– Dès 20h, témoignages d’Oksana Kornelyuk, artiste ukrainienne.
– Dès 20h15, table ronde «Agir concrètement pour les réfugiés, quelles pistes?».

Christelle Maillard